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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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laquelle la rivalité des deux Grands, par elle-même, serait nocive. Le Général répond avec humour :
    GdG : « En ce qui concerne votre rivalité avec les États-Unis, jevous dirai que nous aimerions mieux être aussi puissants que les États-Unis et que la Russie soviétique. Leur rivalité nous intéresserait et nous inquiéterait alors beaucoup moins. Mais il faut prendre les choses comme elles sont. Nous ne voyons pas d'inconvénient à votre puissance, car sans elle, nous serions exposés à une hégémonie irrésistible des États-Unis. De même, nous ne voyons pas d'inconvénient à la puissance des États-Unis, sans laquelle nous serions probablement exposés à l'hégémonie soviétique. Nous ne sommes donc fâchés ni de votre puissance, ni de la puissance américaine. »
    Ce à quoi Brejnev n'oppose que des propos de propagande : « Nous sommes pacifiques, partisans de la non-ingérence et de la coexistence. Les États-Unis pratiquent une intervention grossière dans les affaires d'autrui. C'est une différence essentielle. »
    Kossyguine, muet depuis le début de l'entretien, s'aperçoit qu'entre Brejnev et de Gaulle cela risque de bloquer. Il intervient, sortant des principes pour entrer dans le domaine de l'action et du progressif : « Nous croyons qu'il est de notre intérêt de résoudre ce problème européen par d'autres moyens qui commencent à apparaître en Europe. On pourrait trouver une solution dans une coopération plus étroite entre Européens, là où les intérêts des États-Unis ne sont ni décisifs ni prépondérants. Les moyens d'y parvenir trouvent un exemple dans nos relations avec votre pays. Une coopération répondrait à l'intérêt de la France comme de l'Italie, de la Finlande, de la Suède, du Danemark et d'autres pays. Elle placerait dans une situation embarrassante ceux qui ne veulent pas d'une vraie détente.
    GdG. — C'est exactement ce que je pense. Ce qui existe déjà, il nous faut l'organiser et l'étendre, en n'excluant pas la participation d'autres pays comme ceux que vous avez cités, mais aussi en y incluant l'Allemagne. Il est capital de mettre à l'ordre du jour un développement économique commun, qui peut être un lien pratique et peut créer entre les pays d'Europe des intérêts et une compréhension tels qu'un problème comme le problème allemand apparaisse comme de moins en moins dangereux, si nous sommes unis dans notre manière de vivre. »

    « Nous parlerons de briquets, mais aussi de politique »
    Conseil du 12 octobre 1966.
    Retour de Russie, j'expose au Conseil le résultat de mes entretiens sur les différents sujets de notre coopération. Je parle du SECAM, de l'accélérateur de particules franco-russe de Serpoukhov, de notre chambre à bulles Mirabelle 4 . Puis j'élargis lepropos : les circonstances sont favorables, les Russes souhaitant développer notre coopération, non seulement dans toutes les recherches appliquées, mais aussi dans le domaine de la production.
    GdG (en guise de conclusion) : « Nous ne ferons rien avec les Russes, comme avec les autres, si nous ne sommes pas capables de faire quelque chose sans eux. »
    Couve prolonge mon propos sur la question du commerce extérieur. Il souligne que les Russes sont très demandeurs. C'est l' occasion de pousser nos administrations et nos industriels à commercer avec la Russie.
    Le Général jubile : « Le moment est venu de vouloir. »

    Conseil restreint, 25 novembre 1966.
    Nouvelle suite de ces nouveaux rapports : la visite de Kossyguine en France. Le Général arrête les questions de politique internationale qui seront abordées : le Vietnam ; la conférence européenne sur la sécurité, avec le problème non résolu de la participation de l'Allemagne de l'Est ; la dissémination des armes atomiques ; l'Autriche et son association au Marché commun ; l'entrée de l'URSS au Fonds monétaire international. Je détends l'atmosphère en racontant une anecdote qui me paraît symbolique :
    AP : « Il faudrait remédier au déséquilibre des échanges commerciaux. Mais nous nous heurtons à des blocages culturels. Par exemple, lors d'une réunion de la Commission mixte franco-soviétique, je leur avais suggéré de nous acheter une usine clés en main de briquets jetables. Ma proposition les a plongés dans la stupeur. Ils ont répondu le lendemain qu'ils ne pouvaient pas adhérer à une attitude qui consiste à jeter un objet usuel, alors qu'ils ont enseigné depuis cinquante ans

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