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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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nouvelle disposition du gouvernement allemand. Les résultats pratiques seront longs à cueillir, mais ça commence. »
    La « nouvelle disposition du gouvernement allemand » ? Aujourd'hui devant le Conseil, comme en tête à tête le 5 décembre, les Allemands occupent sa pensée quand il parle aux Russes. Vis-à-vis des uns comme des autres, il s'est fait patient professeur de détente. À la Sorbonne, Kossyguine a été mauvais élève. Il finira bien par apprendre. Le Général ne joue pas la Russie contre l'Allemagne. Mais il n'exclut pas, en faisant quelques pas vers les Russes, de faire bouger les Allemands. Erhard a « désappointé » de Gaulle ? Les bonnes manières de Kossyguine sont du meilleur effet pour un rapprochement Paris-Bonn. Mais ce jeu qui a les apparences du jeu de taquin, n'a pour règle que les intérêts de la paix.

    Malraux : « On peut envoyer Grenoble à Moscou, mais pas Moscou à Grenoble »
    Conseil du 13 mars 1968.
    Enjambons les limites chronologiques de cette partie, pour terminer par la vision de l'URSS que nous ramène André Malraux.
    Comme d'habitude, il nous fascine.
    Malraux : « On parle beaucoup, depuis la mort de Staline, d'américanisation de la Russie, mais ce n'est vrai que superficiellement.
    « Par exemple, que vaut la liberté en URSS ? La terreur a disparu, mais la police secrète reste entièrement en place. On parle plus aisément, on peut même dire qu'on n'est pas d'accord avec le régime. Mais l'appareil est toujours présent, toujours disponible.
    « Le Parti ? On le dit affaibli. Mais il est plus monolithique et plus rigide que jamais. Chez les satellites, il y a des oppositions, qui sont nationales. Il n'y en a pas en URSS.
    « Les dirigeants veulent entraîner le pays sur deux axes d'effort : la construction et la défense. Mais le pays pense à consommer, et pour la consommation, c'est maigre.
    « Les Russes ne se sentent plus menacés par personne. C'est nouveau dans leur histoire. Mais dans ce contexte foncièrement changé, les moyens d'autrefois restent en place et ils sont plus puissants que jamais.
    « La culture ? On m'a parlé d'échanges entre maisons de la culture. Mais leurs maisons de la culture sont des maisons de pédagogie. Ce n'est pas sérieux. Alors, on peut envoyer Grenoble à Moscou, mais pas Moscou à Grenoble 5 . »
    Cette impossibilité était bien connue à l'Est. Fouchet nous raconta après un voyage officiel en Hongrie, en mai 1966, qu'un de ses interlocuteurs lui avait confié : « Malraux a raison de dire : "La Russie apporte la culture à tout le monde, mais la France l'apporte à chacun." »
    1 Dans le vocabulaire gaullien, les grandes causes, les grandes entreprises.
    2 Jusqu'à la sortie de l'OTAN, c'est-à-dire à la veille de la visite officielle en URSS, la presse moscovite présentait encore de Gaulle comme un « général factieux », « suppôt du capitalisme », « valet de l'impérialisme américain ».
    3 Voir supra, II e partie, ch. 10.
    4 Voir supra , II e partie, ch. 10, p. 153.
    5 Grenoble où Malraux vient d'ouvrir une grande maison de la culture.

Chapitre 4
    « PARIS-MADRID, CELA FAIT UN AXE DE PLUS »
    Conseil du 19 octobre 1966.
    Je reviens d'Espagne, où je suis allé conclure une affaire engagée par mon prédécesseur, Gaston Palewski : la vente d'une centrale nucléaire. À la fin de mon séjour, le « Généralissime » m'a aimablement reçu.

    À l'issue du Conseil, le Général m'interroge : « Quelle impression vous a-t-il faite ? Il est vraiment au courant d'affaires comme la centrale et la télévision en couleur ? »
    Sa curiosité n'est pas récente. J'en retrouve des traces dans mes notes.

    « L'Espagne veut sortir de son isolement, nous devons l'y aider »
    Au Conseil du 30 janvier 1963, le Général excuse les absents : « M. Frey est à Madrid. Paris-Madrid, cela fait un axe de plus ! (Ces jours-ci, les journaux parlent d'un "axe Paris-Bonn" ; mais il ne s'arrête pas à cette plaisanterie.)
    « L'Espagne est un grand pays endormi, mais il se réveillera. Il a gardé de la noblesse et de la grandeur. Nous avons tout avantage à reprendre des relations avec lui. Il veut sortir de son isolement. Nous devons l'y aider.
    « Les républicains et les franquistes se sont fait une guerre inexpiable. Mais un jour viendra où Franco ne sera plus là, où les anciens combattants des deux camps seront morts, où leurs enfants et leurs petits-enfants voudront se retrouver en paix. Fascisme, communisme,

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