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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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pratiques, mais qu'en réalité nous voulons jouer une nouvelle carte.
    GdG. — Vos commentateurs imaginent la politique avec des cartes. Alors ils croient que de Gaulle joue la carte chinoise, et puis la carte espagnole. En fait, il y a une réalité. Je la reconnais, comme j'ai reconnu la réalité chinoise. Franco se maintient depuis la guerre civile et il est plus fort que jamais. Je n'y peux rien, moi. Alors, il n'y a pas de raison que je ne tienne pas compte de cette réalité.
    AP. — Il va céder la place à la royauté, un jour ou l'autre ? Il va s'organiser pour ça ?
    GdG. — Il laissera sans doute la place à la royauté. Mais on ne sait jamais. Après lui, il y aura ce qu'il y aura 4 .
    AP. — Le jour où l'Espagne aurait surmonté les souvenirs de sa guerre civile, qu'est-ce qui s'opposerait à ce qu'elle entre dans le Marché commun ?
    GdG. — Ah, rien ! Seulement, à la condition que, économiquement, elle soit à la hauteur.
    AP. — À défaut de la faire entrer comme membre, on peut l' associer.
    GdG. — J'espère qu'on aboutira à quelque chose comme ça. Vous verrez, l'Espagne, dans dix ans, entrera complètement dans le Marché commun. »
    Il y faudra quand même vingt ans.

    Franco : « Ah, toujours le même petit Napoléon ! »
    Quelque choquant que cela puisse paraître à ceux qui n'ont pas été les contemporains de la sauvagerie réciproque de la guerre civile, de Gaulle ne tenait pas rigueur à Franco du rôle qu'il y avait joué. Entre la dictature fascisante qui l'avait emporté et la dictature communisante qui aurait pu l'emporter, il ne se croyait pas contraint de choisir. Par sa prudence pendant la guerre, Franco s'était acquis des mérites que le Général n'était pas homme à oublier. Plutôt que de le laisser en tête à tête avec les États-Unis, le Général cherchait à encourager sa rentrée en Europe. Et puis, pourquoi le cacher, pour de Gaulle, Franco avait été et restait un façonnier de l'Histoire. Pour le meilleur ou le pire, il portait une grande nation. Il était un membre du cercle étroit des grands. C'est ce que la France stupéfaite comprendra quand, libre de toute charge, pendant sa longue balade en Espagne en juin 1970, il fera visite à Franco, monument historique parmi les autres.

    Franco voulut tirer tout le parti possible de cette visite. Il tenait à emmener de Gaulle à l'Alcazar de Tolède, haut lieu de l'insurrection franquiste. Ç'aurait été comme une absolution. Le Général fit savoir son refus. L'offre fut renouvelée à notre ambassadeur, qui vint apporter la réponse du Général : second refus, poli mais ferme. Franco, tapant le sol du pied, s'écria : « Ah, toujours le même petit Napoléon ! »
    1 Julian Grimau, dirigeant du PC espagnol clandestin, a été condamné à mort et sera exécuté le 20 avril à Madrid. Les époux Rosenberg ont été exécutés en 1953 et Chessman en 1960, sous la présidence d'Eisenhower.
    2 Le 12 février 1941, à Bordighera, non loin de la frontière française.
    3 Le 14 février 1941.
    4 Le prince Juan Carlos sera désigné par Franco comme son successeur, le 22 juillet 1969, un an avant la visite du Général.

Chapitre 5
    « DANS LE PACIFIQUE, LA VOIE D'AVENIR, C'EST LA DÉPARTEMENTALISATION »
    Conseil du 16 mars 1966.
    Billotte revient d'une longue tournée dans tous les territoires du Pacifique — Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Wallis et Futuna, Nouvelles-Hébrides —, dont il brosse le tableau politique. « Nous avons depuis 1958 renversé un mouvement qui, dans l'esprit de la loi-cadre, devait conduire à l'indépendance. Mais si nous voulons garder ces populations, il ne faut pas les décevoir. En Nouvelle-Calédonie, il y a un véritable problème racial ; il faut faire en sorte que les autochtones soient traités comme des Français à part entière. Pour la Polynésie, il faut doubler le budget dès 1967. Partout, il faut s'orienter progressivement vers la départementalisation.

    « Pourquoi les îles Hawaï seraient-elles un des 50 Etats-Unis d'Amérique, et pourquoi nos îlots ne seraient-ils pas un des 100 départements français ? »
    GdG. — L'action que vous nous proposez de poursuivre, c'est-à-dire d'achever, pour aboutir à la départementalisation, c'est la voie d'avenir. Pourquoi les îles Hawaï seraient-elles un des 50 États-Unis d'Amérique, et pourquoi nos îlots ne seraient-ils pas un des 100 départements français ? Mais ça doit venir d'eux. C'est la solution de

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