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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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l'Université ? Il doit bien y avoir des chaires de polonais dans l'enseignement supérieur ?
    AP. — Jusqu'à ces dernières années, il y avait en France sept chaires d'enseignement de langue et littérature polonaises. Il n'y en a plus que trois aujourd'hui.
    GdG. — Vous avez un si gros budget que vous devriez pouvoir en distraire quelque peu pour organiser des échanges de professeurs ; vous devriez pouvoir envoyer des professeurs français en Pologne et recevoir en France des professeurs polonais.
    AP. — C'est réalisable. Mais ça n'ira pas loin. Il y aurait une façon efficace de lever l'obstacle de la faiblesse de l'enseignement polonais en France : ce serait d'accepter ce que nous demandent les Polonais, à savoir développer l'enseignement du polonais, au niveau du primaire et même du secondaire, dans les départements où il y a une forte communauté polonaise, comme le Nord et le Pas-de-Calais. Mais il y a sans doute un danger.
    GdG. — Naturellement, faites attention ! Si vous enseignez le polonais aux immigrés polonais, vous allez freiner leur assimilation ! Or, ce sont d'excellents éléments. Ils sont intelligents et travailleurs. Ils s'assimilent très facilement. À la génération suivante, on ne peut pas les distinguer. Nous ne pouvons pas payer les progrès du français en Pologne par des progrès du polonais en France qui feraient repartir les Polonais !
    AP. — D'autant que le gouvernement polonais fait une intense propagande dans la communauté polonaise en France pour les rapatrier en Pologne. J'ai été quelque temps consul de France à Cracovie. Il y avait 50 000 doubles nationaux inscrits au consulat. Ils étaient revenus en Pologne, croyant au paradis socialiste queleur décrivait la propagande polonaise en France. Ils ont été privés de leur passeport français dès leur entrée en Pologne et maintenant ils sont pris au piège : impossible de repartir.
    GdG. — Je ne savais pas. En tout cas, il vaut mieux éviter de faire quoi que ce soit qui puisse contrarier leur assimilation. En revanche, quels inconvénients y aurait-il à faire venir des musiciens polonais dans les conservatoires français, à commencer par celui de Paris ? Les Polonais sont meilleurs musiciens que nous. Ça ne nous coûterait pas grand-chose. Et ça flatterait les Polonais que nous fassions appel à des professeurs de musique de chez eux. »

    Jablonski : « Vous pouvez être sûr que tous les Polonais regardent leur Pape »
    Les conversations à Varsovie avec mon collègue polonais Jablonski ont été positives ; mais je n'ai pas été en mesure d'observer leur effet. Je n'ai revu cet interlocuteur que le 22 octobre 1978 à Rome. Nous étions assis côte à côte sur la place Saint-Pierre, représentant nos pays à l'« intronisation » du pape Jean-Paul II.
    Il était devenu entre-temps Président de la République. Il se penche vers moi : « En ce moment, le spectacle est retransmis en direct par la télévision polonaise. Vous pouvez être sûr que tous mes compatriotes regardent leur Pape. Ceux qui n'ont pas la télévision se seront arrangés pour aller chez des voisins. » Il ne bronche pas quand Jean-Paul II lance son audacieux appel aux peuples d'Europe de l'Est, pour qu'ils abattent le rideau de fer : « N'ayez pas peur ! Ouvrez toutes grandes les portes ! » Ni quand Jean-Paul II se lève pour relever le cardinal Wyszynski, le rude adversaire du gouvernement polonais qui, comme tous les autres cardinaux, est venu s'agenouiller devant le nouveau pontife.
    Quand Jean-Paul II se met à parler en polonais, Jablonski ne peut réprimer un sanglot. La fierté nationale, même chez un vieux communiste, l'emporte sur la prévention devant un « ennemi de classe ».

    « Nous nous rongions, parce que le gouvernement ne nous autorisait pas à prendre part aux combats »
    En vol, 6 septembre 1967.
    La Caravelle nous emporte vers la Pologne. Dès que l'avion a atteint son altitude de vol, le Général appelle Couve. Ils restent un long moment à travailler sur des textes. Notamment le communiqué final. (« Il faut toujours savoir comment on va finir avant de commencer », m'a dit un jour le Général.)
    À peine Couve a-t-il rejoint sa place près de moi, que le Général me fait venir. Pourquoi m'avait-il choisi en juin pour pallier l'absence de Couve, et pourquoi m'a-t-il maintenu en septembre alors que celui-ci est présent ? Je n'ose le lui demander, mais je suis bien décidé à le faire parler sur

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