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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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qu'État, pour l'évolution qui porte le Québec vers l'indépendance. Mais nous n'avons pas de raisons de nous en affliger, ni de faire croire que nous nous en affligeons, ni de la controverser.
    « Il faut nous préparer au contraire à un avenir prévisible, à plus ou moins longue échéance : l'indépendance du Québec. »
    Missoffe 3 signale que quatre cents familles d'agriculteurs rapatriés d'Algérie voudraient s'installer au Québec.
    GdG : « Cela ne présente pas d'inconvénients. Il ne faut pas s'y opposer, mais y aider si vous le pouvez. »
    Il serait hostile à ce que des pieds-noirs partent pour l'Argentine ou le Chili, ce qui serait « une perte de substance française 4 ». Mais il ne voit qu'avantage à ce qu'ils aillent renforcer la substance française du Canada.

    « Naturellement, pas un mot de tout ça »
    Après le Conseil, le Général reprend pour moi :
    « Cet État canadien français, étant donné qu'il est là où il est et comme il est, il est fort probable qu'il devra instituer une conjonction organique avec le Canada non français, c'est-à-dire à la fois avec le Canada anglais et avec toutes ces terres vierges dont a parlé Malraux et qui devraient être en quelque sorte une terre de colonisation commune aux Canadiens anglais et français. Cette conjonction, nous n'y sommes évidemment pas défavorables.
    « Le fait américain est là. Il est écrasant, tout le long de ce Canada qui se cherche. Mais pourquoi ce fait américain devrait-il conduire à la disparition de l'entité française du Québec ?
    « Naturellement, il peut y avoir un risque de protectorat de la part des États-Unis, et aussi un risque de révolte devant la dépendance dans laquelle les Américains sont toujours enclins à mettre leurs protégés. Donc, si les Américains aident le Canada, raison de plus pour que nous aussi l'aidions sur le plan culturel, technique et économique.
    « Les Français du Canada sont en danger dans leur identité. Nous devons leur venir en aide. Qui a inventé le droit des peuples àdisposer d'eux-mêmes ? La France. Oui, c'est notre devoir d'aider les Québécois à disposer d'eux-mêmes.
    « Ce qui se passe au Canada ne fait que confirmer l'utilité et la justesse de notre politique nationale. Plus nous proclamons l'indépendance des nations, plus nous devenons le chef de file de ceux qui en ont assez de se laisser dominer soit par les Américains, soit par les Russes. »
    Le Général se rend compte de l'énormité de tout ce qu'il vient de dire en Conseil des ministres, puis dans notre tête-à-tête. Comme s'il se ressaisissait, il conclut :
    « Naturellement, pas un mot de tout ça. Le moment n'est pas encore venu de dévoiler nos batteries. Contentez-vous de broder sur le thème : impressions satisfaisantes ; succès de l'exposition française de Montréal, qui a fait l'objet d'une véritable manifestation d'amitié franco-canadienne. Malraux a été surpris de ce qu'il a vu, et notamment du développement économique, culturel et social du Québec. Grand désir de voir multiplier les relations avec la France sur le plan culturel et économique — ce qui ne peut pas nous désobliger. »
    1 Jean Drapeau, maire de Montréal de 1960 à 1986, n'était pourtant ni violent ni autonomiste.
    2 La grande tragédienne de la Comédie-Française.
    3 Alors ministre des Rapatriés.
    4 Cf. C'était de Gaulle, t. I, I re partie, ch. 17.

Chapitre 4
    « LE PEUPLE CANADIEN FRANÇAIS VA VERS L'INDÉPENDANCE ET ON NE L'EN EMPÊCHERA PAS »
    Conseil du 22 janvier 1964.
    Couve rend compte de la visite en France du Premier ministre du Canada, Pearson : « Il venait de faire une visite aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Il était normal qu'il fasse de même en France, une des deux "nations mères ". C'était pourtant la première fois.
    « Pearson est préoccupé de la recrudescence du mouvement qui se développe dans la province de Québec. Si les Canadiens ont fait cette fois exception au monopole anglo-saxon dans leurs relations internationales, c'est parce qu'il existe maintenant un problème international. Et pourquoi Ottawa a-t-il laissé Lesage rendre visite à deux reprises au gouvernement du général de Gaulle ? C'est parce que Lesage est le meilleur soutien du Premier ministre Pearson, le plus capable d'apaiser le séparatisme en satisfaisant la revendication d'identité.
    « Atmosphère amicale, chacun avec ses préoccupations. Conclusion : le problème des francophones du Canada

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