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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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est presque officiellement posé.
    Pompidou. — Il est dans notre intérêt de favoriser les investissements français au Canada. Mais les projets américains portent sur 750 millions de dollars ! Ce n'est pas la même échelle ! On aboutit à une mainmise financière totale des États-Unis sur l'économie canadienne. Nous ne sommes pas de taille !

    « Le peuple canadien français a l'impression d'être relégué »
    GdG (comme s'il n'avait pas entendu son Premier ministre). — J'ai l'impression, ce n'est pas surprenant, d'une situation tendue et donc d'un gouvernement canadien en porte à faux. Le fait canadien est différent de ce qu'il fut. Les Français du Canada n'aimaient pas les Anglais, mais s'accommodaient de se trouver dans une situation soumise. On mettait de temps en temps un Saint-Laurent ou un Laurier 1 quelconque à la tête du gouvernement d'Ottawa, ça ne changeait rien ou presque, mais ça sauvait les apparences.
    « Le peuple canadien français va vers l'indépendance. Il ose constater qu'il a été colonisé. Il a même l'impression d'êtrerelégué 2 . L'appel de la France nouvelle ne peut manquer d'agir sur les esprits. Le Canada est un pays fédéral qui a envie de cesser de l'être. Il y aura sur l'emplacement du Canada une communauté française et une qui ne le sera pas. L'entité du Canada français va se manifester de plus en plus, on ne l'en empêchera pas.
    « Ça met le gouvernement Pearson dans une situation peu claire. Dans les rapports du Canada avec la France, il voudrait à la fois que nous l'aidions dans son équilibre actuel — qui n'a pas d'avenir ! —, et que nous contrôlions le mouvement propre des Français au Canada, de manière qu'il ne prenne pas un tour violent.
    « Tout ça est contradictoire. Les conversations ont été amicales, mais inévitablement embarrassées. Nous avons des choses à faire au Canada. Plus dans le Canada français que dans l'autre. De toute façon, ce ne sera pas gigantesque.
    « Il y a un fait gigantesque, écrasant : c'est la présence des États-Unis. Sous toutes les formes : économique, technique, financière, culturelle, universitaire, etc.
    «La Grande-Bretagne s'efface, les États-Unis resserrent leur étreinte. Le Canada actuel, tout en ne repoussant pas les investissements américains, est profondément insatisfait.
    « Le Canada, qui ne sera plus fédéral mais confédéral, se concertera pour défendre l'indépendance de l'ensemble. Tout ça s'éclaircira peu à peu, au fur et à mesure que le Canada français ira vers l'indépendance. »

    « Francophone ? Ahglophone ? Il y a des Français et des Anglais »
    Conseil du 11 mars 1964.
    Couve : « Dupuy, ambassadeur du Canada à Paris, va prendre sa retraite et devenir commissaire général de l'Exposition universelle qui se tiendra à Montréal dans trois ans. C'est un francophone et non un anglophone qui est mis à la tête de l'exposition de Montréal.
    GdG (vivement). — Francophone ? Anglophone ? Nous ne sommes pas obligés, entre nous, de parler ainsi. Il y a des Français et des Anglais. Un point, c'est tout. (Foin de cette hypocrisie au sein du Conseil.)
    Couve. — À l'extérieur, ça serait mal vu. (Il veut bien constater un fait : la langue parlée. Il veut oublier la cause de ce fait : l'origine ethnique.)
    « Dupuy sera remplacé par Jules Léger, diplomate de carrière, le frère du cardinal-archevêque de Montréal. C'est l'élément le plusdistingué des Canadiens français. » (Couve a rectifié ; mais « à l'extérieur » il dirait : francophone.)

    Au Conseil du 2 décembre 1964, Leduc est nommé ambassadeur de France à Ottawa.
    Le Général commente : « Par la force des choses, il devient notre ambassadeur auprès du Québec, en attendant le jour où le Québec et la France seront en mesure d'échanger des ambassadeurs. Il faut que notre ambassadeur au Canada s'adapte à ce fait nouveau. Il doit prendre en charge l'évolution du Québec et l'évolution de nos rapports avec le Québec. »

    Pompidou : « Il faut se méfier ! Le Général se laisse emballer »
    Jeudi 12 novembre 1964, ambassade du Canada à Paris.
    Jules Léger, l'ambassadeur du Canada, donne une réception en l'honneur de Jean Lesage, Premier ministre du Québec, venu à Paris pour la première fois.
    Seuls Malraux, Fouchet et moi représentons le gouvernement. Nous apprenons que plusieurs autres ministres se sont excusés. S'ils n'ont pas daigné venir, c'est sans doute parce qu'ils sont

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