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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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qu'avec mesure. Mais il n'est pas souhaitable non plus que nous donnions l'impression que nous souhaitons que personne n'y aille.
    GdG. — Personne ne m'a demandé d'y aller. »
    Il a esquissé une moue qui feint le dépit. Nous avons souri : il est invité en tant d'endroits que, s'il était invité pour cette exposition mineure, il ne pourrait que la refuser. Mais Pompidou me dit à la sortie : « L'ambassade du Canada invite les ministres français à tour de bras. C'est pour éviter que de Gaulle n'y aille. Elle est terrifiée à cette idée. Je la comprends. »

    « Deux cents ans de fidélité à la France »
    Après le Conseil, le Général me laisse voir, encore une fois, combien sa vision de la politique est historique :
    « Nous n'irons pas fêter à Montréal, en 1967, le centenaire de la Confédération canadienne, comme le voudraient les Anglais du Canada et les fédéraux. Si nous y allons, ce sera pour fêter deux cents ans de fidélité des Canadiens français à la France.
    « Il n'est pas question que notre participation soit incluse dans une présentation européenne, comme pour l'exposition de Seattle. Nous ne nous confondons pas. C'est une grande affaire française. Il ne va pas falloir perdre de temps. Nous avons participé à de précédentes expositions. Comment ne le ferions-nous pas à Montréal, qui est la deuxième ville française au monde ? »
    Il a l'art de retourner les situations : en 1763, ce ne sont pas pour lui deux cents ans de lâchage français de ce côté-ci de l'Atlantique qui commencent, mais deux cents ans d'affirmation française en Amérique du Nord. 1940 l'éclaire sur 1763 : un désastre, mais aussitôt le début d'une résistance. Une résistance hors du sol national. Ce qu'il a conduit de Londres, seul, sans appuis, expatrié, les Français du Canada l'ont accompli collectivement, mais eux aussi sans appuis et expatriés.

    15 septembre 1963. Au téléphone, Saint-Légier 3 me prévient : le Général a écrit en marge d'une note sur la visite officielle en France de Lester Pearson 4 : «Le Canada français deviendra nécessairement un État et c'est dans cette perspective que nous devons agir. »
    Et l'on croit que de Gaulle a improvisé en 1967, en cédant à l'ivresse de la foule...
    1 En mars 1963, s'est constitué le Front de libération du Québec (FLQ), adepte de l'action violente. Dans la nuit du 28 février au 1 er mars 1963, trois cocktails Molotov avaient été lancés sur des casernes de Montréal, sans grands dommages, les projectiles ayant fait long feu.
    2 J'ai aussitôt prié Robert Bordaz, directeur général de la RTF, de trouver le « type à la coule ». Il a nommé Pierre-Louis Malien correspondant permanent de la RTF au Canada, avec résidence à Montréal. Bordaz alla l'installer lui-même sur place, en compagnie de son directeur de cabinet, Édouard Balladur. Malien s'acquittera de sa tâche avec zèle et efficacité.
    3 René de Saint-Légier, conseiller diplomatique au secrétariat général de l'Élysée. Nous étions liés depuis que je l'avais connu comme stagiaire de l'ENA.
    4 Lester Pearson, Premier ministre fédéral du Canada de 1963 à 1968.

Chapitre 3
    « QUAND M. MALRAUX PARLE D'AUTONOMIE, IL FAUT COMPRENDRE INDÉPENDANCE »
    Conseil du 23 octobre 1963.
    Malraux revient d'inaugurer l'exposition française de Montréal. Il a les intonations caverneuses des grands jours.

    Malraux : « Au Canada, un seul problème, l'autonomisme québécois »
    Malraux : « L'immense enthousiasme qui entoure cette exposition française et qui m'a accueilli n'est pas tout à fait naturel. Il y a au Canada un seul problème : l'autonomisme québécois. La réalité de l'autonomisme est beaucoup plus forte qu'on ne l'imagine de loin. Elle empoigne toute la vie politique. Il n'y a aucune concomitance entre le mouvement vers l'autonomie et le "Crédit social ", qui est un mouvement poujadiste né en Colombie britannique, tout à fait différent, qui a eu un grand succès, mais qui n'en aura plus.
    « Le mouvement autonomiste est encore à peu près exclusivement universitaire. Mais les sentiments sont à peu près généraux. L'état d'esprit des Canadiens français est celui d'une minorité qui veut cesser de l'être. Des universitaires, des étudiants, des instituteurs ont jeté des bombes et continuent. L'enseignement est entre les mains de l'Église. Malgré la puissance de l'Eglise, ce sont les fils des professeurs et des membres du gouvernement, ce

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