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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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— Eh bien, je crois que si ! Ça dépendra de l'atmosphère." »
    Le cortège va s'ébranler. Je propose à Jean-Daniel Jurgensen 6 de le ramener à Paris. C'est un vieil ami ; il peut me donner des informations de l'intérieur de l'équipe. Je lui demande si le Général a su qu'avec la formule « Québec libre », il reprenait à son compte le slogan des partisans du « Rassemblement pour l'indépendance nationale » (RIN), comme l'en soupçonne la presse anglo-saxonne. A-t-il voulu encourager cette formation séparatiste ? Ou a-t-il commis une erreur de bonne foi, parce qu'il ignorait que cette expression faisait partie du vocabulaire indépendantiste ?
    La réponse de Jurgensen est catégorique. Selon lui, le Général ignorait l'existence même du RIN. Lui qui a toujours dénoncé le système des partis en France, il n'allait pas se mettre à la remorque d'un quelconque parti québécois. Il voulait, par-delà les militants et porteurs de pancartes, lancer un message au peuple québécois, auquel il donnait une portée générale à la face de l'univers.
    Jurgensen me raconte qu'il a compris lui-même dès son premier voyage le problème du Québec. Il était venu y passer un week-end avec sa femme pendant une session de l'Assemblée générale des Nations Unies. A Montréal, qui ressemblait à une quelconque ville américaine, ils étaient descendus dans un hôtel où tout le monde parlait anglais. À Québec, le portier de l'hôtel Château-Frontenac leur a refusé une chambre qu'ils avaient demandée en français. Ils se sont alors adressés en anglais au concierge, qui leur en a aussitôt trouvé une.
    Il me confie : « Au départ de Montréal, le Général m'a fait venir près de lui dans l'avion. Je lui ai dit : "Vous avez payé la dette de Louis XV." Il a repris la formule, je crois qu'elle lui plaisait bien. » Jurgensen avait trouvé le mot qui pouvait le plus toucher le Général, gavés d'histoire qu'ils étaient tous deux.
    Le Général a ajouté : « Louis XV avait bien les moyens d'envoyer d'autres troupes après la mort de Montcalm, pour permettre à Lévis de l'emporter sur les Anglais. Il a eu la légèreté de céder à la dérision de la Cour, qui se moquait comme Voltaire de " quelques arpents de neige vers le Canada ". Il a abandonné nos soixante mille colons à leur sort. C'est une action peu honorable. Il fallait l'effacer. »
    1 Le gouvernement libéral de Jean Lesage avait pris le pouvoir au Québec en juillet 1960, après plusieurs décennies du régime conservateur de Duplessis. Lesage a démissionné le 9 juin 1966.
    2 Qui oppose l'Olympique Lyonnais et Sochaux.
    3 Veuve depuis mars 1967 du général Vanier, longtemps ambassadeur du Canada auprès du général de Gaulle à Londres, à Alger puis à Paris, ensuite gouverneur général du Canada. Liée à ma femme, elle est la marraine de notre fille aînée.
    4 Lors de ses déplacements officiels, le Général assiste à la messe mais ne communie jamais. Il l'a fait pourtant le dimanche 26 juin 1966, à Leningrad. Discrètement interrogée alors que la messe avait déjà commencé, Mme de Gaulle a répondu que le Général communierait. Il n'a pu que recevoir l'hostie que l'officiant vint lui présenter. Le Général communiera publiquement de nouveau le dimanche 10 septembre 1967, à Gdansk, lors de son voyage en Pologne.
    5 Chef d'état-major particulier du général de Gaulle.
    6 Directeur d'Amérique au Quai d'Orsay.

Chapitre 7
    « ON NE FAIT AVANCER L'HISTOIRE QU'À COUPS DE BOUTOIR »
    Salon doré, 29 juillet 1967.
    Le surlendemain, le Général me reçoit pour me donner ses instructions. Je passe d'abord voir Saint-Légier. Il est en train de classer les télégrammes amoncelés sur son bureau. Ils ont été adressés au général de Gaulle par des Canadiens exaspérés ou enthousiastes. Les premiers sont rédigés en anglais, ou plus rarement en mauvais français ; les seconds en bon français.
    Je suis introduit dans le Salon doré.
    GdG : « Voilà ! On ne fait avancer l'histoire qu'à coups de boutoir. Dorénavant, les Canadiens anglais ne pourront plus faire comme si le problème du Canada français ne se posait pas.
    « J'ai pris acte de la chose française, qui s'était manifestée avec éclat. La journée du Chemin du Roy avait démontré que les Français du Canada communiaient avec le Président français. C'était saisissant. Je n'ai été qu'une étincelle. »

    « Entretenir le mouvement pour qu'il devienne

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