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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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un avenir plus lointain. Je leur ai dit que l'histoire des peuples est longue, qu'ils durent plus longtemps que toutes les constructions artificielles qu'on peut leur imposer. Et que le jour où la Wallonie, par la voix de ses représentants légitimes, ou de préférence par référendum, déciderait d'être rattachée à la France, nous leur ouvririons les bras de grand coeur.

    « Vous savez, conclut-il, rien n'est jamais définitivement perdu dans la vie des peuples, si leurs dirigeants ne s'abandonnent pas aux fausses fatalités de l'histoire. »
    En me raccompagnant, il me dit lentement, avec un sourire qui ressemble à une lumière intérieure : « Il y a l'immense résistance des choses. On ne la surmonte qu'en secouant les habitudes et en en créant de nouvelles. Ce n'est pas en quatre jours qu'on peut gommer deux siècles de soumission. Il faut rendre maintenant la France présente au Québec et le Québec présent en France. À vous d'y travailler. »

    Il ne me déplaît pas d'aller me promener dans cette fourmilière qu'il a bousculée. Jamais je n'admire autant le Général que quand il fait ses coups d'éclat pour porter témoignage au nom des petits peuples qui aspirent à plus de liberté. Il lance le cri des peuples perdus, des peuples sans voix. Il est seul à le faire, sans doute parce qu'il est seul à pouvoir le faire.

    « La question est que le peuple français du Canada ait la pleine disposition de lui-même »
    Après l'audience, je vais revoir Saint-Légier. D'après les premiers sondages, la réaction de la population québécoise paraît avoir obéi à trois dominantes : vive approbation des encouragements donnés par le Général à l'émancipation du Québec et à l'affirmation de sa personnalité ; satisfaction à l'annonce que les rapports franco-québécois allaient devenir toujours plus étroits ; mais réticence marquée devant l'appellation de « Français duCanada » dont avait usé le Général : « Nous ne sommes pas Français, nous sommes des Nord-Américains parlant français. »
    Le gouvernement québécois avait suspendu sa réaction. Il attendait le verdict de l'opinion. Il se prononce avec une vigueur accrue par son retard : « Courageux et lucide, le général de Gaulle est allé au fond des choses... Le Québec n'a jamais été une province comme les autres. Ce fait élémentaire, que d'aucuns au Canada trouvent difficile à accepter, le monde entier maintenant le connaît. On ne pourra plus logiquement s'opposer à ce que se nouent des liens plus étroits entre le Québec, la France et d'autres pays francophones. »
    Notre ambassadeur a télégraphié d'Ottawa que le gouvernement canadien « ne lui fait pas grise mine », mais il précise qu' « il n'en existe pas moins une profonde blessure » ; il ne sait combien de temps elle mettra à « se cicatriser ». De Gaulle a inscrit dans la marge : « La question n'est pas que la blessure de M. Lester Pearson soit cicatrisée ; la question est que le peuple français du Canada ait la pleine disposition de lui-même. »
    Sur son bureau, s'amoncellent des extraits de journaux et des télégrammes individuels. Un journal anglophone de Montréal avoue : « De Gaulle a brisé la coquille de solitude qui entoure le Québec. Pour une fois, les millions de Canadiens français ont entendu, en français, des paroles d'affection 6 . » Et le Premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Robert Stanfield, invite ses compatriotes anglophones « à comprendre la situation du Canada que le geste de De Gaulle a révélée, et à modifier leur attitude ».
    Ces réactions contrastent avec le déferlement d'incompréhension, d'hostilité et de ricanement qui emporte la presse française.

    « J'ai pris en charge cette passion unanime et évidente »
    Conseil du 31 juillet 1967.
    C'est le premier Conseil des ministres après son retour. Couve narre avec une discrète émotion ce qu'il a vu. Puis le Général prend la parole.
    GdG : « Il y a longtemps qu'on me pressait d'aller au Canada, c'est-à-dire au Canada français. Comme il y avait l'exposition de Montréal, on m'a invité : le gouvernement fédéral, le maire, et Johnson.
    « Me voilà donc parti. Je savais bien qu'il y aurait des manifestations, mais je ne savais pas quelle en serait l'ampleur. Ça a été réellement un déferlement français, une ampleur unanime. Le fait français qui s'est manifesté était éclatant, beaucoup plus que je ne l'avais imaginé.
    « Une autre chose

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