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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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confiance. Je ne peux pas me laisser imposer un texte qui n'a rien à voir avec celui qui a eu l'accord du Premier ministre et des ministères intéressés, qui a été débattu devant le Conseil supérieur, qui a été amendé en tenant compte ou non, selon une procédure interministérielle, des amendements proposés par le Conseil supérieur.
    Pompidou. — Je vous soutiendrai à fond dans cette affaire. Vous ne pouvez pas vous laisser imposer un texte nouveau. C'est désobligeant vis-à-vis de vous. Aussi vis-à-vis de moi. Cela ne peut pasêtre accepté. Vous avez ma confiance. Mais ne parlez pas au Général de la confiance qu'il doit vous faire. Il n'en fait à personne. Cela fait partie de ses théories. Il me l'a dit à moi-même à plusieurs reprises. Il estime que le rôle du Président de la République n'est pas de faire confiance au Premier ministre, mais de le contrôler et par conséquent, dans une certaine mesure, de le suspecter. Il estime de même que le rôle du Premier ministre est de contrôler les ministres et donc de les suspecter. Il me reproche de ne pas le faire suffisamment. La notion de confiance est une notion sentimentale qui n'entre pas du tout dans son univers. Alors ne lui parlez pas ce langage et n'ayez pas l'air de mettre enjeu votre poste. La question n'est pas là et tout doit s'arranger autrement. Je vous soutiendrai complètement. Je vous soutiendrai à fond pour tout, pour la rénovation pédagogique, pour la sélection, pour tout ce que vous voulez faire. Mais ne prenez pas le Général de travers.
    AP. — Je dois dire que j'ai été un peu frappé de la conjonction entre cette preuve de méfiance qui venait de l'Élysée et la preuve, sinon de méfiance, du moins d'une certaine crise de confiance, que j'ai cru voir dans les interrogations affectueuses que vous m'avez faites la dernière fois 3 .
    Pompidou. — Il n'y avait absolument aucun rapport entre les deux. Je peux vous assurer que l'Élysée n'était pour rien dans mes réflexions. Mais soyez sans crainte, je ne vous suspecte pas et je ne vous laisserai tomber en aucun cas. »
    L'explication était nécessaire. Je rassure d'ailleurs Pompidou sur les suites: « J' ai vu Tricot ce matin et nous sommes convenus de reprendre ensemble la rédaction, en toute sérénité, et naturellement sans l'amendement que je souhaitais sur la question des parents ! De ce pas je vais à l'Élysée où le Général m'a convoqué.
    Pompidou. — À propos, je n'ai pas voulu le dire devant tout le monde, mais faites attention à votre commission Capelle, elle va vous éclater entre les doigts. Vous ne pouvez pas écarter Zamansky 4 , le seul qui nous soutienne! Et puis, ce Monod est un fou, un primaire. Il dit n'importe quoi. C'est un scientiste comme on en faisait à la fin du XIX e siècle. Laurent Schwartz, lui, je ne sais pas 5 . Mais tous ces gens-là sont totalement déséquilibrés. Ne mettez pas les pleins feux sur cette affaire, ça risque de vous échapper.
    AP. — Bien sûr. Nous parlerons discrètement d'une "Commission sur les examens dans l'enseignement supérieur ". Et le rapporteur est un membre de mon cabinet.
    Pompidou (à demi rassuré). — À la bonne heure. »

    « Les doyens vont plier »
    Salon doré, mardi 30 janvier 1968.
    Dans la voiture qui m'emmène à l'Élysée, je réfléchis à la façon de prendre l'entretien. Je sais que le Général voudra faire le point sur l'orientation. Cela risque de prendre un temps précieux pour aborder deux sujets qui me tiennent à coeur et dont je ne sais absolument pas ce qu'il peut penser.
    À peine assis, je le devance et prends la parole.
    AP : « Mon général, je voulais vous parler de deux réformes profondes que je compte engager cette année si vous en êtes d'accord. Elles ont fait l'objet d'études approfondies par des groupes de travail restreints, mais il va falloir passer maintenant au stade plus officiel des commissions et l'opinion publique en sera saisie. Je ne voudrais pas aborder cette phase sans avoir votre accord sur les orientations principales de ces deux réformes.
    GdG.— Allez-y.
    AP. — La première est celle des facultés. Mon prédécesseur a fait une réforme des études. La question de la sélection, elle, est en chantier, et je sais que vous y tenez. Mais il me semble qu'elle n'est qu'un aspect d'un mal plus profond. Ce n'est pas seulement pour l'entrée que les facultés sont une institution où on a tous les droits, et aucune obligation.

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