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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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C'est le système de l'irresponsabilité généralisée. Pour le recrutement, on prend ce qui vient. Pour les programmes, on enseigne ce qu' on veut. Pour les débouchés, se placent ceux qui peuvent. À ce système d'irresponsabilité doit se substituer un système de responsabilité. Le système doit commencer à être amendé au niveau des effectifs, par une sélection progressive et par une diminution progressive des stocks d'incapables.
    « 1) Régulation des flux. On pourrait procéder par étapes. On ôterait progressivement au bac la vertu qu'il a pour le moment d'ouvrir toutes les portes de l'enseignement supérieur. L'important serait d'affirmer le principe de la liberté laissée aux établissements de choisir leurs recrues.
    « 2) Ensuite, le "déstockage ", l'élimination des inaptes en généralisant la règle des deux ans en trois 6 à tous les niveaux et dans tous les ordres d'enseignement.
    « 3) Enfin, ces mesures négatives devraient être accompagnées de mesures positives. (Je développe : accélération de la construction des IUT ; transformation des collèges universitaires 7 en facultés ; cours à temps partiel de l' " Université ouverte". Le Général m'écoute avec une grande attention et reprend mon exposé point par point.)
    GdG. — La régulation des flux : je veux bien, mais vous n'y arriverez pas si vous n'imposez pas une règle à tous. Les doyens vont plier. Pas M. Zamansky, mais les autres. La démagogie va l'emporter. On n'aura pas le courage de faire des barrages. Il faut que vous imposiez des règles valables pour tous et qui imposent ces barrages.
    « Et si vous faites votre bac-bilan (je ne lui en ai pas parlé, mais je constate qu'il est bien informé) qui sera forcément dispensé d'une manière plus généreuse, vous risquez d'être emporté par le flot, parce que vous aurez enlevé la seule digue qui existe à l'heure actuelle. Ne réduisez pas la valeur du bac tant que vous ne serez pas assuré de la valeur plus solide de ce que vous aurez mis à la place.
    « Quant à l'élimination, il vous faut une règle absolue. Il ne faut pas que ce soit laissé à la décision de chacun, sinon ce sera la pagaille et la lâcheté.
    « Quant à vos voies de dérivation, je veux bien, mais il faut que l'enseignement par cours du soir ou par correspondance soit sanctionné par un examen sérieux, sinon ce serait une façon, pour les tire-au-flanc, de passer leur examen sans se fatiguer à aller aux travaux pratiques.
    AP. — Mais naturellement cette voie de rattrapage ne serait ouverte qu'à ceux qui pourraient justifier d'un travail effectif. Par un système de "crédits 8 " à l'américaine, on fractionnerait l'examen et ces travailleurs pourraient ainsi se rattraper et bénéficier d'une promotion sociale.
    GdG. — Oui, je veux bien. Je suis d'accord sur ces principes, mais ne vous faites aucune illusion, tout cela ne marchera que si vous l'imposez. L'autorité doit venir d'en haut. Les hommes sont des lâches et des démagogues. Les doyens ne tiendront pas devant la marée. Nous devons tenir à leur place.
    AP. — Certes, mais il y a dans l'enseignement secondaire et supérieur des hommes raisonnables qui estiment souhaitable la substitution du système de la sélection au système anarchique actuel. Ces hommes, nous pourrons en rassembler quelques-uns dans une commission et nous servir d'eux, à la fois pour préciser et affiner le projet et pour nous servir de caution, ce qui n'est pas inutile dans le milieu universitaire.
    GdG (très au courant). — Je veux bien ; mais M. Capelle, comment voulez-vous qu'il dirige convenablement cette commission, alors que, du temps où il était chez Fouchet, il n'a jamais poussé vers la sélection ?
    AP. — Si j'ai pensé à lui, c'est qu'il a publiquement pris parti en faveur de la sélection.
    GdG. — Mais pourquoi n'en a-t-il rien fait quand il était responsable ?
    AP. — On ne peut pas l'en rendre responsable. La commission qui a préparé la réforme Fouchet avait travaillé dans une tout autre perspective. Lors d'une de ses premières séances, Fouchet avait déclaré : "Il faut partir d'une hypothèse de base : nous ne touchons pas au principe selon lequel l'entrée est libre dans les facultés." Comment reprocher à Capelle de n'avoir rien fait dans le sens de la sélection, puisque le principe inverse avait été posé ?
    GdG. — Mais comment a-t-on pu dire des choses pareilles ? Il était évident, dès ce moment-là, qu'on

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