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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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ne résisterait pas à la poussée si on ne prenait pas des mesures de sélection. C'est absurde d'avoir travaillé dans ce sens ! Alors soit pour Capelle ! Mais pourquoi éliminez-vous Zamansky, le seul qui ait dit courageusement ce qu'il pensait de cette affaire ?
    AP. — Je n'ai rien contre Zamansky, avec lequel j' ai des rapports amicaux. Mais il a clamé si fort sa doctrine sur ce sujet, que si on le met en avant, on provoquera aussitôt une levée de boucliers. On donnera l'impression que la commission est faite pour faire accepter ses idées.
    GdG. — Peut-être, mais Zamansky a du courage et les autres n'en ont pas. On ne peut pas l'en punir. Il faut trouver un moyen de l'associer à ce jeu.
    AP. — Je suis tout à fait disposé à le faire participer à la commission comme consultant permanent, mais je pense qu'il y a avantage à ne pas se servir de lui comme d'une étiquette.

    « On ne peut pas compter sur la routine pour corriger la routine »
    GdG. — Soit. Vous vouliez me parler d'un autre sujet ?
    AP. — C'est de pédagogie, mon général.
    GdG. — Ah, la pédagogie...
    AP. — Elle n'a guère changé depuis les Jésuites du XVII e siècle : cours magistral, devoirs à la maison, humanisme, orner et embellir l'esprit, tout cela dans un milieu protégé. Or, trois phénomènes ont bouleversé cette pédagogie : la démocratisation, qui nous donne des élèves différents ; la concurrence de la vie, audiovisuel, cinéma, télévision, qui crée un milieu différent ; le progrès technique et pédagogique, qui a mis au point des méthodes différentes.
    « Je crois nécessaire de passer à la généralisation de ce progrès, en développant quelques formules qui ont fait leurs preuves. Les méthodes actives, qui bouleversent les rapports maître-élèves ; l'audiovisuel ; le mi-temps, qui nous fera des enfants plus vigoureux, plus sportifs, plus résistants ; la rénovation des enseignements de base et des programmes. (Comme je vois que son regard m'interroge, je développe un peu chacun des points.)
    GdG (très satisfait). — Oui, oui, il faut faire tout cela. Pour cetterénovation, allez-y carrément. Je vous appuierai. N'hésitez pas. Il faut foncer.
    « Mais n'oubliez pas une chose : dans tout cela, tout est question d'autorité. On ne remplace pas l'autorité par autre chose. On ne peut pas compter sur l'autorité des autres. On ne peut pas rattraper au niveau inférieur ce qu'on n'aura pas eu le courage de proclamer au niveau supérieur. On ne peut pas compter sur la routine pour corriger la routine. Il faut marquer les directions fermement et catégoriquement si l'on veut que le reste suive.
    « C'est comme l'orientation. (Il y vient.) Il faut y aller. Il faut que ce soit le corps enseignant qui prenne ses responsabilités et qui ne cherche pas à s'en défaire sur d'autres, c'est-à-dire sur les parents. C'est le point sur lequel je sens que vous n'êtes pas tout à fait d'accord avec moi. J'insiste. Il n'y aura pas d'orientation si les professeurs ne se décident pas enfin à orienter, eux qui sont les meilleurs juges et qui sont impartiaux et responsables. Il ne faut pas qu'ils se reportent sur d'autres de la responsabilité de prendre des décisions qui leur incombent. Il faut renforcer leur action et ne pas s'occuper des parents, si ce n'est pour les associer et pour entendre leurs avis. Il ne faut pas laisser les professionnels de la représentation des parents d'élèves influencer les professeurs.
    AP. — J'ai essayé de vous convaincre de l'opportunité de maintenir la participation à part entière des parents d'élèves dans les conseils d'orientation. Je n'y ai pas réussi. Je le regrette. Mais je n'insiste pas. Je m'incline devant votre verdict et l'appliquerai très loyalement.
    « La combinaison de ces trois grandes réformes va sûrement faire bien des vagues dans le courant de l'année à venir. Je crois que ces réformes sont nécessaires et qu'elles seront salutaires, mais il ne sera pas commode de les faire passer.
    GdG. — N'ayez pas peur. Allez-y. »

    Pompidou : « Je constate que Peyrefitte est encore plus démagogue que Fouchet »
    Matignon, vendredi 2 février 1968.
    Je sonde Jobert 9 sur le soupçon que je ne ferais rien, sous prétexte de « ne pas faire de drame ».
    Il me le confirme très loyalement. Pompidou lui aurait dit : « Et moi qui ai reproché à Fouchet d'être démagogue, je constate que Peyrefitte est encore plus démagogue que Fouchet. Avant tout

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