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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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offert « l'Université ouverte » — enseignement par correspondance, cours du soir —, qui leur permettrait d'obtenir les mêmes diplômes, fût-ce sur une plus longue durée.
    Ainsi seraient conciliées une planification des enseignements au niveau national et une totale liberté de recrutement au niveau de chaque établissement.
    Pour faire mûrir mon projet, j'ai décidé de créer une commission que nous appellerons d'un mot anodin « commission sur les examens », ou, du nom de son président, commission Capelle.
    Plusieurs conversations avec ce grand universitaire m'ont fait mesurer la fermeté avec laquelle il voulait contribuer à cette oeuvre d'assainissement. Nous nous mettons d'accord sur un certain nombre de noms, en veillant à diversifier les profils et les images. Je les pressens ensuite un à un, et ne les nommerai qu'après m'être assuré qu'ils sont fermement partisans de la sélection 2 .

    Pompidou : « Du bon sens, bien nécessaire à ce poste »
    Ma démarche n'est pas exactement celle de Pompidou. Il redoute que je ne lâche la proie pour l'ombre, en abaissant la barrière du baccalauréat avant d'être sûr que les facultés élèvent assez haut la leur.
    Mais comme notre objectif est le même, et le même que celui du Général, je poursuis mon chemin. Ainsi notre déjeuner consiste surtout à échanger des idées, des informations et des craintes.
    Je suis du moins assuré de mon dispositif: la commission Capelle sera incessamment en état de marche. Et dès demain au Conseil des ministres sera décidée la nomination du directeur des enseignements supérieurs, Philippe Olmer, remplaçant Pierre Aigrain, promu délégué général à la Recherche scientifique.
    « Je suis très content de cette double nomination, me dit Pompidou. Aigrain est avant tout un chercheur, un imaginatif, et Olmer me paraît avoir du bon sens, et c'est bien nécessaire à ce poste. »

    Pompidou : « Tout ça, c'est un peu de votre faute »
    Matignon, mardi 30 janvier 1968, après le déjeuner.
    Pendant que la sélection chemine ainsi, le cours de l'orientation a subi une sérieuse secousse. J'ai mis un peu de temps à préparer l'argumentaire promis à Pompidou. Le Général s'est étonné du temps que les décrets mettaient à lui parvenir. Il les a réclamés impérieusement. Pressé par l'Élysée, je me suis vu obligé de lui envoyer directement le projet de décret, et tel que je le souhaite.
    Le Général, non préparé, prend l'affaire très mal. Du coup, ses conseillers techniques me renvoient la décision, négative, du Général, sous la forme d'un projet de décret complètement récrit sur de nouvelles bases. C'est la catastrophe. Comment signer un décret dont le texte, amendé ou pas, diffère profondément de celui qu'a examiné le Conseil supérieur de l'Education nationale?
    Quand nous nous levons de table, je demande à Pompidou un instant d'entretien en tête à tête. Il m'emmène dans son bureau. Je lui dis la surprise et la peine que j'ai eues de me voir retourner un texte totalement différent du mien.
    Pompidou : « Tout ça, c'est un peu de votre faute. D'abord, parce que vous avez saisi le Général avant que j'aie pu lui en parler, de sorte que les positions étaient prises et que je ne pouvais plus rien faire...
    AP. — Mais je ne pouvais plus attendre. Depuis une semaine, l'Élysée me tarabustait pour avoir le texte. J'ai fini par l'envoyer le même jour que je vous ai remis l'aide-mémoire, mais en suppliant d'attendre, pour en parler au Général, que vous ayez vous-même eu le temps de lui en parler.

    Pompidou: « Ne parlez pas au Général de la confiance qu'il doit vous faire »
    Pompidou. — Et en plus le texte que vous avez envoyé proposait votre formule, ce qui a eu pour don de l'irriter.
    AP. — Mais j'avais joint une note indiquant que la seule différence essentielle avec les intentions manifestées par le Général consistait dans la formule concernant les parents, sur laquelle j'appelais expressément son attention.
    Pompidou. — Vous avez atermoyé. À force de vouloir gagner du temps, vous avez provoqué une impatience. Le Général a eu l'impression que vous vouliez, à l'esbroufe, lui faire signer un texte en contradiction formelle, sur un point capital, avec les instructions qu'il vous avait données.
    AP. — Vous savez bien que ce n'est pas le cas. Je ne prends pas l'affaire au tragique, mais ou bien on me fait confiance, ou bien on ne me fait pas

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