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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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importe le plus aux membres du gouvernement est celui du Général, téléspectateur impitoyable. L' aura-t-ilvue ? En entrant dans la salle du Conseil des ministres, le 30, le Général me dit simplement : « C'était bien, l'autre jour, sur l' orientation. C'est ce qu'il fallait dire. »

    Pompidou : « Tout devrait être fait par règlement »
    Matignon, lundi 29 avril 1968.
    Ce matin, longue et bonne conversation avec Pompidou, qui était bien nécessaire pour dissiper les malentendus.
    AP : « Ma lettre vous a fait penser que je voulais ouvrir le parapluie. Quelle erreur ! Comme vous êtes surchargé et que je n'arrivais pas à obtenir une audience, Jobert m'a conseillé de vous faire une lettre. Peut-être était-elle trop longue et maladroite ? En tout cas, elle n'avait pas pour but de dégager ma responsabilité.
    Pompidou. — Ah, je comprends ! On ne m'avait pas dit que cette lettre était destinée à remplacer une conversation. Je préfère cela. Je ne demande pas mieux. C'est moi qui m'excuse. »
    Il poursuit, à propos de la loi sur la sélection : « Le débat sur la motion de censure 9 a montré qu'une loi est à écarter pour le moment. Si on veut faire une loi attrayante, qui puisse passer, on y mettra des éléments rassurants mais d'ordre réglementaire. Le Général est extrêmement ferme sur ce point, vous le savez, et je ne le serai pas moins que lui. Et si on fait une loi purement négative pour supprimer les droits directement attachés au baccalauréat, alors on n'obtiendra pas de la faire voter. Les giscardiens sont frondeurs. Nous aurons des amendements. Dans ce climat, la loi ne passera pas. Ou alors, il faudrait poser la question de confiance, c'est-à-dire inciter à une motion de censure. Or, je n'arrête pas de dire à l'opposition: "Laissez-nous travailler ! Ne faites pas de motions de censure à jet continu ! "
    « Dans le domaine de l'éducation, tout devrait être fait par règlement, on ne devrait pas dépendre de l'Assemblée.
    AP. — Je ne vois que trois types de mesures que nous pouvons faire sans loi. D'abord le " déstockage " (il a un mouvement d'impatience) — oui, je sais, vous n'aimez pas le mot et moi non plus, mais nous nous comprenons : il s'agit de rendre les études plus exigeantes, plus effectives.
    Pompidou. — Sur le fond, je suis d'accord bien sûr. Je trouve convaincante votre démonstration selon laquelle les effectifs des facultés sont à peu près égaux à la somme des bacheliers des huit dernières années qui y sont entrés, preuve qu'en moyenne, les étudiants restent huit ans en faculté.
    AP. — Ensuite, on peut prendre des mesures de régulation des flux, vers les diverses branches créées, à mesure de leur création.
    «Enfin, on peut élever la barrière financière à l'entrée des facultés, tout en multipliant les bourses, demi-bourses, quarts de bourses. On se servira de la politique des " oeuvres " pour inciter vers les voies de dérivation que l'on souhaite favoriser ; et pour décourager l'entrée dans les voies longues.

    Pompidou : « Que les décrets soient pris pendant l'été »
    Pompidou. — Finalement, ce sont les étudiants des classes moyennes qui sont les plus sérieux. Les fils de bourgeois ne travaillent pas beaucoup ; pour les fils d'ouvriers ou de paysans, c'est très aléatoire ; ce qui compte en définitive, ce sont les fils de petits fonctionnaires, d'instituteurs, d'employés. C'est eux qu'il faut pousser vers les études supérieures. Vous aviez bien raison de dire à l'Assemblée qu'il faut passer par une étape. Vous aviez eu tort de citer Paul Bourget 10 , ce vieux réactionnaire. Mais c'est profondément juste. Sauf exception, les fils d'ouvriers ou de paysans ne sont pas directement capables de faire des études supérieures. Il faut qu'une génération passe là-dessus. »
    Il pourrait invoquer son exemple, et moi le mien : nous sommes tous les deux les enfants d'une « étape », petits-fils de paysans, fils d'enseignants.
    Pompidou conclut sur ce point :
    « Que les décrets soient pris pendant l'été. Je préfère les faire sortir le 15 juillet plutôt que le 15 août : les gens commencent à rentrer vers le 20 août et l'agitation s'amplifierait.
    « Naturellement, il faudrait que cet effort de remise en ordre se situe, non dans une perspective malthusienne, mais dans une perspective d'expansion. Je vous donne donc le feu vert pour annoncer que l'on construira les campus de Verrières et de Villetaneuse.

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