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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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baccalauréat est maintenu et sa valeur conservée. Pour entrer en faculté, les candidats feront des voeux formels. L'admission sera de plein droit pour ceux qui auront obtenu le bac dans de bonnes conditions de niveau ou d'âge. Pour les autres, leur aptitude sera appréciée par un jury propre à chaque établissement, éventuellement avec des épreuves de vérification. La création de nouveaux IUT sera accélérée. Des possibilités nouvelles de formation seront offertes aux jeunes gens non admis dans l'enseignement supérieur. Pour l'organisation de la scolarité, les propositions du ministre sont acceptées, mais les dérogations ne seront accordées que par les recteurs.
    « Au total, ce sera un immense progrès, d'orienter vers des voies diverses, adaptées, et de ne plus subir. Un projet de loi est donc préparé pour cette session. »
    J'ai sauvé le principe de l'université ouverte, mais en vidant beaucoup la coquille. Pompidou a fait adopter l'idée d'une entrée de droit pour les meilleurs bacheliers : ça ne me gêne pas. J'airéussi à éviter l'invention d'un examen d'appel, qui ruinerait ma démarche, fondée sur le contrat. Le Général, suivant Debré, semble avoir maintenu la seconde session, qui complique tout.

    Après le Conseil restreint, je monte dans la voiture du Premier ministre. Il me donne son accord pour le départ proche du secrétaire général et son remplacement.
    Je lui expose un nouveau projet — une université modèle, sélective et compétitive, qu'on ouvrirait dès la rentrée 1968, avec des enseignants volontaires et des étudiants de qualité, décidés à roder ensemble un nouveau programme d'enseignement supérieur : « Pourquoi ne pas choisir de l'ouvrir à Nanterre ? De toute façon, il faut y faire d'importants travaux, effacer les traces de déprédations, semer des pelouses, planter des arbustes et des massifs de fleurs, de manière à agrémenter cet environnement sinistre. On en profiterait, à la faveur des vacances, pour "nettoyer la casbah", c'est-à-dire la résidence, où logent toutes sortes de gens indésirables. On ne reprendrait à la rentrée que les étudiants qui auront passé avec succès leurs examens, et on trierait sur le volet les étudiants de première année. On traiterait le premier cycle comme les classes préparatoires dans les lycées. Ce serait une université expérimentale, un centre d'excellence dont le modèle progressera en boule de neige les années suivantes s'il réussit. »
    Pompidou a l'air très intéressé. Une fois sa voiture arrêtée dans la cour de Matignon, il y demeure ; le chauffeur et l'inspecteur s'éclipsent. Il réfléchit un moment, puis conclut : « Pour les années suivantes, nous verrons. Mais je suis d'accord pour que vous preniez vos dispositions pour la rentrée à Nanterre 2 . »

    Jobert : « Le Premier ministre ne veut pas entendre parler d'une loi positive »
    Samedi 20 avril 1968.
    Le relevé des décisions du Conseil restreint du 4 avril a été rédigé d'une manière qui me paraît restrictive. Dans l'espoir de faire revenir le Général et Debré sur leur position, je demande à voir Pompidou avant le Conseil des ministres du 24 avril, où je dois faire une communication sur la sélection. Mais le Premier ministre me fait dire qu'il est surchargé par le débat sur la motion de censure à l'Assemblée nationale à propos de la publicité à la télévision.
    Je me résous donc à lui écrire. Il faut absolument obtenir que soit accepté le principe de la création de l'université à temps partiel.
    Le résultat est une lettre de six pages. J' ai tourné ma plume dans l'encrier tout mon dimanche et je l' ai fait taper et retaper en le corrigeant ce matin trois fois :
    22 avril 1968.
    « Monsieur le Premier ministre,
    « L'affaire de l'accès aux facultés est grave. La sélection rompt avec une tradition enracinée en France, avec un principe affirmé avec force devant le Parlement par votre prédécesseur, et par vous-même encore en juin dernier, celui de l'entrée libre des bacheliers dans les facultés (textes ci-joints).
    « Le tournant que nous nous apprêtons à prendre, nul n'est plus convaincu que moi qu'il est nécessaire de le prendre. Mais il ne faut pas s'en dissimuler les périls. Si le baccalauréat est devenu un mythe national, c'est qu'il permet les "grandes espérances". Il ouvre à des familles modestes, en nombre de plus en plus grand, la porte du rêve — celui de la promotion

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