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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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adolescent et germanique sortait une voix d'une douceur surprenante qui contrastait avec la violence des propos 1 . »
    Cohn-Bendit cède alors la parole à Carl-Dietrich Wolf, président du SDS, le mouvement révolutionnaire des étudiants ouest-allemands ; il traduit le discours au fur et à mesure : « Faites ici, conclut le révolutionnaire allemand, ce que nous avons fait à Berlin, la Kritische Universität. » Son discours est scandé par des applaudissements, des bans et des slogans qui ressemblent à des airs de cha-cha-cha : « Guevara Che-Che » ou « Ho ! Ho ! Ho ! Ho Chi Minh ! »
    Dans le deuxième amphithéâtre se déroule un meeting rassemblant également un millier d'étudiants, mais modérés, venus proclamer leur volonté de travailler dans le calme et de contraindre les « enragés » à se soumettre : Didier Gallot, président de la Corpo de droit de la FNEF, a déclaré : « Il faut montrer qu'il n'y a pas seulement des étudiants barbus et chevelus qui veulent éviter les examens de fin d'année. La montée de l'agitation depuis quinze jours n'est pas fortuite, elle est la même sur l'ensemble de l'Europe. La présence d'un étudiant allemand ce matin au meeting des "enragés " était tout à fait inadmissible. Les " enragés " demandent la liberté d'expression. Leur liberté d'expression, c'est la dictature. Vous apportez la preuve que la masse des étudiants n'est pas derrière 300 agitateurs. » Il demande que les agitateurs soient renvoyés.
    Le département d'histoire, de son côté, prend une résolution énergique : « Il signifie à l'administration supérieure que les historiens et géographes ne pourront accepter longtemps d'assurer leur enseignement dans les conditions scandaleuses et dégradantes qui règnent actuellement. »
    La « résolution » ajoute un message à mon adresse : on s'indigne que le Grand Maître de l'Université cautionne dans ses déclarations les thèses de groupuscules extrémistes et conteste la valeur de notre enseignement. C'est une allusion à mes discours de l'automne et aux propos que je tiens chaque fois qu'on m'interroge sur les radios : les étudiants ont autant raison de demander une réforme de la vie universitaire, que les gauchistes ont tort de la rendre impossible.
    La presse diverge. Le Figaro, Le Parisien libéré, Paris-Jour prennent franchement position pour les étudiants modérés. « Dans les couloirs, on voyait des filles et des garçons accepter des tracts et partir en haussant les épaules, en affirmant : "On en a marre de leurs réunions, de leur vacarme, qu'ils aillent faire cela ailleurs" 2 . » « Les étudiants qui n'ont pas d'autre ambition que de travailler pour tenter de passer leurs examens se montrent de plus en plus excédés par l'agitation politique entretenue dans la faculté 3 . »
    En revanche, Combat ne cache pas sa sympathie pour les « révoltés ». « Le terme d' "enragés" est peut-être excessif lorsqu'il s'adresse à des jeunes gens dont la révolte naît de l'inquiétudeet dont les idéaux ne vont pas sans générosité... Les adultes et particulièrement les responsables de l'éducation devraient montrer un peu plus d'inquiétude à l'égard de la jeunesse qui n'a pas de raison d'être le reflet exact de celle de ses pères. (...) Mais peut-être une société a-t-elle l'Université qu'elle mérite. Et au-delà de l' Université, c'est la société qu'il faut remettre en question. »
    Le doyen Grappin est encouragé par la réunion des étudiants modérés et par la motion des professeurs d'histoire.
    Bourricaud me fait le récit écrit de la journée et en tire les conclusions :
    «Match nul et "suspense": telle est l'impression de M. Grappin sur la journée. Le pire a été évité. L'essentiel pour le doyen, c'est que les choses se soient déroulées dans le calme, sinon dans l'ordre. Tout se passe comme si des contacts avaient été pris d'une manière officieuse et pour élaborer un modus vivendi. Les manifestants s'engageaient à se contenter des salles qui leur étaient concédées, sans prétendre, comme ils en avaient d'abord manifesté l'intention, se répandre à leur guise dans toutes les salles et dans tous les amphis. Ce gentlemen's agreement ayant été respecté, une sorte de coexistence s'établit entre les deux facultés, celle de Cohn-Bendit et celle du doyen Grappin. »

    Cohn-Bendit : « Nous voulons être libres sans permission »
    Nanterre, mercredi 3 avril 1968.
    Le doyen Grappin fait

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