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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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une déclaration hier soir à Europe 1 sur les examens : « Dussions-nous avoir 500 gardes mobiles sur le campus, ils se dérouleront comme prévu à la faculté. Des contrôles sévères seront exercés dans les salles d'examens. Les incidents qui se sont produits à plusieurs reprises ces derniers temps à l'occasion d'examens partiels de sociologie ne recommenceront pas. »
    Pendant ce temps, 27 des 31 maîtres-assistants de français demandent le maintien de la franchise universitaire à l'intérieur de la faculté, s'opposant à toute implantation ou intervention de la police sur le campus. Comment éviter que le bon fonctionnement des institutions universitaires soit troublé, si on se refuse d'avance à faire appel aux forces de l'ordre ?
    Un nouveau meeting a lieu le soir : « Nous ne voulons pas la permission d'être libres, nous voulons être libres sans permission », déclare Cohn-Bendit. « La culture, c'est la récupération de la créativité comme marchandise », déclare un autre orateur. Il glorifie les graffiti : « Désormais, les murs de la faculté doivent devenir des pages blanches, où la poésie, c'est-à-dire la violence créative de chacun, pourra s'exprimer. »
    Sorbonne, vendredi 5 avril 1968.
    Le matin, le Premier ministre et moi nous retrouvons à l' amphithéâtre Richelieu. Après le président de l'Association Guillaume Budé, Jacques Heurgon 4 , et Pierre-Henri Simon 5 , nous prononçons nos discours sur le latin et le grec. J'ai l'impression que nous parlons du sexe des anges.

    110 rue de Grenelle, le même jour.
    L' après-midi, réunion dans mon bureau sur la remise en ordre de Nanterre et le maintien de l'ordre dans les facultés parisiennes.
    Je fais parler Grappin sur la situation à Nanterre, sur le rapport de forces entre Cohn-Bendit et Gallot, sur l'attitude du « marais ».
    Grappin : « La semaine dernière, j'étais pessimiste, c'est pourquoi j'ai pensé qu'il n'y avait pas d'autre moyen que de fermer la faculté pendant trois jours ; mais la manière dont s'est déroulée cette semaine, sans violences ni même incidents, me rend plus optimiste. » Le recteur Roche l'approuve chaudement et estime qu'il en est de même à Paris.
    Cette longanimité me trouble. Je fais remarquer que les « enragés » étaient 50 le 26 janvier, 150 le 22 mars et 300 en ce début d'avril, capables de réunir un meeting de 1 000 étudiants qui se déchaînent en entendant un meneur révolutionnaire allemand.
    Pourquoi ne pas profiter des vacances de Pâques qui commencent pour réaliser une action de force, en fermant la résidence ?
    Le recteur et le doyen, appuyés par Laurent et Olmer, conviennent que la résidence est un élément de faiblesse sur le campus. C'est là que naissent ou se replient les mouvements. Mais le nettoyage de la résidence serait impossible actuellement sans casse. Il faut le faire pendant les grandes vacances.
    L'action qui doit être engagée dès la fin des vacances de Pâques devant la commission de discipline et le conseil de l'Université de Paris paraît le maximum envisageable. Elle débouchera sur l'exclusion de l'université d'une quinzaine d' « enragés » et sur l'expulsion vers l'Allemagne de Cohn-Bendit. Ce serait un fort coup d'arrêt. On ne peut aller plus loin avant la dispersion de l'été.
    Le doyen Grappin formule deux propositions :
    1) créer un corps universitaire du maintien de l'ordre : des hommes suffisamment robustes pour jouer dans le campus le rôle des gardiens de la paix dans la rue ou des videurs dans les boîtes de nuit ;
    2) instituer une commission disciplinaire propre à chaque campus et munie des pouvoirs qui sont dévolus jusqu'à présent au seul conseil d'université, trop nombreux, et dont la procédure est trop lourde.
    Ces deux propositions rencontrent mon entière approbation. On convient que les délais nécessaires pour les textes, les crédits et les signatures empêcheront ces deux innovations de voir le jour pour la rentrée de Pâques ; elles sont à ajouter à l'ensemble des mesures qui devront être mises en oeuvre dès la fin juin : nettoyage de la résidence, expulsion des clandestins, affectation d'une partie de la résidence à l'enseignement, changements dans le statut de la résidence et du campus.
    Quant aux examens, ils se passeront au Palais des Sports ou au CNIT. Ceux qui refuseront de se présenter aux examens seront rayés du bénéfice des oeuvres et refusés à Nanterre à la rentrée. Ceux qui

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