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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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définitive ; aux familles bourgeoises, il garantit la stabilité pour la génération suivante.
    « Nous risquons de déclencher une panique : panique des étudiants et des lycéens ; panique des parents ; panique des universitaires, qui ont déjà peur de leurs étudiants. Comme l'affaire de l'introduction de la publicité à la télévision, qui provoque une motion de censure mais n'intéresse que le petit clan de la presse écrite, laisse le public indifférent, par rapport au sort du baccalauréat, considéré comme la clé de l'avenir social de tant de jeunes !
    « Plus j'y réfléchis, plus je pense que nous ne pouvons écarter de l'université une partie des bacheliers, sans proposer pour ceux-là une compensation.
    « Nous devons offrir quelque chose de positif dans le domaine de la formation permanente, qui n'est toujours pas organisée : une formation de complément, par correspondance, cours du soir ou stages limités de "recyclage ". Cette formation existe en grand dans tous les pays socialistes (les deux tiers des "étudiants" soviétiques ne le sont qu'en ce sens-là) et dans les pays libéraux (États-Unis, Angleterre, Suède). En France, nous l'avons jusqu'à présent abandonnée, pour l'essentiel, à l'initiative d'entreprises qui se parent de l'épithète d' "universitaire", voire d' "universelle", et dont la prospérité indécente montre qu'elles répondent à un besoin.
    « Je ne crois pas que nous ayons la capacité psychologique, politique, et j'irais jusqu'à dire morale, d'écarter des facultés une partie des bacheliers qui y seraient entrés de plein droit, sans leur offrir en contrepartie une certaine formation qui leur permette d'envisager avec plus de sérénité l'entrée dans la vie professionnelle, bref, qui leur laisse une espérance. »
    La suite de ma lettre montre comment, en pratique, pourra s'instituer cet enseignement universitaire de rattrapage à temps partiel. Il en existe d'ores et déjà un, c'est la capacité en droit : « Dès lors que la capacité sert aujourd'hui aux lycéens recalés du baccalauréat, je ne vois pas comment nous pourrions demain l'interdire aux bacheliers recalés de l'université. » À propos de la formation permanente, j'écris : « L'organisation de la formation permanente est une nécessité économique. Elle se fera tôt ou tard 3 . Pourquoi ne nous en donnerions-nous pas l'avantage, à un moment particulièrement opportun 4 ? »

    La réaction de Pompidou, communiquée par Jobert, est brutale.
    Jobert : « Ce n'était vraiment pas le moment. Le Premier ministre est en plein débat parlementaire sur l'introduction de la publicité à l'ORTF. De toute façon, il ne veut pas entendre parler d'une loi positive, d'une loi créant des types d'enseignement nouveaux. Il la trouve, ce sont ses mots, " outrageusement réglementaire ". Même les dispositions sur le bachot peuvent passer sans une loi. La loi n'a jamais dit que le bachot permettait de continuer des études en faculté. Le baccalauréat est exigé pour les facultés. Il n'est pas dit qu'il est suffisant. »
    Comme je sais que le Général, par principe, est le premier à refuser une loi là où le décret peut suffire, il apparaît qu'on s'achemine vers une décision inattendue : il n'y aura pas de loi sur la sélection.
    Cependant, la lettre semble avoir atteint son but : persuader Pompidou de la nécessité d'un volet « positif ». Mais avec bien des réserves. Jobert me rapporte ces propos : « Dites à Peyrefitte que je ne peux répondre soit oui soit non. Il faut préciser les moyens. Tout ce qu'on peut dire, c'est que des débouchés seront organisés pour les bacheliers qui souhaiteraient compléter leur formation générale en vue d'une formation professionnelle. La formation permanente, qu'on en fasse une thèse d'envolée lyrique, mais que ce ne soit que cela. »

    « Éviter le gaspillage des jeunes »
    Conseil du 24 avril 1968.
    L'approbation des « mesures individuelles » me donne la parole pour présenter la nomination du premier directeur de l'ONIOP,André Bruyère 5 . Le Général tique, car les décrets instituant l'Office ne sont toujours pas sortis.
    GdG : « Naturellement, vous ne ferez paraître sa nomination qu'après la publication des décrets. »
    Pompidou le convainc que c'est une affaire de quelques jours et qu'il est bon de mettre officiellement Bruyère au travail 6 .
    Mais j'attends surtout le moment des communications. De la mienne sur la sélection, rien ne

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