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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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la base de Hao qui a été justement inventée pour qu'on puisse y amener tout ce qui est nécessaire aux expériences sans passer par Tahiti 2 . Au contraire, si un bateau accoste à Papeete, "radio-cocotier" informe toute la Polynésie un quart d'heure après.
    « Ou bien, on joue la transparence, on veut convaincre l'opinion nationale et internationale du bien-fondé de nos expériences et de leur innocuité, et on entame une puissante campagne d'information.
    « Laquelle de ces deux méthodes préférez-vous ?
    Pompidou (il tape de ses deux mains sur les accoudoirs de son fauteuil). — Mais vous n'y pensez pas ! On n'a pas à choisir entre deux méthodes ! Il n'y a qu'une méthode, le secret ! Vous avez posé la question au Général ? Parlez-lui-en, il va vous ramasser. Motuset bouche cousue ; si vous faites une campagne d'information avant la campagne de tirs, il est évident que le monde entier va se soulever d'indignation !
    AP. — Il paraît que les satellites espions des Américains leur permettent de savoir exactement ce que nous préparons d'après les mouvements de bateaux, même si Hao et Mururoa sont des bases secrètes.
    Pompidou. — Ce n'est pas pareil ! Nous ne confirmerons pas, il n'y aura pas d'amorce officielle à une campagne de protestations. Il faudrait que l'administration américaine prenne l'initiative de la lancer, et elle n'osera pas le faire ! La campagne contre nos tirs ne se déclenchera que si nous avons une attitude provocante. Soyons modestes ; prenons des couleurs de muraille. »

    « Rien ne vaut le secret »
    Salon doré, 22 mars 1966.
    Je pose au Général la même question qu'à Pompidou. Faut-il garder les expériences secrètes jusqu'à ce qu'elles aient lieu ? Ou faut-il les annoncer, mais alors se livrer à une grande campagne d'explication, pour l'opinion intérieure et extérieure ?
    GdG (il tape du plat de ses deux mains sur sa table, comme l'avait fait Pompidou sur les accoudoirs de son fauteuil) : « Mais la question ne se pose pas ! Comment pouvez-vous me demander ça ?
    « Vous n'arriverez pas à renverser l'opinion en France. Elle est hostile à la force de dissuasion. Elle le restera, tant qu'une série de faits accomplis ne l'auront pas fait entrer peu à peu dans les esprits, comme un fait irréversible et inéluctable, auquel même l'opposition finira par se rallier. Pourquoi avons-nous construit la base d'Hao, si ce n'est pour pouvoir entreprendre ce que nous voulons à Mururoa et à Fangataufa ? Ces trois atolls inhabités sont miraculeusement disposés pour que nous mettions au point notre armement atomique à l'abri des regards indiscrets. Et vous voudriez convoquer le ban et l'arrière-ban! Il n'y a qu'une conduite à tenir, qui devra être maintenue à l'avenir : nous ne parlons jamais de ces expériences à l'avance. Nous verrons plus tard si nous les annonçons le lendemain de chaque explosion, ou si nous attendons la clôture de la campagne, ce qui serait encore mieux.
    AP. — Il est probable que les Australiens, ou les Néo-Zélandais, ou les Américains annonceront nos tirs dès qu'ils les auront détectés.
    GdG. — Ben, s'ils les annoncent, nous ne démentirons pas, nous ne confirmerons pas. Nous attendrons que notre rafale soit terminée. Peu à peu, les gens se feront à l'idée que nous avons tranquillement poursuivi nos recherches et mis au point notre armement. Ce sera chaque fois un fait accompli de plus, sur lequel, sinous le répétons suffisamment de fois, personne ne pourra plus revenir. Mais n'allons pas faire de la provocation, en prenant la terre entière à témoin de nos projets !
    AP. — Nous serons en contravention avec la Convention de Moscou, qui interdit les expériences aériennes. Nous serons les seuls à la violer.
    GdG. — Raison de plus ! Rien ne vaut le secret. »
    (Si Pompidou manifeste parfois à l'égard des choix du Général une réserve de plus en plus agacée, les principes fondamentaux que lui a enseignés l'auteur du Fil de l'épée l'imprègnent toujours autant.)
    Trois décennies plus tard, Jacques Chirac, à peine installé à l'Élysée, devait, sur le conseil de ses experts en communication, choisir la méthode de la transparence.
    Il annonça le 13 juin 1995 son intention de procéder à partir de septembre à une série d'expériences souterraines pour permettre ensuite de s'en passer par simulation. Cette annonce allait déclencher une tempête planétaire d'une rare violence, aggravée par la

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