Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
l'appliquer.
    « La recherche scientifique, n'oubliez jamais qu'elle doit se doubler de la recherche technique. Et même, à la rigueur, la recherche fondamentale n'est pas indispensable à la recherche technique, alors que la recherche technique est indispensable pour que la recherche fondamentale débouche dans la pratique. Renseignez-vous sur les Japonais. Il paraît qu'ils ne font presque rien en recherche fondamentale, ils se contentent de se mettre au courant de ce que font les Américains ; mais, en revanche, ils sont très forts en recherche technique.

    « Ce que nous choisissons de faire, nous devons le faire aussi bien que possible »
    AP. — Devant les avancées de la science, êtes-vous pessimiste ou optimiste ?
    GdG. — Les deux. J'espère que les scientifiques dispenseront l'homme de ses tâches répétitives, le libéreront, le rendront plus capable d'initiatives. Mais je m'inquiète de voir s'installer une société de masse qui serait mécanisée et esclave d'une machine qui lui échappe.
    « De toute façon, notre progrès scientifique et technique est nécessaire à notre indépendance nationale et à notre grandeur.
    « La France n'est qu'une puissance moyenne (il insiste avec dérision sur ce qualificatif qui appartient à l'arsenal de ses adversaires) par ses dimensions et par ses ressources ; il faut donc les gérer avec rigueur. Mais elle a un grand passé ; elle a besoin de sentir qu'elle a un grand avenir, et que cet avenir est essentiel non seulement pour elle-même, mais pour l'avenir de l'humanité. Alors, nous ne pouvons pas tout faire, mais ce que nous choisissons de faire, nous devons le faire aussi bien que possible. Votre rôle est d'y veiller. »

    « Débrouillez-vous ! »
    Mardi 1 er février 1966.
    Après le briefing de Limeil, le debriefing.
    Je retransmets à Robert Hirsch les mauvaises impressions que le Général a retirées de sa visite au centre de recherches. Il n'a pas la prétention de suggérer dans quelle voie il faudrait chercher une solution ; mais il s'inquiète de sentir qu'on n'en trouve aucune. Je ne peux que lui faire passer le message, en recommandant à Hirsch de le prendre en très sérieuse considération.
    Hirsch semble très affecté de l'avertissement. Il défend courageusement ses collaborateurs ; mais je ne doute pas qu'il finisse par faire comme son ministre : il va exercer de haut en bas une pression au moins égale à celle qu'il a reçue de moi.
    Quelques semaines plus tard, j'apprends que Robert, directeur des applications militaires, fait le ménage dans son équipe. Que ce soit juste ou injuste, il se sépare entre autres des chercheurs brillants, mais qui avaient eu le tort de ne pas trouver.

    « Débrouillez-vous ! » m'avait dit le Général. Le principe est simpliste, injuste, inhumain. Mais il n'est pas dénué d'efficacité.
    1 Robert Hirsch, préfet, administrateur général du CEA depuis 1963 (et jusqu'en 1970).
    2 Francis Perrin, fils de Jean Perrin (prix Nobel de physique 1926 et sous-secrétaire d'État à la Recherche dans le gouvernement du Front populaire), normalien, professeur au Collège de France, haut-commissaire de 1950 à 1970.
    3 Jacques Robert, directeur des Applications militaires de 1960 à 1970.
    4 Félix Gaillard joue un rôle capital à deux reprises : comme secrétaire d'État à la présidence du Conseil en juin 1952, en faisant adopter par l'Assemblée nationale un « plan de développement de l'énergie atomique » ; et comme président du Conseil, le 11 avril 1958, en fixant la première explosion nucléaire à Reggane au premier trimestre 1960.
    Trois autres présidents du Conseil ont donné d'importants coups de pouce à la fabrication de la bombe : Pierre Mendès France en décidant, après une grande réunion au Quai d'Orsay, le 26 décembre 1954, de créer un « Bureau des études générales au CEA », future direction des applications militaires, qui allait être confié au général Buchalet ; Guy Mollet qui, après avoir exclu tout armement nucléaire pour la France, bascula, après la désastreuse expédition de Suez, qui lui avait fait mesurer la malveillance des États-Unis envers nos velléités d'indépendance, et lança le projet de Pierrelatte ; enfin Bourgès-Maunoury, qui accéléra les préparatifs au Sahara.
    5 Le mot chienlit, révélé au public en mai 68, faisait depuis longtemps partie du vocabulaire courant mais intime du Général.

Chapitre 4
    POMPIDOU: « C'EST UNE ABSURDITÉ DE

Weitere Kostenlose Bücher