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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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rassurants que font espérer les modèles théoriques. Nos ingénieurs et nos chercheurs maîtriseront des problèmes nouveaux pour eux. Par exemple, utiliser systématiquement des ballons, ou capter des informations qui doivent parvenir aux enregistreurs quelques nanosecondes 2 avant que l'explosion ne détruise les câbles chargés de les transmettre. On fera exploser aussi une vraie bombe de série, telle qu'elles sont livrées aux aviateurs ; ils en seront rassurés. On pourra acquérir la parfaite maîtrise de l'armement atomique, en attendant le jour où on aura pénétré dans les arcanes de la fusion thermonucléaire.
    GdG. — Mais on aurait quand même pu s'en passer ! On aurait pu aussi faire l'économie de Pierrelatte...
    AP. — Là aussi, il ne faut pas trop le regretter. Pierrelatte sera nécessaire pour fournir du combustible aux moteurs de sous-marins nucléaires, encore que les Américains nous proposent de nous envendre pour cet usage. Et l'uranium enrichi, quand on en aura, donnera plus de souplesse dans la conception des armes H. De toute façon, la construction de Pierrelatte permet aux ingénieurs du CEA et aux entreprises associées de maîtriser des technologies avancées dont ils ignoraient tout.
    GdG. — Enfin, soit ! Vous avez le plutonium, des sites qui fonctionnent, des équipes de qualité. Vous aurez l'uranium enrichi. Maintenant, il faut qu'on passe rapidement à la bombe H. C'est votre affaire ! »
    « Débrouillez-vous ! » Ses injonctions entendent me responsabiliser et même me culpabiliser. Si nous ne réussissons pas à déboucher, ce sera ma faute. Ce qui ne veut pas dire que si nous réussissons, ce sera grâce à moi.
    1 Le successeur de Francis Perrin sera Jacques Yvon, nommé en 1970.
    2 Nanoseconde : milliardième de seconde.

Chapitre 6
    « VOUS ÊTES INEXCUSABLE»
    Conseil du 3 juillet 1963.
    Quand Palewski présentait des projets modestes, dont le Général avait quelque peine à se contenter, je ne me doutais pas que, deux ans et demi plus tard, j'aurais la charge de nos ambitions et de nos résignations.

    Palewski présente un projet de loi autorisant la ratification de deux conventions : l'une instituant un Centre européen pour la construction et le lancement d'engins spatiaux (CECLES, alias ELDO 1 ) ; l'autre instituant une Organisation européenne de recherches spatiales (ESRO 2 . Il commente: «L'entrée des nations européennes dans la compétition spatiale réclame des charges financières et des collaborations étendues. La France peut certainement construire ses propres fusées pour la mise en service de satellites légers. Mais la recherche et la production d'engins lourds sont infiniment plus onéreuses et ne sont pas à sa portée. Le Centre européen pour la construction et le lancement d'engins spatiaux (CECLES) est chargé de construire un lanceur pour mettre en orbite un satellite d'une tonne, à partir de 1966, et d'étudier simultanément d'autres programmes plus ambitieux.
    GdG. — Il faut se résoudre à faire avec d'autres ce que la France ne pourrait pas faire toute seule, mais ce n'est pas sans un effort sur moi-même que je m'y résigne. »

    « Les Européens seront-ils fichus de contrer le monopole de l'industrie américaine ? »
    Conseil du 28 octobre 1964.
    Le Général s'en voulait d'avoir accepté de reprendre la fusée Blue Streak, dont les Anglais n'avaient plus que faire après avoir reçu l'offre des Polaris (assortie du contrôle de leur emploi par les Américains).
    Après le Conseil, il me déclare : « J'ai eu la faiblesse de permettre à Macmillan de me refiler sa fusée. Je le voyais tellement accablé à l'idée que nous faisions le Marché commun malgré ses injonctions de ne pas le faire, et encore plus accablé quand il comprenait bien que nous lui en fermerions la porte. Il a bien fallu que je fasse un geste. J'ai fini par accepter son idée d'un projet spatial commun. Il m'a prétendu que l'exploitation de Blue Streak serait parfaitement rentable. Si c'était tellement vrai, il ne nous aurait pas repassé le bébé.
    AP. —Au lieu de supporter 100 % du coût du développement de la fusée, les Anglais n'en supporteront plus que 40 %. C'est un gros avantage pour eux, même s'ils doivent partager ensuite les bénéfices en proportion.
    GdG. — En attendant, le résultat est positif pour eux, puisqu'ils sont soulagés de 60 %. Il est négatif pour nous, puisque nous payons sans aucune contrepartie. C'est seulement si la

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