Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
qui nous le remplacerions alors. Je lui dis que je ne vois que deux hommes possibles : Néel, mais, à un an près, il a le même âge que Perrin ; Abragam, mais il ne fait pas encore peut-être tout à fait le poids ; et comme il est « de gauche », je ne suis pas sûr qu'il soit rallié à la force de dissuasion 1 .
    GdG : « Puisqu'il s'agit de pavillon, il faudrait qu'Abragam ou Néel puisse obtenir le prix Nobel, quels que soient mes sentiments à l'égard du prix Nobel lui-même. »

    « Les criailleries des vieilles filles anglo-saxonnes »
    J'aborde la question du Sahara et des essais nucléaires souterrains.
    AP : « Nous ne savons pas encore si les conditions de forage et la structure géologique des atolls nous permettront de faire des expériences souterraines dans les atolls de Mururoa et Fangataufa. Dans cette incertitude, il me semblerait préférable de garder plus longtemps le site d'In Ekker au Sahara, qui se prête à des expériences souterraines.
    « La moitié des expériences à prévoir pour les prochaines années pourront se faire au Sahara. Cela nous ferait gagner du temps de pouvoir faire une campagne au Sahara entre les campagnes biennales au Pacifique.
    « De toute manière, nous ne savons pas comment se dérouleront les tirs de cet été. Mais il est probable que nous ne trouverons rien de plus pratique et à meilleur marché, s'il paraît nécessaire de procéder ultérieurement à des explosions souterraines.
    GdG. — Naturellement ! Le site le moins cher est celui où l'on est déjà. Je pense même qu'il nous faudrait rester à Colomb-Béchar et à Hammaguir, sinon il y a un risque que d'autres prennent notre place.
    AP. — Le ministre des Armées y est hostile car le gardiennage coûte cher.
    GdG. — Je sais bien, mais il faut absolument trouver un moyen de maintenir notre présence.
    AP. — Il faut donc négocier avec les Algériens ?
    GdG. — Ce ne sera pas commode. L'Algérie est fragile. Les Algériens n'ont pas encore trouvé d'autre moyen d'exister que de nous haïr. Ce n'est pas une solution sûre pour l'avenir. Alors que, la Polynésie, c'est à nous. Nous n'avons rien à y craindre, si ce n'est les criailleries des vieilles filles anglo-saxonnes. C'est là-dessus qu'il faut miser. Êtes-vous sûr qu'on ne pourrait pas faire des expériences souterraines à Mururoa et Fangataufa ? Essayez de voir ça. »

    « Je m'en doutais, on nous raconte des fariboles »
    Salon doré, 6 juillet 1966.
    Le Général a quand même un flair singulier. Sur les objections qu'on lui avait faites, et qu'on m'avait confirmées, j'ai fait une enquête approfondie, dont je lui rends compte.
    AP : « On prétendait qu'une mobilisation massive de nos forces navales serait nécessaire pour entourer les sites d'un cordon sanitairede nature à interdire la zone dangereuse. Plusieurs séances de travail ont fait apparaître qu'en accrochant les bombes à des ballons captifs, retenus par des câbles en altitude, on réduirait la pollution à presque rien : la boule de feu ne se grossirait pas des matériaux du sol ; elle n'atteindrait ni l'atoll, ni la mer, et monterait rapidement ; le nuage, beaucoup moins radioactif, se disperserait plus aisément. La zone à surveiller et à protéger serait réduite d'autant. On n'aurait plus besoin d'autant de bateaux. On pourrait donc procéder à une campagne de tir chaque été, ce qui devrait réduire les délais d'expérimentation de moitié.
    « Autre découverte : les engins thermonucléaires n'exigent nullement l'uranium enrichi de Pierrelatte. Les Anglais ont réalisé les leurs avec du plutonium, que nous fabriquons en abondance.
    « Enfin, les trois pays qui nous ont précédés, les États-Unis, l'URSS et le Royaume-Uni, ont fait leurs premières expériences thermonucléaires sans posséder les ordinateurs géants dont on nous prétend qu'ils sont indispensables, et qui n'existaient pas encore. »
    Le Général m'a écouté sans m'interrompre, en me regardant intensément : « Je m'en doutais. On nous raconte des fariboles. Tout ça veut-il dire que les expériences auxquelles nous procédons cet été ne nous feront pas progresser dans la voie du thermonucléaire ?

    « On aurait pu faire l'économie de Pierrelatte »
    AP. — Probablement. Mais elles ne seront pas totalement inutiles. Elles permettront de roder le site du Pacifique, de vérifier que des tirs plus puissants, effectués sous ballon, donnent en fait de pollution les résultats

Weitere Kostenlose Bücher