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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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commémoration du cinquantenaire des bombes d'Hiroshima et Nagasaki — que les experts en communication avaient oublié d'intégrer dans leurs calculs. La France sera clouée au pilori et lâchée par ses amis — y compris ses partenaires de l'Union européenne. Seule l'Angleterre saura se montrer discrète. Chirac, mal conseillé, n'avait pas davantage suivi la méthode de son maître Pompidou, que celle du maître de son maître.
    1 Badinguet : surnom donné par l'opposition républicaine à Napoléon III.
    2 Hao est inhabitée, mais occupée par des militaires.

Chapitre 5
    « IL S'AGIT D'UNE OPÉRATION GIGANTESQUE »
    Conseil du 2 mars 1966.
    Messmer revient du Pacifique, où il a été inspecter une nouvelle fois l'installation du site de tirs atomiques : « C'est impressionnant. Nous avons construit quatre ports, à Papeete, Hao, Mururoa et Fangataufa. Trois aérodromes de classe A, à l'égal des plus grands du monde. Des ateliers et un arsenal à Papeete. L'infrastructure proprement dite des tirs a absorbé 100 000 tonnes de béton. Nous avons surmonté les énormes difficultés accumulées par la dimension de l'entreprise, la brièveté des délais, la complexité des travaux, l'éloignement du chantier. Les prix ont été tenus, à 10 % près. La première campagne de tirs va commencer. La sécurité biologique et chimique, directe et aussi indirecte, par les poissons et les coquillages, est naturellement un objectif absolu. Il faudra à terme conserver le niveau d'emplois que ces travaux induisent. Le centre d'essais est la porte par laquelle le progrès entre en Polynésie.
    GdG. — Vous avez bien marqué qu'il s'agit d'une opération gigantesque. Quels que soient les résultats, les expériences se poursuivront méthodiquement pendant dix ans. Elles feront de nous une véritable puissance atomique. Quant à la Polynésie, après, il faudra lui trouver un destin, sans doute touristique. »

    « Mettez la pression ! »
    Salon doré, 22 mars 1966.
    Le Général a ménagé du temps pour examiner avec moi tous les problèmes en cours.
    D'entrée, il me pose la question qui l'obsède : « Alors, la bombe H ? Ils ont la solution ?
    AP. — Plusieurs chercheurs trouvent plusieurs solutions. Un normalien a trouvé un système qui nous garantit la fusion, mais qui est très lourd et volumineux. Son rendement est médiocre : il ne fait que doubler l'énergie produite par la fission, alors qu'un véritable engin thermonucléaire peut, selon les spécialistes, produire une mégatonne d'énergie à partir d'une fission initiale d'une dizaine de kilotonnes. Il double, au lieu de centupler ! L'efficacité de ce système est dérisoire ; il ne permettra pas de militariser des engins qui devraient faire trois mètres de long et un mètre de diamètre. Donc, on n'a toujours pas trouvé le "truc ".
    GdG. — C'est fâcheux. Mettez la pression ! Comment faites-vous pour exercer votre autorité ? Organisez-vous pour cela.
    AP. — Je reçois chaque semaine, pour une longue séance de travail, l'administrateur général du Commissariat, Robert Hirsch, accompagné quelquefois de Francis Perrin. Le premier est très organisé ; on peut s'appuyer sur lui. Le second sert de caution par rapport à tous ces chercheurs "de gauche " dont Joliot avait bourré le CEA et qui, peu à peu, se font à l'idée que des progrès en matière militaire ne font pas obstacle à la recherche civile et même ont des "retombées" qui lui sont favorables.

    « Vous avez besoin d'un pavillon pour couvrir la marchandise ? »
    « Cela dit, Perrin nous pose un problème. Sa capacité de découverte s'est un peu amortie ; il n'a plus le même pouvoir attractif sur les jeunes. Mais son prestige est grand chez les scientifiques, en France et dans le monde.
    « À l'heure actuelle, j'estime que cette qualité l'emporte sur ce défaut. Cet été, nous allons procéder à des tirs aériens pour la première fois en contravention avec les accords de Moscou. Nous ne savons pas quelles seront les réactions dans les milieux intellectuels français. Il ne serait pas prudent de se séparer de lui dans cette période.
    GdG. — Vous avez besoin d'un pavillon pour couvrir la marchandise ?
    AP. — Exactement. Au point qu'il ne serait pas prudent de ne le prolonger que jusqu'à l'an prochain, car cela paraîtrait cousu de fil blanc. Je préconise donc de le prolonger jusqu'en 1968. »
    Après une brève discussion, le Général me donne son accord. Il me demande par

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