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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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M. Peyrefitte, le problème, maintenant, c'est l'application de ces accords. M. Debré ira dans quelques jours pour la première réunion de la " grande commission". Dans le domaine financier, le contrat Renault est signé ; il reste des ajustements. Il subsiste aussi des difficultés pour nos importations, à régler sur place.
    Debré. — On a fait un pas considérable pour Renault. On a fait plus que les Italiens. Mais on n'a pas posé de règles générales : il faut varier les contrats, leur nature et leur valeur. Les Russes ne nous ont pas acheté ce qu'ils auraient dû.
    Pompidou. — Il faut, bien sûr, développer ces échanges avec l'Est. Mais ce qui m'inquiète, c'est que nous prenons des décisions unilatérales. Alors que c'est du troc. Nous sommes entraînés. Nous donnons deux fois.
    GdG. — Mais qu' est-ce qu'on fait donc pour inciter le patronat à sortir de sa réserve ? Qu'est-ce qu'on fait pour qu'il ne traîne pas éternellement les pieds, comme si on lui demandait de négocier avec le diable ? Il ne voit pas la différence entre se mettre d'accord avec un syndicat communiste dans une entreprise et négocier avec un État communiste en vue d'une politique d'échanges, pour laquelle nous devrions donner l'exemple aux autres, alors que nous restons à la traîne.
    Pompidou. — Le patronat est en train de changer. Paul Huvelin 2 vient de vendre une usine à la Bulgarie.
    GdG. — Ne peut-on aller plus loin que ça ?
    AP. — Oui, mais ils risquent de copier nos modèles. Ils sont très en retard dans beaucoup de domaines. Ils veulent capter la technique américaine à travers nous. Ils connaissent mieux notre industrie que nous-mêmes. Ils ont un carnet d'adresses étonnamment bien pourvu. Mon homologue Gvichiani, qui enseigne le management moderne à l'université de Moscou tout en dirigeant son ministère et qui fait faire ses costumes à Londres, vient systématiquement en France rencontrer des chefs d'entreprise. Si l'on voulait suivre son activité, il faudrait instituer un secrétariat permanent qui ne ferait rien d'autre.
    GdG. — On ne pourrait pas aller plus loin en matière spatiale ? Les Soviétiques devraient nous aider à lancer nos satellites. Nous ne serions pas ainsi tributaires seulement d'ELDO et de la bonne volonté des Anglais, c'est-à-dire des Américains.
    Pompidou. — Ils ne nous aideront pas pour les fusées.
    AP. — Ce n'est pas mon sentiment. Ils ne souhaitent que cela. Peut-être serait-ce nous mettre trop dans leur dépendance ? Mais si nous avons deux fers au feu, nous retrouvons une liberté de mouvement.
    GdG. — Tirons-nous quelque chose des États-Unis ?
    AP. — Ils ne font rien gratuitement. Ils se font payer au prix fort et nous dépendons déjà tellement d'eux pour toutes sortes de technologies, que toute dépendance nouvelle diminue encore nos possibilités d'échapper à leur emprise. »

    Pompidou : « Je suis hostile à ce que l'on fasse carrière au CNRS ! »
    Matignon, jeudi 17 novembre 1966.
    Pompidou est disponible et de bonne humeur. Je lui dis d'abord mon souhait qu'il assiste au moins partiellement au débat sur la « loi Recherche ». Il accepte aussitôt, convoque sur-le-champ Mme Dupuy 3 et fait modifier ses rendez-vous en conséquence.
    Il est conscient de la fâcheuse réputation que lui ont donnée, dans le monde universitaire, les boutades qu'il a pu lancer ; de l'hostilité des milieux voisins de Robert Debré, père de Michel Debré : Laurent Schwartz, François Jacob. « Ne vous fatiguez pas, je sais que ces gens-là ne supportent pas les idées que j'ai exprimées, à propos du CNRS, dans des conversations privées et qui ont été aussitôt répercutées, comme si je parlais officiellement. Mais ils ont tort et j'ai raison ! Je voudrais que les chercheurs ne soient pas d'éternels étudiants ! Il faut qu'ils soient reversés à l'enseignementau bout de quelques années, sauf si l'importance de leurs découvertes est telle qu'il faut les prolonger pour leur permettre d'en tirer tous les fruits. Je suis hostile à ce que l'on fasse carrière au CNRS ! Il faudra bien qu'on y arrive un jour ou l'autre. Mais je n'ignore pas que cela me donne une mauvaise réputation. » (Il laisse paraître qu'il cherche à s'en débarrasser.)
    Il approuve les intentions que je lui indique : apporter des précisions inédites sur les programmes de pointe, associer le Parlement à un effort d'organisation de la recherche, faire de la recherche un thème

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