Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
partir de 71 »
    Je confie à Pompidou mes soucis pour le programme thermonucléaire.
    AP : « Les scientifiques purs pourraient sans doute, mais ne veulent pas. Les techniciens voudraient bien mais, tout seuls, ne peuvent pas. Chacun campe sur ses positions. Chacun est persuadé de la supériorité de son idée sur les idées concurrentes. Il y en a une dizaine. Aucune ne s'impose. Or, le Général m'a recommandé de tout faire pour que les premières explosions thermonucléaires aient lieu en 68. (Je ne lui dis pas que le Général m'a annoncé son intention de ne pas rester au-delà, mais lui-même a dû faire entre-temps le même raisonnement. Il boit mes paroles.)
    Pompidou. — 68, si vous pouvez, ce serait évidemment le mieux. Mais en tout cas, 70 ! Il faut que tout soit terminé en 70 ! Pas question de faire des tirs aériens à partir de 71. »

    Pompidou : « Nous sommes les seuls à être copiés et à ne pas nous débrouiller pour copier un peu les autres »
    Il ajoute en baissant la voix, comme le Général quand il veut parler d'un sujet confidentiel : « Ne pourrait-on pas avoir des tuyaux par un atomiste américain ou anglais ? Ils sont au moins cent ou deux cents à tout savoir. Ne pourrait-on pas en débaucher un ou deux à coups de millions ? »
    Il se lève de son fauteuil, ce qui est très inhabituel chez lui, et se met à marcher de long en large tout en continuant à parler à voix basse.
    « Il faut vraiment que nous soyons naïfs pour n' avoir rien fait sur ce plan depuis vingt ans ! Pourquoi n'en inviterions-nous pas un, pour faire des cours de physique théorique à Orsay et pour lui donner quelques bons millions supplémentaires (par les fonds spéciaux, naturellement) ? C'est tout de même extraordinaire que nous soyons les gogos de l'affaire ! Les Américains ont fait leur bombe en tirant parti des découvertes des deux Curie et des deux Joliot. Les Anglais, en tirant parti de leur travail en commun avec les Américains. Les Soviétiques, grâce à l'espionnage et aux savants anglais qui les ont rejoints. Les Chinois, grâce aux Soviétiques qui avaient la naïveté de croire que la Chine serait leur toutou ! En somme, tous sont arrivés en copiant. Et nous sommes les seuls à être copiés et à ne pas nous débrouiller pour copier un peu les autres. Ce n'est pas de l'honnêteté, c'est de la bêtise. (Je crois entendre le Général qui lui a sûrement fait le même numéro, mais sans tirer la même conclusion.)
    « En tout cas, dites-vous bien ceci : nous resterons figés au niveau où nous serons parvenus en 70. Si on est arrivé au niveau H, tant mieux, sinon tant pis. »

    Pompidou : « Le Général, oui. Mais nous ? »
    Il ajoute plus bas, sur un ton de confidence : « D'ailleurs, qu'est-ce que ça peut faire, dites-moi ? »
    Je proteste en lui disant qu' entre la bombe A et la bombe H, il n' y a pas seulement une différence de puissance, il y a une différence de nature. Tant que nous ne serons pas arrivés au niveau H, nous ne serons pas dans la cour des grands. Les Anglo-Saxons et les Russes savent et sauront exactement à quel point nous en sommes.
    « Vous savez bien que le Général ne peut pas en supporter l'idée. »
    Pompidou avec un sourire goguenard : « Le Général, oui. Mais nous ? »
    Pompidou n'avait jusqu'à présent d'autre arme que l'absolue confiance du Général. Comme directeur de cabinet en 1958,comme chargé de missions secrètes en 1961 en direction du FLN, comme Premier ministre inconnu en 1962 et même de plus en plus connu, jusqu' en 1965, Pompidou n' avait besoin d'aucun accréditif. Chacun savait que, quand il parlait, c'était selon les instructions du Général. L'appareil du mouvement gaulliste et celui de l'État lui obéissaient sans un murmure. Il n'avait pas besoin de se vanter de son harmonie complète avec le Président de la République. Personne n'aurait eu l'idée d'en douter.
    Mais, depuis le ballottage, il y a quelque chose de changé. Pompidou fait entendre de plus en plus souvent un son qui n'est plus le même que celui du Général.

    « Qu'est-ce qu'on fait pour que le patronat ne traîne pas éternellement les pieds ? »
    Conseil restreint du 17 octobre 1966.
    La coopération avec l'URSS bute sur l'industrie.
    Couve : « Après la signature d'un accord-cadre en juin pendant la visite du Président de la République, après la mise au point, à Moscou, ces jours derniers, des règles de la coopération scientifique et technique par

Weitere Kostenlose Bücher