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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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constitutionnel, plutôt que les convoquer. Ce que le Général m'avait reproché : « Ce n'est pas au gouvernement de faire antichambre, c'était à eux de venir dans votre bureau. » Voir C'était de Gaulle, t. II, II e partie, ch. 15.
    5 Fonds interministériel pour l'aménagement du territoire : ce sont les fonds dont la DATAR prépare l'usage. Elle est alors dirigée par Olivier Guichard, sous la tutelle directe de Pompidou.

Chapitre 13
    « L'ARME TACTIQUE, JE N'Y TIENS PAS PLUS QUE ÇA »
    Élysée, Conseil de défense, jeudi 10 novembre 1966.
    Messmer : « Dans la suite des Conseils de défense de 1963 et de 1965, nous devons décider aujourd'hui même le nombre de charges nucléaires tactiques à fabriquer. »
    Le Général enchaîne en faisant préciser par les chefs d'état-major des trois armes la répartition de ces charges.
    J'interviens ensuite :
    AP : « Je suis préoccupé. Je dois faire remarquer que le Conseil de défense de 1963 avait fait une réserve sur la répartition du plutonium produit par nos réacteurs, entre usage civil et usage militaire. Le Conseil de défense de 1965 comportait encore cette réserve, bien que moins nettement formulée. Je ne souhaiterais pas que, d'une réunion à l'autre, nos stocks de plutonium à vocation civile s'amenuisent et disparaissent. Je suis obligé de réitérer les réserves formulées par mes prédécesseurs et même de les préciser.
    Messmer. — Je ne peux accepter ce point de vue. Depuis les Conseils de défense de 1963 et de 1965, il y a eu des faits nouveaux. Nous sommes sortis de l'OTAN. Nous n'avons plus la disposition des engins nucléaires tactiques que les Américains nous confiaient. Notre armée ne peut pas être moins pourvue que lorsque nous étions intégrés. »
    Bougon, le Général me demande de préciser les productions de plutonium présentes et à venir, ainsi que leur destination. Je fais les comptes.
    GdG : « Vous mentionnez une réserve très importante pour Phénix. Pouvez-vous expliquer de quoi il s'agit au juste. (N'en a-t-il jamais entendu parler, ou superficiellement ?)
    AP. — Si le programme Phénix réussit, nous pourrons disposer d'une filière de réacteurs dits surgénérateurs qui permette de recueillir, au bout d'un certain nombre d'années, deux fois plus de plutonium qu'on n'en a mis initialement, et donc de contribuer ainsi, d'une façon décisive, à l'indépendance énergétique de la France, compte tenu du doublement tous les dix ans des besoins en énergie : ce serait en quelque sorte le mouvement perpétuel !
    Pompidou. — Ce que dit le ministre de la Recherche sur Phénix est important. Je ne m'inquiète pas trop des risques d'EDF et des réserves à faire pour ses centrales, mais nous devons admettre le programme Phénix comme un programme prioritaire. Je préconise donc l'adoption d'un programme militaire qui soit compatible avecle programme Phénix. Il faudrait aussi chercher ailleurs : pouvons-nous nous approvisionner en plutonium civil à l'étranger pour sortir de ce goulot d'étranglement ?
    Couve (à voix basse, pour moi). — Pensez-vous que nous pourrions en demander aux Soviétiques ?
    AP. — Il serait dangereux de nous mettre dans la main des Américains pour le programme Phénix, destiné, s'il réussit, à assurer notre indépendance énergétique. En revanche, il ne me paraît nullement exclu de diversifier nos sources d' approvisionnement en plutonium. »

    « Il faut un armement tactique dans la formule minimum »
    Le Général, ébranlé par cette discussion, conclut avec une grande clarté :
    GdG : « 1) Il faut s'en tenir à la décision de faire un armement tactique dans la formule minimum ;
    « 2) On réexaminera la question d'ici deux ans pour savoir si les réserves formulées par le ministre des Questions atomiques peuvent être levées. Soit par amélioration des perspectives d'EDF, ce qui permettrait d'accroître la production de plutonium ; soit par suite d'une meilleure connaissance de la production de Pierrelatte en uranium 235 et de son utilisation pour le substituer au plutonium ; soit par l'ouverture de possibilités d'un approvisionnement diversifié à l'extérieur. »
    Or, le relevé de décisions du Conseil de défense que je reçois le lendemain, à ma grande surprise, porte le chiffre maximum et non le chiffre minimum.
    De pareilles différences entre la délibération orale et les conclusions écrites sont rares, mais pas inconnues. Le Général, dans le débat,

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