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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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privilégié de la majorité, au lieu de laisser l'opposition s'en servir comme d'un de ses chevaux de bataille.

    Pompidou : « Allez-y doucement ! Massé n'est pas n'importe qui »
    Le Premier ministre se montre soucieux des difficultés techniques de la centrale d'EDF 3 et de la centrale de Chooz, dont je lui fais part. Il trouve tout à fait normal que je cherche à réagir. « Quelles solutions proposez-vous ?
    AP. — Il me semble que la méthode de travail d'EDF est trop dirigiste. Les ingénieurs d'EDF veulent tout commander par eux-mêmes. Ils ne font pas confiance aux entreprises et leur concèdent des travaux par petits bouts, préalablement saucissonnés. Les entreprises se sentent déresponsabilisées. Au contraire, le CEA délègue à une entreprise, ou à un tout petit nombre d'entre elles, la responsabilité de l'ensemble. Il se contente de donner les directives générales, de contrôler le déroulement des travaux et, après coup, leurs résultats : les entreprises sont mises en responsabilité.
    Pompidou. — Votre analyse correspond à mes convictions instinctives, mais on ne me l'avait pas encore faite. Parlez-en donc avec Massé (patron d'EDF), invitez-le à déjeuner, faites-lui part de vos inquiétudes, qui sont aussi les miennes. Mais allez-y doucement ! Ce n'est pas n'importe qui. » (Toujours ce même respect pour les hommes vénérables qui ont une situation acquise 4 .)

    « L'aérotrain : quel est l'état d'esprit de votre SNCF ? »
    Conseil du 30 novembre 1966.
    Encore un grand projet : le train sur coussin d'air, l'aérotrain, inventé par l'ingénieur Bertin. Pisani présente deux projets de loisur le sujet : « Techniquement, les essais faits en modèle réduit sont très satisfaisants. Il faut maintenant passer à l'expérimentation grandeur nature. On en est à choisir le meilleur site pour construire une voie d'essai. Sur le plan fonctionnel, on hésite encore sur la vocation de ces trains.
    GdG (allant droit à la difficulté). — Voilà un beau projet. Mais pouvez-vous nous dire dans quel état d'esprit votre SNCF l'envisage ? (Votre, dans le vocabulaire gaullien, n'est pas aimable.)
    Pisani. — Son état d'esprit est très positif. Pour elle, il s'agit de reconquérir la palme de la haute vitesse. Avec le train sur coussin d'air, Bordeaux et Lyon resteront dans le domaine du chemin de fer, qui pourra faire concurrence à l'avion. Elle n'est pas fixée sur un système aux dépens d'un autre, mais elle est fermement décidée à résister à la pression de l'avion et même à renverser le courant.
    Pompidou. — Je rappelle que les premiers essais ont été financés par le FIAT 5 . Évidemment, la SNCF sera le bénéficiaire final de l'opération, mais au stade actuel, l'entreprise doit rester entre les mains du gouvernement. En passant, je recommande que nous adoptions le terme " aérotrain " pour désigner le " véhicule sur coussin d'air ". Pour un train rapide, la moindre des choses est d'adopter un mot bref.
    GdG. — J'observe une nouvelle fois que le caractère extensif de l'Aménagement du territoire et la réserve de crédits dont il dispose permettent de financer des opérations que les administrations ne pourraient pas prendre à leur charge. »
    Ne pourraient pas ou ne voudraient pas ? Car la première question du Général, sur l'état d'esprit de la SNCF, était pertinente. J' ai été prévenu qu'il était loin d'être aussi favorable que le prétend Pisani. L'inventeur de cette technique révolutionnaire, Bertin, est venu me conter les misères qu'on lui fait. Il n'est pas du sérail des ingénieurs de la SNCF, qui freinent des quatre fers. Il a fallu trouver le biais d'un financement par la DATAR pour mener l'expérimentation, que la SNCF avait refusée. Les aérofreins plutôt que l'aérotrain...
    Le désintérêt actif de la SNCF devait finalement avoir raison de cette technique, à laquelle fut préféré le TGV...
    1 Le V e Plan avait prévu un accélérateur à particules de 15 GEV (gigaélectrovolts), sur les instances de Blanc-Lapierre et de Leprince-Ringuet, pour 130 millions. En 1966, les mêmes affirment que ce projet est dépassé et qu'il faudrait désormais un accélérateur de 45 GEV, qui coûterait 450 millions. Mais le CERN de Genève, de son côté, doit faire un 300 GEV.
    2 Président du CNPF depuis 1966.
    3 Chef de cabinet du Premier ministre.
    4 Il m'avait ainsi conseillé d'aller rendre visite à Léon Noël et à René Cassin au Conseil

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