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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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servir ?

    « Les Chinois vont à grands pas parce qu'ils ne font que l'essentiel »
    GdG. — Il est indispensable d'avoir un minimum. Il faut que les Allemands, les Algériens ou les Tunisiens sachent que si jamais ils voulaient nous créer des ennuis, nous pourrions les écraser aisément. Et d'ailleurs, ils le savent. Et c'est la raison pour laquelle ils se gardent bien de nous faire des ennuis.
    AP. — Mais est-il nécessaire d'avoir des centaines d'armes en stock, notamment d'armes tactiques, pour assurer cette dissuasion ? Les Etats-Unis ont mis fin à la guerre avec le Japon avec deux bombes de moins de 15 kilotonnes, le quart à peine de notre bombe pour Mirages.
    GdG. — Vous avez raison. Je suis bien d'accord que, pour notre force de dissuasion, il ne faut pas faire du perfectionnisme. En réalité, parmi toutes les expériences qui ont eu lieu cet été, je pense qu'il y en a plusieurs dont nous aurions pu faire l'économie. Les Chinois vont à grands pas parce qu'ils ne font que l'essentiel. Le Commissariat rabâche. Alors, j'y reviens, n'est-ce pas. Il faut que la bombe H soit expérimentée en 1968 et mise en fabrication en 1970. Qu'on ne se préoccupe pas d'autre chose.
    AP. — C'est exactement le sens des directives que j'ai données au Commissariat et c'est dans ce sens que je réunis dans mon bureau un comité d'études thermonucléaires, le "Comité H". Je veille à ce que les scientifiques et les techniciens soient associés à ces études.
    « Mais justement, mon général. Le désir d'augmenter le niveau de nos stocks nous éloigne de l'essentiel, qui est d'améliorer le niveau de nos recherches. Ainsi, une seule tête SS BS coûtera 12 milliards d'anciens francs. C'est-à-dire huit ans de ce programme Hydrogène-Oxygène dont les Armées nous disent qu'elles ne peuvent pas le supporter.
    « Or, la réussite de nos programmes de pointe est un élément de dissuasion au moins aussi important, sans doute, que la possession d'une ou deux unités de plus.
    GdG. — Si Messmer arrête les études d'Hydrogène-Oxygène, c'est parce que vous l'y avez obligé ! Le programme ELDO rend inutiles ces études dont il n' a pas l'usage. (Il a parfaitement compris qui était en cause.) C'est à mon sens regrettable... Mais si on arrive à démontrer qu'en faisant l'économie d'un certain nombre d'engins nucléaires, on peut permettre au Commissariat de faire plus vite la bombe H, je ne demande qu'à être convaincu... »
    Cette formule va au-delà même de ce que je souhaitais ; il faudra, lors de mon prochain entretien avec Hirsch, lui poser cette question sous cette forme ; j'ai peur qu' il me dise que, même si l'on renonce à faire des bombes en série, on ne pourra pas déboucher plus rapidement sur le prototype de la bombe thermonucléaire... Et c'est en effet la réponse qui m'est faite.

    « Mendès, il cède à la démagogie comme les autres »
    L'entretien se termine. Je fais état du débat de la semaine dernière à l'Assemblée sur la politique de la recherche 5 .
    GdG : « Oui, j'ai vu ça dans les journaux. Il semble que ça se soit bien passé. »
    Je rappelle que Mendès France avait attaqué durement là-dessus l'an dernier, lors de la campagne présidentielle, et avait repris ses attaques récemment...
    GdG : « Oui, j'ai vu, au colloque de Caen.
    AP. — ...et la semaine dernière dans Match, il a répété que le gouvernement ne fait pas assez pour la recherche et pour sa coordination. Nous avons donné l'occasion à l'Assemblée nationale d'un grand débat, de manière à permettre à l'opposition de passer à l'attaque si elle s'en sentait la force. Or, elle n'a pratiquement pas fait de critiques, ce qui prouve que la politique de recherche du gouvernement n'est pas vulnérable.
    GdG. — Mendès ! Il accepte d'être béatifié de son vivant. On lui prête des miracles, s'il revenait au pouvoir ! Mais il cède à la démagogie comme les autres. »

    « Alors, ça avance, la bombe H ? »
    Je réunis régulièrement dans mon bureau le « Comité H ».
    Je sens qu'ils butent. D'une séance à l'autre, ils n'avancent pas. Chacun des scientifiques qui manie la craie sur le tableau noir me paraît enfermé dans sa spécialité. L'histoire des sciences m'a appris que la plupart des découvertes ont été faites en regardant par-dessus le mur du voisin, par des intelligences fraîches, aptes à ne pas se laisser emprisonner par les idées dominantes.
    J' ai conté ailleurs 6 comment j'ai

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