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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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national est que nous arrivions à faire des moteurs. Nos entreprises communes avec les autres doivent être jugées selon ce critère.
    Messmer. — C'est un fait que la SNECMA n'aurait que 12,5 % des moteurs, pour les études comme pour la fabrication.
    Debré. — Je dois dire le fond de ma pensée. L'Airbus, c'est l'inflation. Concorde à lui seul dépasse déjà de 30 % ce qui était prévu au V e Plan. La fabrication concomitante de Concorde et de l'Airbus engendrerait une situation de suremploi dans l'industrie aéronautique.
    Pompidou (soucieux de contrecarrer cet assaut, dont il lit l'efficacité sur le visage du Général). — Il faut considérer notre industrie aéronautique. Voulons-nous en conserver une ? Ou devons-nous préparer son abandon, comme pour le charbon ? Si nous voulons la conserver, se pose la question du marché. Le marché français est insuffisant. On ne peut invoquer l'exemple de la Caravelle, qui a été un miracle technique, et d'ailleurs avec un moteur anglais. Pour vendre sur le marché international, il faut une politique d'entente, soit avec les Américains, soit avec les Anglais. Et les Anglais, ils veulent faire marcher Rolls Royce, soit avec nous, soit avec n'importe qui d'autre, c'est tout.
    GdG (pas encore convaincu). — Je constate que cette affaire, sur laquelle nous reviendrons après le dépôt du rapport, ne prend pas une orientation favorable. »
    Le premier vol d'Airbus sera effectué en octobre 1972.

    « Pierrelatte, c'est très cher, oui, mais il faut en tirer parti »
    Conseil du 8 novembre 1967.
    Au même Conseil, Messmer nous parle de Pierrelatte : « Ma visite consacrait l'achèvement de l'usine. Cette entreprise énorme nous permet d'accéder à la capacité nucléaire la plus élevée. Certes, le devis initial a été dépassé, mais le moteur atomique du sous-marin a coûté moins cher que prévu.
    AP. — On ironise sur les dépassements budgétaires, pour ces réalisations sans précédents. Mais on ne relève pas que, dans le cas du prototype à terre du moteur nucléaire de sous-marin, un ingénieur d'une qualité exceptionnelle, Chevallier, a permis d'aller plus vite et à moindres frais qu'annoncé.
    GdG. — On ne cesse de nous répéter : Pierrelatte, c'est la ruine ! Pierrelatte, c'est très cher, oui. (La remarque même de Khrouchtchev, qui lui avait bien plu 3 .) En tout cas, il faut en tirer parti, et au point de vue civil particulièrement. C'est comme pour le reste : à Cadarache, des recherches très difficiles ont été conduites. Le surgénérateur Phénix, c'est capital. Si ça réussit, ça trancherait la question de l'énergie pour toute l'humanité. »
    1 Lancés de Hammaguir, par la fusée Diamant A, les 8 et 15 février 1967 respectivement.
    2 Secrétaire d'État aux Affaires étrangères du 7 avril 1967 au 31 mai 1968.
    3 Voir supra , ch. 9, p. 150-151.

III
    « CE QU'IL FAUT RÉALISER D'ABORD, C'EST LA DÉTENTE »
    Janvier 1966 - Mars 1967

Chapitre 1
    « ON VA POUVOIR REPRENDRE LE CALVAIRE DE BRUXELLES »
    Conseil du 12 janvier 1966.
    Nous sortons de la crise de la « chaise vide » : ça recommence à bouger. Le 6 janvier, les ministres des Affaires étrangères des Six se sont réunis à Luxembourg, et non à Bruxelles, « pour éviter des proximités délétères », m'a dit le Général le 5 janvier, c'est-à-dire « pour empêcher que les représentants de la Commission ne traînent dans les couloirs ». Ce sont les premières retrouvailles depuis la rupture du 30 juin. Après six mois, la chaise de la France n'est plus vide, mais nos partenaires ont accepté de considérer notre exigence. Pour que l'Europe reprenne sa marche en avant, nous devons avoir satisfaction sur deux points : le règlement financier de la politique agricole commune, d'une part, et de l'autre, des règles politiques sur le comportement de la Commission et sur le principe de la majorité.
    Couve analyse longuement les vues des uns et des autres ; il conclut : « Nous sommes à pied d'oeuvre. Tout dépendra en fin de compte de l'attitude de l'Allemagne. Celle-ci est influencée par les questions en cause dans le domaine atomique. (Façon détournée de dire : certains membres du gouvernement de Bonn sont très désireux de doter l'Allemagne d'un armement nucléaire.) Mais d'autre part, elle ne se soucie pas d'entrer en conflit direct avec la France. De toute façon, la partie à Six sera difficile et ne se réglera pas en une seule réunion. Nous nous

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