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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Elle est irresponsable, et composée d'irresponsables, alors qu'ils ont des pouvoirs colossaux. Naturellement, l'Assemblée européenne va toujours dans son sens. Il y avait une opération politique à faire à ce sujet. La France l'a faite.
    « On va pouvoir reprendre le calvaire de Bruxelles. Il est admis qu'on va commencer par le règlement financier, pour pouvoir reprendre l'ensemble du dossier agricole. La discussion s'engage dans une atmosphère assainie.
    « Quant à la Commission, son président n'a pas à prendre des positions politiques. C'est contraire au traité. Un bon résultat est la valorisation du Conseil des ministres, c' est-à-dire des États parrapport à la Commission. En réalité, on n'en sortira que si l'on en vient à une coopération politique entre les Six. Nous l'avons proposée naguère. Sans succès ! D'autres sont venus à la rescousse dans une ambiance fâcheuse. On pourrait y revenir. »

    Dans sa conférence de presse du 21 février, de Gaulle exprime son entière satisfaction du compromis de Luxembourg. Sur les « intérêts essentiels », les Cinq n'ont pas accepté formellement l'établissement d'un droit de veto, mais la France a fait prévaloir un devoir d'unanimité.

    « Les Allemands ont tendance à se resserrer sur nous »
    Conseil du 9 mars 1966.
    Le Chancelier Erhard est venu à Paris les 7 et 8 mars, pour un sommet franco-allemand que Couve analyse minutieusement, concluant : « Le résultat tient du paradoxe : on a l'impression d'une réalité franco-allemande, même s'il y a désaccord sur l'essentiel.
    GdG. — L'atmosphère a été bonne. Cela s'explique. On constate un relatif éloignement de l'Amérique. Plus elle s'enfonce en Asie, plus les Allemands ont tendance à se resserrer sur nous. Et puis, il y a leurs difficultés économiques et financières. Elles sont sérieuses, ils les maîtrisent, mais ça les préoccupe. Donc, ça les rend modestes. »
    Voilà le Général encore une fois prompt à glaner les brins de bonne nouvelle : chaque fois qu'il sent l'Allemagne un peu plus proche de lui, un peu plus recentrée sur l'Europe, il est content.
    Mais, comme on est revenu au « calvaire » de Bruxelles, le ministre de l'Agriculture a eu l'occasion d'en retrouver les frustrations. Il les évoque drôlement.
    Edgar Faure : « Mon travail se situe toujours entre le lilliputien et le pharaonique. Le lilliputien, à cause de l'intérêt médiocre de chaque question : un jour le houblon, un autre jour les petits pois. Le pharaonique, parce qu'on doit aboutir à toute vitesse ; bientôt, il faudrait être arrivé avant d'être parti.
    GdG. — La question est toujours la même et elle n'est pas lilliputienne. Il ne faut pas que nous soyons obligés d'augmenter nos prix avant d'avoir obtenu le règlement financier. Sinon, nous aurons augmenté nos prix et nous n'aurons pas obtenu ce qui est essentiel pour nous. »
    Le Général aurait bien été capable de nous sortir la brillante et si juste formule d'Edgar Faure. Mais, plutôt que de broder sur elle, il préfère ramener le Conseil, et son ministre, au registre sérieux : la course à la fixation des prix est un leurre : il faut d'abord aller au règlement financier. Ce n'est pas pharaonique, mais ce n'est pas lilliputien.

    « L'affaire des prix, c'est encore un océan »
    Conseil du 13 avril 1966.
    Couve se félicite que les remous sur le retrait de la France de l'OTAN n'aient pas affecté les débats sur les prix agricoles. « Mais ils ne sont pas plus faciles pour autant. On devait aboutir le 1 er juillet, je doute qu'on y parvienne même le 31 juillet. Les sujets sont lancinants.
    Edgar Faure. — On parle du mouton de M. Faure... (Sourires.)
    Debré. — Et du thé de la Réunion... (Rires.)
    GdG (l'air tragique). — L'affaire des prix, c'est encore un océan. » (Rires redoublés.)

    « Avec le Marché commun, nous n'en finirons jamais »
    Conseil du 11 mai 1966.
    Les négociations sont allées plus vite que prévu et, ce jour même, le règlement financier va être signé à Bruxelles.
    GdG : « Tout cela est satisfaisant. Je ne peux apprécier les nuances et les pourcentages. Mais cela ne s'éloigne pas de l'objectif que nous nous étions fixé. Il est heureux qu'on ait abouti. C'était toute la question. Elle était grave. Cela avait accroché. C'était à l'horizon de tous les débats et de toutes les difficultés. Pour aboutir, tout a compté, y compris les sorties que nous avons eu à faire. (Le

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