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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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demandé à l'un de mes conseillers scientifiques d'essayer de dénicher l'homme de synthèse, l'esprit vierge, qui nous manquait ; comment il le découvre en Robert Dautray ; comment j' ai été séduit par ce garçon exceptionnel qui, obligé pendant la guerre, où ses parents avaient été déportés à Auschwitz, de se réfugier comme berger dans les Causses, avait été assez doué pour se préparer au bachot tout en gardant ses moutons, puis être reçu premier, d'abord aux Arts et Métiers, ensuite à Polytechnique ; comment je l'ai fait nommer directeur scientifique de la Direction des applications militaires ; comment l'introduction de cet élément extérieur dans l'équipe de Limeil, bouleversant les chasses gardées et les situations acquises, a provoqué des drames 7 ...

    Le 1 er avril 1967, dernier Conseil avant mon changement d'affectation, le Général me demande encore : « Alors, ça avance ? » « Cette fois, j'ai pleine confiance », lui dis-je. Et je lui raconte le pari que j'ai fait sur Dautray.
    Dautray élabora en quelques semaines la synthèse de toutes les études engagées et concentra les efforts sur la formule qui lui paraissait la bonne. Il lança les études et essais qui restaient à approfondir. Robert Hirsch eut l'habileté d'apaiser les conflits en persuadant chacun au CEA que les anciens de l'équipe avaient déjà fait une partie des travaux grâce auxquels Dautray aboutissait en si peu de temps et en réduisant le mérite de celui-ci à un rôle de synthèse. Robert et Viard 8 réussirent à redéfinir en un an, sur ces bases entièrement nouvelles, le programme des tirs prévus pour 1968.
    Dans l'été 1968, le 24 août et le 8 septembre, trois mois après avoir connu un de ses derniers chagrins, de Gaulle eut sa dernière joie : les deux premiers engins thermonucléaires explosèrent, confirmant les hypothèses de Dautray. Leur puissance était très largement mégatonnique. L'un d'eux, au plutonium, avait fonctionné aussi bien que l'autre, à l'uranium enrichi. On aurait donc bien pu se passer de Pierrelatte, au moins pour la bombe, comme on s'était passé d'ordinateurs géants...
    Si des scientifiques de haut niveau, par les études très poussées qu'ils avaient déjà réalisées en 1966-1967, avaient fourni les éléments d'une synthèse ; si Dautray avait eu la capacité d'assimiler et de dominer rapidement toutes les disciplines nécessaires à cette synthèse ; si Robert Hirsch avait élégamment surmonté les blocages qu'aurait pu provoquer une révolte des anciens contre le nouveau ; si Maurice Schumann, mon successeur, avait eu le mérite de maintenir contre vents et marées les orientations données — c'est quand même à de Gaulle et à lui seul que revient le mérite d'avoir obstinément imposé qu'on allât jusqu'au bout.

    « La non-prolifération du nucléaire, c'est du chiqué »
    Conseil du 22 février 1967.
    Couve nous entretient de « la grande affaire du moment ».
    Couve : « La conférence de Genève sur le désarmement s'est emparée de la question de la non-prolifération des armes nucléaires. C'est une proposition des États-Unis, qu'ils agrémentent de prescriptions détaillées quant au contrôle, lequel serait confié à l'agence de Vienne. Ce serait l'espionnage industriel organisé sur toute industrie nucléaire, au bénéfice des Américains et des Russes. Il y a eu de vives réactions des États qui ont ou préparent une industrie nucléaire, Canada, Inde, Suède, Italie. Les Allemands en particulier sont déçus, irrités. Cela prouve d'ailleurs que, en dépit des engagements et des bonnes paroles, il y a toujours eu chez les Allemands des arrière-pensées quant à la détention d'armes atomiques.
    GdG. — L'affaire de la non-prolifération du nucléaire touche au fond des choses. Ou bien l'on désarme vraiment et pour tout le monde. Mais les Américains ne veulent pas. Ou bien on se borne à tenir les autres à l'écart de la course aux armements. Mais cela n'est plus que du chiqué et suscite des réactions. Pour nous, la question est celle du désarmement. Donc, nous ne nous mêlons pas de la concertation sur la non-prolifération.
    « D'autre part, les arrière-pensées allemandes apparaissent clairement. Mais si elles ne devaient pas rester des arrière-pensées, si les Allemands devaient revendiquer et afficher des prétentions àl'armement atomique, nous nous y opposerions. Tout le reste, c'est-à-dire ce qui se fait en dehors

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