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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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réunissons à nouveau les 17 et 18 janvier à Luxembourg.

    « Nous ne demandons pas la lune »
    GdG. — Nous ne demandons pas la lune. Les traités et le juridisme nous importent moins que le bon sens. M. Couve de Murville aura à obtenir des précisions.
    «La coopération européenne, c'est la vérité, même si nous sommes les seuls à la dire.
    « Les prétentions supranationales de la Commission reposent sur une fiction. Il faut que la Commission rentre dans son rôle.
    « Quant au règlement financier, il ne sera pas facile à mettre au point. Le résultat dépendra surtout des Allemands. Nous verrons si le Chancelier 1 sera moins fuyant que par le passé. À la base del'arrangement agricole, il doit y avoir un accord de la France et de l'Allemagne. »
    Il n'a pas voulu s'étendre sur l' indication donnée par Couve : le Chancelier est irrité par la tournure que prennent les questions atomiques, en raison de nos réticences ; et ce peut être une raison pour lui de ne pas montrer beaucoup de complaisance à l'égard de la France.

    « La négociation est engagée, et elle est politique »
    Conseil du 19 janvier 1966.
    Les Six se sont réunis à nouveau. Avec une délectation contenue, Couve décrit la façon dont il a opéré, en faisant monter la pression française par un mémorandum en dix points, puis en posant des problèmes de calendrier, en particulier pour le renouvellement de la Commission. « Cela n'a pas manqué de créer un certain émoi. Nos partenaires ont mesuré ce que nos propositions impliquaient de désagréable : cas Mansholt pour les Hollandais, cas Hallstein pour les Allemands. Mais enfin, il y a un début d'accord sur les pouvoirs de la Commission. Tout le reste a très peu avancé. Sur la question du vote à la majorité, ils acceptent d'en discuter ; ils reconnaissent qu'il y a un problème. Mais c'est tout. Je n'imagine pas qu'on puisse en terminer la prochaine fois. Il est donc difficile de prévoir la suite.
    GdG. — C'est bien à cela qu'on devait s'attendre. L'élément positif, c'est que la négociation est engagée. On ne peut pas contester qu'elle le soit — et c'est une négociation politique, sur les points que nous considérons comme essentiels, et elle va se poursuivre.
    Couve. — Et elle est engagée sans que quiconque la conteste.
    GdG. — Voilà ce qui est positif. Ça ne va pas très loin, mais enfin c'est déjà quelque chose que nous ne nous soyons pas trouvés devant des gens qui disent : "Ben, nous voilà réunis. Alors maintenant, allons à Bruxelles."
    « Pour le reste, nous verrons. Mais ce qu'il y a de plus caractéristique dans tout ça, et de plus regrettable, c'est l'attitude allemande. Tout le monde voit bien pour quelles raisons elle prend des attitudes variables et, en réalité, assez décevantes. À cet égard, il est peut-être dommage que la réunion prochaine ait lieu avant que le Chancelier vienne à Paris. »
    Le Général pense toujours qu'en tête à tête, la France et l' Allemagne peuvent définir une conduite cohérente ; mais que, dans les réunions à Six, l'Allemagne est séduite par les délices d'un jeu plus complexe et retombe dans les vieilles solidarités démocrates-chrétiennes, c'est-à-dire le système des partis : il ne l'a pas pourchassé en France pour le laisser resurgir en Europe.

    « Il y avait une opération politique à faire : la France l'a faite »
    Conseil du 2 février 1966.
    La négociation a enfin abouti à ce qu'il sera convenu d'appeler le « compromis de Luxembourg ». Couve l'expose sans triomphalisme : « Comme nous étions les seuls à demander quelque chose, tout ce qui a été acquis l'a été par la France. Si les choses nous ont été mesurées en droit, en pratique nous sommes revenus à la réalité. Pour ce qui concerne la règle de la majorité, il est devenu bien difficile de dire que l'on recourrait à un vote à la majorité sur un sujet où la France s'oppose. Sans changer les textes, nous avons obtenu dans une large mesure ce que nous voulions : vider la Communauté de la supranationalité 2 . Quant à la Commission, c'était la première fois que le Conseil a osé parler de ses comportements. Un tabou a disparu. Naturellement, restent les problèmes.
    GdG. — Vous avez obtenu ce que l'on pouvait obtenir et c'est heureux. On va donc retourner à Bruxelles.
    « Pourquoi avions-nous rompu ? Parce que la Commission revendiquait un rôle exorbitant et qu'on paraissait prêt à le lui concéder.

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