Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
vocabulaire guerrier convient à une affaire qu'il a menée comme une opération militaire.)
    « Quant à la Commission, quand elle est dans son rôle, elle est utile. Elle condense les données et rapproche les points de vue, dès lors qu'elle ne prétend pas devenir une puissance politique. La limitation apportée à son rôle du fait de cette crise la tiendra à l'abri des tentations, au moins pour quelques années ; quitte à lui faire à nouveau sentir le mors, s'il le fallait.
    « Ce n'est pas la fin des difficultés et des discussions. Il y en aura pour le Kennedy Round. Il y en aura à propos des Anglais et des Danois — et alors, cela pourrait remettre en cause le règlement financier. Il y en aura même sur l'application de ce règlement : chacun s'ingéniera à revenir sur ce qui a été décidé.
    « Pour en finir avec le Marché commun, ou ne pas en finir, parce que nous n'en finirons jamais, il ne faut jamais oublier de dire que nous courons des risques ; que nous assumons des charges pour le Marché commun industriel, par rapport à un pays comme l'Allemagne. Ce qu'il y a de profitable pour la France dans le Marché commun agricole est la compensation indispensable de ce qu'il y a de risqué dans le Marché commun industriel. »
    1 Ludwig Erhard, chancelier fédéral d'octobre 1963 à novembre 1966.
    2 Le « compromis de Luxembourg » tenait dans une déclaration adoptée par les Cinq d'une part et la France d'autre part. Les uns et les autres acceptaient la définition suivante : « Lorsque, dans le cas d'une décision susceptible d'être prise à la majorité sur proposition de la Commission, des intérêts très importants d'un ou plusieurs partenaires seront en jeu, les membres du Conseil s'efforceront, dans un délai raisonnable, d'arriver à des solutions qui pourront être adoptées par tous les membres du Conseil, dans le respect de leurs intérêts et de ceux de la Communauté. » La France déclarait d'autre part, dans un paragraphe spécial, que « la discussion devait se poursuivre jusqu'à ce qu'on soit parvenu à un accord unanime ». Le Conseil constatait la divergence sur ce dernier point, mais estimait que ce désaccord n'empêchait pas la reprise des travaux de Bruxelles. Ainsi, la position française, sans être avalisée par les Cinq, était reconnue par eux. En somme, ils acceptaient le risque que, sur tel ou tel point d'intérêt majeur, la France ne se reconnaisse pas liée par une décision majoritaire, et déserte à nouveau sa chaise, bloquant le fonctionnement du traité. Ce qui ne s'est jamais produit par la suite, bien que le « compromis de Luxembourg » ait été souvent invoqué et soit devenu synonyme de droit de veto.

Chapitre 2
    « UNE FRANCE SANS TROUPES ÉTRANGÈRES »
    Conseil du 9 mars 1966.
    Nous avons vécu un grand moment. Couve a commencé par expliquer pourquoi et comment nous allons procéder à cette sortie de l'OTAN dont il est question depuis si longtemps 1 : « Déjà, nous avons soustrait nos forces navales. Il convient maintenant de soustraire nos forces d'Allemagne au commandement intégré, et de quitter le SHAPE 2 et le commandement intégré du Centre-Europe. La conséquence de notre retrait sera que ces commandements quitteront la France. Quant à nos forces en Allemagne, elles y seront stationnées en vertu d'un régime contractuel. Les gens sont toujours surpris de voir que d'autres font ce qu'ils ont dit qu'ils feraient. On a cru que nous ne ferions rien parce qu'il y avait les élections législatives l'année prochaine. On a cru que nous ferions quelque chose pour que de Gaulle ait un bon dossier en allant à Moscou. Mais en réalité, la seule chose surprenante est que nous ayons attendu si longtemps. Les Américains ont cherché à nous mettre en garde. Nous agissons proprio motu et sans demander leur accord. C'est une grosse affaire. Elle va avoir beaucoup de conséquences. Elle met enjeu notre situation internationale.

    « On n'intègre pas les forces atomiques »
    GdG. — C'est le commencement d'un aboutissement qui est indispensable. Il faut faire une différence entre l'Alliance atlantique et l'application qui en est faite. Depuis l'époque où l' organisation a été conçue, les circonstances ont changé. Elles ont changé dans les pays de l'Est. Elles ont changé dans la situation mondiale. Elles ont changé à l'intérieur de nous-mêmes.
    « Où, pourquoi, en vue de quoi, l'Amérique est-elle engagée aujourd'hui ? Elle est

Weitere Kostenlose Bücher