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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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de toute façon, elle avait déjà déclaré ne pas vouloir d'armement atomique. Cette divergence entre la France et l'Allemagne a été très remarquée. »
    Le Général se fait encore plus incisif : « Les problèmes militaires entre la France et l'Allemagne n'avancent pas beaucoup. Tout d'abord, en matière de stratégie, il est clair que les Américains ne sont pas résolus à employer leur armement atomique d'entrée de jeu, en cas d'offensive soviétique ; ils sont même résolus à ne pas l'employer ! Ils ne se serviront de l'arme nucléaire que pour défendre le sanctuaire américain. Ce n'est pas là l'intérêt de la France et de l'Allemagne, qui risquent ainsi d'être envahies avant tout recours à l'arme nucléaire : seul son usage immédiat peut dissuader les Russes.
    « Il y a bien le projet de Force multilatérale. Mais il s'agit là d'un mirage. Car cette force n'est pas à la disposition des Allemands, mais des seuls Américains. Une attitude de wait and see 3 équivaudrait pour nous à l'invasion. La France crée donc sa propre arme atomique, avec la résolution de l'employer immédiatement, pour ne pas être envahie. »

    Adenauer: « La Force multilatérale, j'ai cru devoir l'accepter, mais je n'ai pas confiance en elle »
    Le Chancelier craint que le Général n'ait raison : « Les généraux allemands m'ont déclaré qu'aucune défense ne serait possible, si les unités terrestres n'étaient pas dotées de fusées de moyenne portée. Il y a dix-huit mois déjà que j'en ai parlé à Kennedy... Mais comme il est décevant ! La politique de Kennedy ne rencontre aucun succès. Il agit par foucades, sans plan d'ensemble, même dans le domaine militaire.
    « Surtout, il ne faut pas que la France relâche ses efforts en matière nucléaire. Votre conception, général, est bonne et juste. Je la partage sans la moindre réserve.
    « Que les Américains ne se fient pas trop aux Polaris, ni à la Force multilatérale. Pour des raisons politiques, j'ai cru devoir l'accepter, mais je n'ai pas confiance en elle. Kennedy semble penser aujourd'hui que les problèmes européens ne sont plus aussi importantspour les États-Unis que les questions asiatiques. Il faut le convaincre du contraire, car une économie soviétique affaiblie, qui ne bénéficie d'aucune aide artificielle, est une garantie de paix.
    « Je pense comme vous que les pourparlers entre Russes et Américains ne peuvent aboutir qu'à aggraver la situation actuelle. Schröder 4 , au contraire, considère que des négociations sur Berlin ou l'Allemagne pourraient améliorer la situation. Mais comment les Américains pourraient-ils prendre l'avantage, alors qu'ils sont eux-mêmes à la remorque des Soviétiques ? Jamais les Américains n'ont pris l'initiative d'un sujet à débattre avec les Russes. Quand on songe qu'ils n'ont même pas demandé que disparaisse le Mur de Berlin !

    « Il n'y a pas d'autre réalité européenne que l'Allemagne et la France »
    GdG. — Je me demande si, malgré l'accord franco-allemand, nous réussirons à mettre le Marché commun sur pied avant les négociations avec les États-Unis. Nous voulions une politique commune, et c'est pour cela que la France a pris position contre l'entrée des Anglais, dans les circonstances actuelles, dans la Communauté européenne. (Il durcit le ton.) Le traité d'amitié franco-allemand est, pour l'instant, un traité d'intention. Il est nécessaire qu'il en soit autrement. Il n'y a pas d'autre réalité européenne que l'Allemagne et la France et, si ces deux réalités ne sont pas unies dans tous les domaines, nous serons noyés. »
    Adenauer se montre alors franchement pessimiste sur la fiabilité de Kennedy, sur les dispositions européennes des Anglais. L'avenir du Marché commun ne le ragaillardit pas davantage :
    « Je ferai tout mon possible pour que survive le Marché commun.
    Mais j'ignore si j'y réussirai. Si les charges sociales et publiques ne sont pas, comme le stipule le traité, harmonisées, jamais il n'y aura de Communauté économique européenne véritable. J'ajoute encore que l'agriculture allemande devra modifier sa structure. Cela permettrait de faire marcher côte à côte l'agriculture française et l'agriculture allemande.
    GdG. — Je conviens qu'en France également, il reste beaucoup à faire pour moderniser l'agriculture. Je pense qu'un règlement agricole doit absolument intervenir avant que ne soient commencées les négociations avec les

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