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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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notre capacité de les en empêcher ! C'est ce que tout le monde commence à admettre. »

    Ces doutes et ces anathèmes ne sont pas faits pour le public. Du 12 au 16 juin, au cours de sa visite dans les Charentes, notamment à Saint-Jean-d'Angély le 14, le Général a encore exalté la réconciliation, avec une conviction qui retentit étrangement à mes oreilles :
    « L'Allemagne et la France ont conclu l'une avec l'autre, après d'immenses malheurs, non seulement la paix, mais un traité pour coopérer. Si on y réfléchit bien, c'est une révolution qu'elles ont accomplie et un magnifique exemple qu'elles ont donné. » De village en village, il célèbre cette « révolution », cet exemple. « La France a accompli là une des plus grandes actions de son histoire. »
    Une fois de plus, il fait « comme si ».

    « Les Allemands ont beaucoup promis et peu tenu »
    Au Conseil du 3 juillet 1963, Couve : « Le voyage de Kennedy en Europe est terminé. De ses conversations, il n'est pas résulté grand-chose. Il est clair que le projet de Force multilatérale a du plomb dans l'aile. »
    Couve rend compte ensuite des préparatifs de la première des réunions franco-allemandes prévues par le traité, qui va se tenir à Bonn demain et après-demain.
    « Sur le Marché commun, trois difficultés principales : l'agriculture ; les tarifs, pour lesquels les États-Unis effectuent une énorme pression ; les relations des Six avec la Grande-Bretagne.
    Triboulet. — Les actions allemandes en Afrique, loin de se ralentir, se développent unilatéralement et dans notre dos. La réunion prévue de nos fonctionnaires n'a jamais eu lieu.
    GdG. — Les Allemands ont beaucoup promis et peu tenu. »

    « Les traités sont comme les jeunes filles et les roses »
    Après le Conseil, je demande au Général : « Moins de six mois après la signature du traité de l'Elysée, vous donnez l'impression d'être déçu.
    GdG. — Je ne vous le cacherai pas. Déçu par le préambule qu'a imposé le Bundestag. Déçu par la mécanique de la coopération franco-allemande : elle n'est pas aussi efficace que je l'imaginais. Et pourtant, Adenauer est encore là. Que sera-ce, quand il sera parti ? »
    Le même soir, au cours d'un dîner à l'Élysée qu'il a offert en l'honneur des bureaux des deux chambres du Parlement, quelques députés, devant lui, se montrent sceptiques envers la solidité du traité franco-allemand. Le Général répond sur le même ton, dans une parabole mélancolique : « Les traités sont comme les jeunes filles et les roses : ça dure ce que ça dure. Si le traité allemand n'était pas appliqué, ce ne serait pas le premier dans l'Histoire. » Et il cite le vers des Orientales :

    « Hélas! que j'en ai vu mourir, des jeunes filles ! »
    Les 4 et 5 juillet, le Général, accompagné de nombre de ministres, séjourne à Bonn. Dans la presse allemande, il n'est question que de jeunes filles et de roses. Le 5, le Chancelier, piqué au vif, relève le propos du Général dans un toast :
    « J'ai lu que les roses et les jeunes filles pâlissaient vite. Les jeunes filles, peut-être. Mais pour les roses, je m'y connais. Celles qui ont le plus d'épines sont les plus résistantes. Cette amitié entre la France et l'Allemagne est comme un rosier qui portera toujours des boutons et des fleurs. Sans elle, faire l'Europe serait condamné à l'échec... »
    Le Général enchaîne :
    « Quand on est la France, quand on est l'Allemagne, quand le monde est si difficile, l'amitié ne suffit pas. C'est l'œuvre commune qui est nécessaire... Vous avez raison, Monsieur le Chancelier, notre traité n'est pas une rose ni même un rosier, mais une roseraie. Une rose ne dure que l'espace d'un matin. Mais une roseraie dure sans limite, si on prend soin de l'entretenir. »

    « Si le Marché commun est mis sur pied, ce traité et cette mécanique seront justifzés »
    Au Conseil du 10 juillet 1963, on fait le bilan.
    GdG : « Le sujet dominant, c'est la question agricole. Il s'agit de voir si, oui ou non, ils vont mettre les pouces. Cette nécessité, pourque la coopération franco-allemande puisse continuer, a été dite de la façon la plus nette. Mon impression, c'est que les Allemands s'acheminent vers une attitude positive sur le Marché commun agricole.
    « L'habitude sera vite prise, puis le goût, de ces rendez-vous réguliers, pour lesquels on s'impose un effort de préparation et d'entente, des études en commun. À la condition que

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