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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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le Marché commun agricole soit mis sur pied d'ici la fin de l'année ; sinon, ses réunions n'auraient pas de justification. Au contraire, si le Marché commun est sur pied d'ici la fin de l'année, tout ce traité et cette mécanique agricole seront justifiés.
    (Pour le Général, le traité franco-allemand n'est pas un substitut au Marché commun, mais un moyen de le faire avancer.)
    « Pour leur situation intérieure, les Allemands ne savent pas ce qu'ils vont faire. C'est assez impressionnant de voir que ce pays, alors qu'il n'est pas réunifié, n'est pas encore organisé politiquement. Le départ d'Adenauer ne fera qu'aggraver cette situation. »

    Après le Conseil, le Général me dit, pour que j'en fasse état : « Il n'est pas possible que chaque fois que les deux gouvernements se rencontrent, il en résulte des miracles. Ces habitudes nouvelles ne manqueront pas, au bout de quelques années, de créer des liens étroits. Mais c'est une conception puérile ou malveillante que de créer chaque fois une attente qui ne peut être que déçue. »
    1 Ambassadeur d'URSS à Paris.

Chapitre 5
    « SI L'ALLEMAGNE ET LA FRANCE NE SONT PAS UNIES DANS TOUS LES DOMAINES, NOUS SERONS NOYÉS »
    Rambouillet, samedi 21 septembre 1963.
    Le Général reçoit le Chancelier à Rambouillet. Il respire la joie. D'être à Rambouillet (alors qu'il n'aime pas l'Élysée). De voir cet homme de 87 ans, fripé comme un vieux cavalier mongol, s'exprimer avec tant de sagacité, ce qui doit le rassurer, lui qui a quatorze ans de moins (la durée de deux mandats présidentiels). D'entendre Adenauer répondre à ses idées intimes comme s'il lisait en lui.
    Le Chancelier est tout heureux de retrouver le Général. Est-il sensible au fait que sa chambre, son lit même, ont été ceux de François I er ? Il rayonne de retrouver, pour la dernière fois avant de quitter ses fonctions 1 , l'ami qu'il a découvert juste cinq ans plus tôt et dont la rencontre a été un tournant dans sa vie.
    Leur admiration et leur respect mutuels auront été essentiels dans ce qui restera pour chacun d'eux un de leurs plus grands accomplissements : la réconciliation franco-allemande.
    L'après-midi s'est passée à faire un tour d'horizon planétaire.
    L'entretien commence vers 16 heures, dans le salon du rez-de-chaussée, aux murs décorés de marbre rose et gris. Tout au début, le Chancelier fait une déclaration en forme de testament politique.
    Puis est abordée la coopération franco-allemande.

    Adenauer: « Il ne faut pas aider l'URSS à surmonter ses difficultés »
    « C'est de la Russie et de la Chine que je voudrais vous parler, général. Lors de ma visite en 1955 à Moscou, des craintes à propos de la Chine communiste m'avaient déjà été exprimées par Khrouchtchev, bien avant que leur discorde n'éclate. Les Russes ne peuvent pas tout faire : s'armer contre l'Occident, s'armer contre les Chinois, et réussir leur développement.
    « Le moment paraît venu où les Russes voudraient renforcer leur armement contre la Chine communiste et se rapprocher, à cet effet, de l'Occident. Ce que nous pouvons accepter de faire un jour, mais en le leur faisant payer très cher, c'est-à-dire en obtenant d'eux toutes sortes de garanties pour la sécurité et pour la paix. »
    Et le Chancelier de développer une analyse aiguë des difficultés insurmontables que rencontre la Russie soviétique, coincée entre ses ambitions de grande puissance et ses défaillances économiques. La conclusion est nette : il ne faut pas aider l'URSS à surmonter ses difficultés ; il faut au contraire, en profitant de l'échec de son système, l'amener à alléger sa pression sur l'Europe : « Dire qu'un manœuvre russe ne devient pratiquement jamais un travailleur spécialisé ! Dire que les Soviétiques sont obligés d'acheter du blé au Canada, en Australie ou aux Etats-Unis ! Ils sont au bord sinon de la famine, du moins de la carence alimentaire. Mais si les Russes peuvent obtenir ce qu'ils veulent avec l'aide de l'Occident, ils ne dépasseront jamais le stade du simple bavardage dans leurs "négociations" et, en outre, concurrenceront les pays occidentaux. Lénine avait déjà déclaré que les capitalistes tressaient la corde qui les ferait pendre par le communisme. Il n'avait pas tort, car, si nous "laissons faire ", nous agirons en irresponsables. La Russie a besoin de l'Occident. Il ne faut pas rater cette occasion de lui faire payer un bon prix, le prix de la

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