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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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perspective conciliante : il fait monter la pression.)
    Le Général se fait l'écho des critiques d'Erhard sur l'organisation du travail à Bruxelles : « Les ministres y sont toujours le jouet de dispositions préparées par la Commission, sur lesquelles les gouvernements n'ont pas arrêté leur position. Il a raison ! Ce fonctionnement de la Communauté est irresponsable.
    Pisani. — Quand nous nous mettons d'accord, mon collègue Schwarz et moi, tout baigne dans l'huile. Sinon, toute la machine se grippe. Mais il ne me cache pas qu'il ne demande jamais l'accord préalable du Chancelier et de ses collègues des Affaires étrangères et de l'Économie. (Pisani n'a pas cette chance !)
    GdG (sèchement). — C'est précisément ce que critique Erhard : la manière dont ses ministres jouent avec ce système institutionnel ! Il se méfie de son ministre des Affaires étrangères et de son ministre de l'Agriculture, qui prennent des décisions en dehors de lui. »
    Pisani a confirmé, en somme, pour s'en féliciter, ce dont le Chancelier s'est plaint au Général. Il s'entend avec son collègue allemand : à eux deux, ils font reculer la Commission et leurs partenaires ; et Schwarz en profite pour mettre son gouvernement devant le fait accompli. Le Général, dans sa vision de l'État, des États, ne peut approuver cette habileté souterraine, qui permet à un ministre adroit de se servir de Bruxelles contre son propre gouvernement ; ni cette complicité entre les deux compères.

    « Schröder est l'homme des Anglo-Saxons »
    Après le Conseil, le Général est plus disert.
    AP : « Que s'est-il passé réellement entre vous et Erhard ? Des bruits contradictoires courent. Erhard marchera-t-il pour la coopération franco-allemande ? Notre traité tiendra-t-il le coup ?
    GdG. — C'est probable. La donnée franco-allemande est devenue plus solide qu'elle n'en a l'air. Erhard, même s'il le voulait, ne pourrait s'en détacher ; mais je crois qu'il ne le veut pas. Il a visiblement le souci de plaire. La démonstration qu'il en a donnée est le résultat heureux de ce voyage. Ce n'est pas de son côté que viendront les obstacles.
    AP. — Vous êtes donc optimiste ?
    GdG. — Oui. Erhard va mettre les pouces pour les trois règlements qui demeurent à établir (viande de bœuf, produits laitiers et riz). Mais pour les céréales, il va falloir se livrer à un examen minutieux du plan Mansholt 2 .
    AP. — Y êtes-vous favorable ?
    GdG. — Ça voudrait dire que les prix des céréales seraient élevés très vite, ce qui est contraire à notre plan de stabilisation. Et puis, tout le monde voudra faire du blé à tire-larigot, alors que déjà on ne sait qu'en faire.
    AP. — On dit que Schröder voudrait lier les règlements qui devraient intervenir d'ici le 31 décembre avec la négociation Kennedy 3 ?
    GdG. — Schröder est l'homme des Anglo-Saxons. C'est le faux témoin type. Il n'a qu'une idée, c'est de me contrer. J'ai dit qu'il fallait aboutir pour les règlements avant le 1 er janvier. Alors, il pousse à ce que les Allemands se refusent à aboutir. Mais Erhard ne m'a pas dit ça. Un engagement a été pris de part et d'autre. Un engagement, c'est un engagement. Si Schröder s'opposait à un accord d'ici le 31 décembre, eh bien, nous n'aurions qu'à en tirer les conséquences : adieu, Marché commun, vaches, cochons, couvée ! C'est lui qui l'aurait détruit. »
    Déjà, en janvier, il avait brandi cette menace. Il répète sa préparation mentale à la crise.
    1 Du même pas, sur la même ligne.
    2 Vice-président néerlandais de la Commission, chargé de l'agriculture.
    3 Il s'agit des négociations avec les Américains dans le cadre du GATT, connues sous le nom de Kennedy Round.

Chapitre 8
    « CES ALLEMANDS DISENT : "AVEC DE GAULLE, ON NE PEUT JAMAIS SAVOIR" »
    Conseil du 11 décembre 1963.
    La visite d'Erhard à Paris, les 21 et 22 novembre, avait rassuré. Le Chancelier avait paru s'engager à trouver un accord. Or l'Allemagne s'est montrée très négative lors des dernières discussions à Six, à Bruxelles.
    Le Général laisse parler Couve, Pisani et Pompidou sans les interrompre. Il fait ensuite une déclaration dont, visiblement, tous les mots sont pesés.
    GdG : « Il est trop tôt encore pour prendre des positions de principe. Nous ne savons pas encore si c'est du lard ou du cochon ; si la négociation va s'engager ou si les Allemands vont continuer à atermoyer. On est dans l'incertitude la plus

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