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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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complète.
    « Évidemment, il est désagréable, et même désobligeant, que l'affaire commence aussi mal, étant donné les engagements pris voici quinze jours encore.

    « Si nous n'arrivons pas à aboutir, le Marché commun disparaîtra »
    «Cette négociation américaine s'est surajoutée en cours de route. On a fait le traité de Rome sans la perspective de ces accords avec l'Amérique ; et les Américains ont tout fait pour aider ce Marché commun à naître, sans poser aucun préalable. Le 14 janvier 1962, on a abouti à un accord solennel des Six sur l'agriculture, sans que personne soulève la question du GATT. Nous avons eu tort de l'accepter et surtout d'accepter l'idée qu'il puisse y avoir un lien entre la conclusion du Marché commun agricole et le Kennedy Round (il prononce round à la française). D'ailleurs, il n'y a déjà plus de Kennedy 1 et, quant au round, on ne sait pas encore quand les boxeurs monteront sur le ring.
    « De toute façon, il n'y a aucune raison pour que la date du 31 décembre ne reste pas acquise pour l'achèvement de la négociation sur les règlements agricoles en suspens à Bruxelles. Mais que ferons-nous si les choses se gâtent ?
    « Eh bien, nous constaterons qu'il y a manquement complet denos partenaires à leurs engagements et, dans ce cas-là, on ne voit pas ce que pourrait devenir la Communauté économique européenne. Le Marché commun disparaîtra.
    «En pratique, c'est seulement à l'Allemagne que tout est suspendu. Une Allemagne dont nous constatons l'attitude désagréable, sinon intolérable — pour le moment, je préfère ne pas la qualifier; j'attends le 31 décembre.
    « Nous ne savons pas à qui nous avons affaire. Tantôt, le Chancelier Erhard jure ses grands dieux que les règlements seront adoptés au 31 décembre. Tantôt, le représentant du gouvernement allemand déclare: "Jamais nous n'avons fait de pareilles promesses! " Il est possible que nous ayons affaire à une confusion, non à un État.
    « Dans ce cas, les Allemands seraient incapables — je dis bien incapables — de faire une communauté avec nous. D'ici au 31 décembre, nous avons tout de même le temps d'aboutir. Rien n'empêche, en pratique, que les négociations réussissent dans ces délais.
    « L'effet psychologique que ferait l'éclatement du Marché commun (il répond à une mise en garde que Pompidou vient de formuler) ? Ne nous dissimulons pas que nos adversaires diront que c'est notre faute. Les croira-t-on ? Croira-t-on les dragons de papier, c'est-à-dire les journaux, qu'ils rempliront de leurs invectives ? Il ne faut pas sacrifier nos intérêts essentiels à la crainte du qu'en dira-t-on.
    « Il ne faut laisser personne douter que si, deux ans après la conclusion d'un accord essentiel comme l'accord agricole du 14 janvier 1962, on n'a pas abouti en réglant la façon dont l'agriculture doit entrer dans le Marché commun, on n'y aboutira jamais.
    « Nos partenaires auraient plaisir à voir les négociations continuer plusieurs années! Les Allemands peuvent attendre cinquante ans. Nous ne le pouvons pas. Nous avons notre agriculture sur les bras! Si nous n'avons pas le débouché du Marché commun, il faudra en trouver d'autres, et en tirer les conclusions pour notre agriculture elle-même. »
    Le Général, après avoir fait sa déclaration, dit à Pisani (qui doit repartir aussitôt pour Bruxelles) : « Monsieur le ministre de l'Agriculture, vous êtes libre. » Pisani se lève, pince-sans-rire: « Mon général, je vous remercie pour la liberté. »

    « Nous renoncerions même à avoir des troupes en Allemagne »
    Salon doré, après le Conseil.
    La résolution du Général, chacun, pendant le Conseil, en a senti toute la force. Reste à savoir comment la gérer devant l'opinion.
    AP: « Il faudrait que personne ne puisse douter de votre détermination. Ne ferez-vous pas une déclaration d'ici à la fin du mois?
    GdG. — Non. Je ne veux pas intervenir pendant la période des négociations. »
    Il a une autre idée : faire connaître avant, qu'il parlera après. GdG : « Pour presser les Allemands et pour leur faire peur, il faudra que vous annonciez la date de ma conférence de presse.
    « Il y a des Allemands qui ont peur parce qu'ils se disent (un gros rire) : "Si c'était Guy Mollet, ça pourrait encore continuer longtemps! Mais avec de Gaulle, on ne peut jamais savoir; il est fort possible qu'il dise: Bon, ça suffit comme ça, c'est terminé ! " On en a peur,

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