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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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véritable, ce qui fait que leur volonté de ménager les Russes ira s'accroissant.
    « Plus les choses iront, plus vous serez amenés à voir votre avenir ailleurs que dans une étroite conjonction avec la politique américaine. Il n'est pas question, certes, de se montrer hostile aux États-Unis. Nous les voulons pour amis, nous sommes leurs alliéset voulons le rester. Mais l'Allemagne concevra de plus en plus une action politique, économique et culturelle moins dépendante de celle des États-Unis. Il faudra bâtir une politique européenne indépendante, dans le cadre de l'alliance avec les États-Unis. Nous ne sommes pas impatients.
    « Telle est la conclusion que, du côté français, on emportera de cette rencontre. L'on en emportera aussi cette conclusion, presque inconcevable, que nous, Français, nous ne trouvons à l'heure actuelle aucun pays du monde avec lequel nous soyons plus disposés, psychologiquement et naturellement, de coopérer qu'avec l'Allemagne d'aujourd'hui. »

    « L'Europe sera européenne ou ne sera pas »
    Au Conseil du mardi 7 juillet 1964, le Général rend son verdict: « Nous avons pris contact de façon nette et claire avec les responsables et en particulier avec le Chancelier Erhard. Il en résulte que l'Allemagne hésite entre l'Amérique et l'Europe, donc la France.
    « C'est compréhensible. En définitive, les Allemands, comme tout le monde, chantent le couplet de l'Europe, mais ne consentent pas à voir ce que ça signifie. Ça signifie une politique européenne. L'Europe sera européenne ou ne sera pas.
    « Il y a confusion, parce qu'on prétend que l'Europe pourrait se faire sans avoir sa politique. Les technocrates confondent l'action avec les statistiques. Les politiciens la confondent avec le débat.
    « Il s'agissait pour les technocrates de créer une Europe américaine. Consciemment ou inconsciemment, les Allemands en sont encore là. Nous n'en sommes plus là. Voilà pourquoi nous ne pouvons faire pour le moment avec les Allemands une politique commune. Ni défense, ni diplomatie, ni même économie. Parce que Erhard n'arrive pas à se résigner à une Europe qui soit européenne. »
    Pendant le Conseil, Pompidou me griffonne un billet: « Pour Bonn, il faut être extraordinairement prudent. Le Général vous en parlera sans doute, mais il ne faut pas avoir l'air d'enterrer la coopération franco-allemande. Par contre, selon moi, on peut laisser entendre que les Allemands sont indécis! G.P. »

    « S'il n'y a aucun progrès avec les Allemands, eh bien nous nous orienterons vers la Russie »
    Après le Conseil, le Général me donne des indications plutôt lénitives à l'intention de la presse. Mais, comme pour compenser, il se projette dans une situation où la France devrait parler fort.
    « La prochaine fois, s'il n'y a aucun progrès avec les Allemands, alors, là, après tout, on pourrait faire autre chose.
    AP. — Mais quoi?
    GdG. — Eh bien, une politique orientée vers l'Est, vers la Russie, et non plus vers l'Allemagne.
    AP. — Le renversement d'alliance?
    GdG. — N'employez pas cette expression, qui ne s'applique pas. Parlez plutôt de refus des deux blocs, ou d'équilibre entre les deux hégémonies. Nous n'allons pas passer d'un camp à l'autre! Nous ne sommes pas les Saxons à Leipzig!
    « Il y avait deux politiques possibles avec l'Allemagne. La politique traditionnelle, qui consistait à lui casser les reins, puisqu'elle était battue, et ne plus en parler pour plusieurs générations. J'ai essayé de voir si Staline, fin 44, marcherait avec nous; je lui ai dit: "Vous prenez ce que vous voulez sur les Allemands à l'Est, mais à une condition, c'est que vous respectiez l'indépendance de la Pologne, de la Tchécoslovaquie, etc. Et la France prendra des sûretés sur la rive gauche du Rhin." Il n'a pas voulu accepter. Il voulait mettre la main sur toute l'Europe orientale et centrale, et il ne voulait pas entrer dans mes vues pour l'Europe occidentale. Il avait déjà plus ou moins fait un marché secret avec Roosevelt, lequel marché a été conclu à Yalta quelque temps après. Donc, il ne voulait pas s'engager avec moi. Il m'a proposé un vague traité de garantie contre l'Allemagne, si elle se relevait; moyennant ma reconnaissance du gouvernement communiste de Lublin, qu'il avait fabriqué; je me suis dérobé.

    « Les Anglo-Saxons ne voulaient pas voir la France être la première en Europe »
    « Cette politique traditionnelle, elle a donc

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