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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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ce que veulent les Américains, et d'autre part l'obligation populaire de maintenir l'amitié française. On ne leur pardonnerait pas de l'avoir rompue. Alors, votre copain von Hase vous demande un film pour donner à penser que la réconciliation franco-allemande se porte bien. Mais, pour les grandes affaires, dès qu'il y a un cas concret, ils choisissent toujours la solution américaine. »
    1 Willy Brandt est alors maire de Berlin-Ouest et vice-président du parti social-démocrate allemand; il deviendra Chancelier fédéral en octobre 1969.
    2 Outre Pompidou — qui n'a pas, à proprement parler, d'homologue, Erhard se comportant en homologue du Général: Couve de Murville face à Schröder, Messmer à Hassel, Giscard d'Estaing à Dahlgrün (Finances) et Schmücker (Économie), Pisani à Schwarz, Fouchet à Kiesinger (délégué des ministres de la Culture des Länder ) , Triboulet à Scheel, moi-même à von Hase, Herzog à Heck.
    3 Président du CSU, les chrétiens-démocrates de Bavière, longtemps ministre fédéral de la Défense.

Chapitre 10
    « LA CLEF, NOUS LA DÉTENONS »
    Un nouveau décembre se profile sombrement sur l'horizon du Marché commun. L'incertitude enveloppe le lien entre l'avancement du Marché commun agricole et la négociation du GATT, dite Kennedy.
    Conseil du 21 octobre 1964.
    Après un nouvel exposé de Pisani, le Général nous ramène à l'essentiel:
    GdG : « Oui ou non, la CEE acceptera-t-elle la négociation Kennedy, sans que le Marché commun agricole soit établi? Toute la question est là.
    (Le Général aime bien cette expression: il aime réduire la complexité d'un problème à la simplicité d'une question. «La simplicité est le plus court chemin vers la vérité", m'a-t-il dit un jour.)
    « La clef, nous la détenons.

    « Nous n'admettons pas de traiter avec l'Amérique tant que le Marché commun agricole n'existe pas »
    « Nous n'admettons pas qu'il y ait un traité entre le Marché commun et l'Amérique, tant que le Marché commun agricole n'est pas établi. La situation est sérieuse. C'est un sujet important. La France est agricole autant qu'elle est européenne.
    Pisani. — Envisager pour l'agriculture française le non-Marché commun, c'est envisager une révolution en France.
    GdG (obstiné). — S'il n'y a pas de Marché commun agricole, il n'y aura pas de Marché commun.
    Couve. — Le conflit du Marché commun et des États-Unis, au GATT, ne porte que sur la partie agricole de cette négociation. C'est un conflit ouvert et déterminé entre la France et les États-Unis.
    GdG. — Qui sont tous deux des producteurs agricoles. Ça se ramène à ça. »

    Après le Conseil, le Général me demande de dire «qu'il n'y a pas de possibilité de négocier utilement avec les États-Unis tant que la Communauté européenne, agriculture comprise, n'est pas organisée complètement; c'est-à-dire tant que le Marchécommun agricole n'existe pas. Et dites bien que la France tiendra bon!
    AP. — Mais croyez-vous vraiment que nos partenaires ne veuillent pas faire le Marché commun agricole?
    GdG. — Depuis le début, tout a été fait pour qu'il n'y ait pas d'agriculture dans le Marché commun! On s'est contenté dans le traité de Rome d'une déclaration d'intention qui ne rimait à rien! C'est un crime qui a été perpétré contre l'économie française, en un temps où la France était représentée par des gens qui se souciaient bien peu de l'intérêt national. (Je n'ai pas le courage de lui dire que je faisais partie de cette délégation.)
    « Si l'agriculture n'entre pas dans le Marché commun, le problème est simple. Ou bien nous laisserions tomber nos agriculteurs, qui devraient vendre leur production au cours mondial, ce serait pour eux la ruine. Ou bien, on décide de leur donner des subventions. Mais c'est notre industrie qui les subventionnerait; elle traînerait, à elle seule, un boulet terrible, que, grâce au Marché commun, nous pouvons partager avec les industries de nos partenaires. C'est bien pourquoi nos partenaires, Allemagne en tête, ne veulent pas d'un Marché commun agricole. »
    Cette fois, il ne prétend pas que ce serait facile de vivre sans le Marché commun...

    Au début de l'après-midi, Pisani, qui a écouté les radios, m'appelle sur l'interministériel, surexcité: « Comment avez-vous pu dire qu'il n'y aura pas de négociation Kennedy s'il n'y a pas de Marché commun agricole et que, dans ce cas-là, il n'y aura pas de Marché

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