C'était de Gaulle - Tome II
gouvernement soviétique à Moscou, parce que la révolution de 17 a été faite par les Russes. Je reconnais le gouvernement de la Chine, parce qu'il a été fait par les Chinois et personne d'autre. Le gouvernement de Pankow a été fait par l'étranger. Il ne tiendrait pas une seconde si les Soviets s'en allaient ; c'est d'ailleurs comme ça que ça finira. C'est un gouvernement absolument artificiel. C'est une zone d'occupation russe. Les Russes ont délégué des communistes pour administrer sous leur contrôle, c'est tout.
AP. — L'Humanité souligne que, dans votre message du 31 décembre, pour la première fois, vous vous étiez abstenu de faire une pique à la Russie et rappelle que, dans un discours de l'an dernier, vous aviez mis Pankow dans la liste des capitales de l'Est.
GdG. — Ça m'étonnerait bien! J'ai dit que les Soviets avaient établi leur domination sur la Prusse, sur la Pologne. Mais je n'ai sûrement pas parlé du gouvernement de Pankow 1 . Ulbricht m'a télégraphié pour le 1 er janvier. Je ne lui ai même pas répondu. Il n'existe pas. »
Il existe si peu que, lors de la signature d'un « traité » entre l'URSS et la RDA, le Général m'avait dit, le 17 juin 1964 : « Un traité entre pays communistes, c'est de la rigolade, c'est un échange de signatures entre Khrouchtchev et Khrouchtchev. »
« Je donnerai un coup de main à Erhard pour ses élections, mais la Force multilatérale, c'est fini »
Au Conseil du 13 janvier 1965, Couve: « La réunion franco-allemande semestrielle est fixée aux 19-20 janvier. Le Chancelier Erhard a demandé qu'elle se réduise à des conversations en tête à tête avec vous et que les membres du gouvernement allemand n'aient pas à rencontrer leurs homologues français. Ce qui révèle le désarroi de la politique fédérale. Le Chancelier Erhard se tape à la vitre comme un hanneton »
Salon doré, après le Conseil.
AP: « Quels thèmes traiterez-vous dans votre conférence de presse ?
GdG. — L'Europe totale. Sous l'angle de l'Allemagne.
AP. — Selon les résultats de votre rencontre avec Erhard?
GdG. — Les résultats sont connus d'avance.
AP. — Il vous a envoyé un SOS ?
GdG. — J'essaierai de lui donner un coup de main pour ses élections. Mais la Force multilatérale, c'est fini ; inutile qu'il y revienne. Le Marché commun agricole, il n'y a qu'à le terminer. La réunification allemande, ça n'est pas possible si les Russes ne sont pas d'accord, ce n'est pas la peine de se raconter des histoires. Et enfin, l'Europe politique, eh bien, il n'y a qu'à reprendre le plan Fouchet ou à peu près.
« Il faut qu'ils admettent, les Allemands, qu'ils ont été vaincus, et que, quand on est vaincu, on paie. Pour qu'une situation normale s'établisse, ce qui comportera, je le crois, leur réunification, il faut qu'ils admettent que leurs frontières et leur droit à l'armement ne seront que ce que les autres auront décidé. Et ce n'est pas ça qu'ils souhaitent.
« Nous admettons bien la frontière belge, suisse et italienne! Alors, que les Allemands nous foutent la paix avec leurs allogènes »
AP. — Pour la réunification, irait-on vers une solution à l'autrichienne, la neutralisation?
GdG. — Oh non, on ne peut pas appliquer à l'Allemagne une pareille solution. Dans cette Europe totale, il faut que l'Allemagne soit avec nous, c'est nécessaire à l'équilibre européen. Il faut que l'Allemagne soit ancrée à l'Ouest. Pour que l'Europe occidentale puisse faire contrepoids à l'énorme Russie, il faut que l'Allemagne soit liée à la France et réciproquement. Ensuite, il faut qu'il y ait une Europe occidentale qui existe, par son économie, et même par sa politique. Et puis, il faut que les satellites de la Russie soient redevenus indépendants. Alors là, on peut établir l'équilibre européen.
AP. — Mais les 90 millions d'Allemands, c'est énorme!
GdG. — N'exagérons rien ! Si les Allemands avaient eu les territoires au-delà de l'Oder-Neisse, la Silésie, la Prusse orientale... Mais non! Ils sont 17 millions en zone russe. Et ils sont actuellement 55 en zone occidentale. Ça fait 72, pas 90.
AP. — Vous effacez complètement les Allemands allogènes, les Allemands de Silésie, les Sudètes?
GdG. — Ah non, ceux-là, qu'on nous foute la paix ! On n'en parle plus, de ceux-là. Il n'en est pas question.
AP. — On admet les frontières comme elles sont.
GdG. — Et nous, nos allogènes? Nous admettons bien
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