C'était de Gaulle - Tome II
européenne et même de la Communauté économique européenne." Je lui ai dit: " Vous avez raison." »
Voilà bien le paradoxe: le grand « eurocrate » Spaak jetait l'éponge — et c'est la fermeté de De Gaulle qui sauvera le Marché commun...
« Les Allemands trahissent l'Europe »
Salon doré, 12 novembre 1964.
GdG : « Nous voilà devant une énorme incertitude. L'Allemagne ne sait pas ce qu'elle veut. Elle ne sait pas qui elle a à sa tête. Ceux qui sont à sa tête ne savent pas ce qu'ils veulent. Personne ne sait rien sur rien. C'est une fourmilière en désordre. Pitoyable! »
Salon doré, 18 novembre 1964.
GdG: « Tout ça, c'est de l'agitation, ça nous est égal. Il n'y a qu'une chose qui ne nous est pas égale, c'est le Marché commun. Alors là, on va voir, suivant ce qui va se passer: ou le Marché commun continuera, ou il ne continuera pas. Et puis, c'est tout.
AP. — L'accord militaire d'équipement entre l'Allemagne et les États-Unis vous paraît gênant?
GdG. — Les Allemands se conduisent mal. Ils se mettent complètement à la botte des Américains. Ils trahissent l'esprit du traité franco-allemand. Et ils trahissent l'Europe. »
1 Le 28 octobre, six députés « républicains-indépendants » ont voté la motion de censure déposée par 51 parlementaires du Centre démocratique, du Rassemblement démocratique et de la SFIO, au sujet de la fixation des prix agricoles, en particulier celui du lait.
Chapitre 11
« C'EST UN SUCCÈS DES GOUVERNEMENTS ET NON DE LA COMMISSION »
Salon doré, 25 novembre 1964.
AP: « Il semble que les Allemands, depuis quelques jours, acceptent de faire quelques pas.
GdG. — Nous verrons bien. Ils sont terriblement préoccupés de questions de politique intérieure, de leur tactique vis-à-vis de leurs groupes de pression. Heureusement, ces préoccupations nous sont totalement étrangères. Ça va peut-être se dénouer. Mais je refuse d'accepter quoi que ce soit, dans la négociation Kennedy, tant que le Marché commun agricole n'est pas construit.
« Les négociations n'ont de sens que si elles comportent une véritable réciprocité. Si les Allemands continuent à faire les faux jetons, le Marché commun volera en éclats. »
« Si ce qui est convenu n'est pas conclu, nous nous retirerons du Marché commun »
Conseil du 2 décembre 1964.
Couve : « Les Allemands, qui s'étaient mis dans une position impossible, ont fait des efforts pour sortir de l'impasse.
GdG. — Ils en sont sortis, parce qu'ils se sont sentis obligés d'en sortir. Pour les dates, il faut être rigoureux. Il faut garder cette position et ne pas en bouger. Si ce qui est convenu n'est pas conclu à la date prévue, nous en prendrons acte et nous nous retirerons du Marché commun. »
Conseil du 9 décembre 1964.
GdG : « S'il n'y a pas d'accord pour le 15 décembre, je ne vois pas pourquoi, le 1 er janvier, on procéderait à un abaissement des tarifs sur les produits industriels. Il ne faut pas craindre de dire et de répéter que, tant qu'il n'y a pas de Marché commun agricole, le Marché commun industriel ne jouera pas. C'est notre véritable arme de négociation!
Couve. — Mais nous avons un engagement contractuel à abaisser le 1 er janvier les droits de douane.
GdG. — Pourquoi accepter ce qui est avantageux pour les autres et ne pas obtenir ce qui est avantageux pour nous? Que l'abaissement sur les droits de douane le 1 er janvier reste suspendu jusqu'à ce que la question agricole soit réglée! Sinon, on profiterade ce que l'Italie n'a pas de gouvernement, comme d'habitude, et on ne fera rien.
Giscard (inquiet). — Mais nous aussi, nous avons intérêt à abaisser nos droits de douane, pour accentuer la pression sur nos industries par une libéralisation du marché.
GdG (prenant en compte l'argument d'intérêt national de Giscard, mais résolvant la contradiction, comme le ferait un juriste accompli). — Nous pouvons abaisser nos droits de douane si ça nous fait plaisir, mais que ce ne soit pas contractuellement, ce qui est irréversible! Gardons les mains libres! Pourquoi abaisser contractuellement les droits de douane, ce qui ne nous rapportera rien et fera seulement plaisir aux Allemands?
« Il y aura samedi une discussion d'ensemble. Il faut qu'elle aboutisse. Elle a assez duré. Sinon, nous n'avons aucune raison d'accomplir sans délai nos engagements dans le cadre du Marché commun industriel. »
« Ce pas en ayant fait admettre la
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