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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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la frontière belge, la frontière suisse, la frontière italienne. Alors, que les Allemands nous foutent la paix avec leurs allogènes. Ils exagèrenttoujours! Il faut les rappeler de temps en temps au sens de la mesure.»

    « Il n'y aura pas de réunification si l'Est n'en veut pas »
    À la réunion franco-allemande de janvier 1965, la magie du traité a opéré. Français et Allemands ont continué de découvrir la force de leur lien. Et le Général a découvert en Erhard un interlocuteur habile et complaisant.
    Au Conseil du jeudi 21 janvier 1965, Couve: « Erhard voulait revenir à Bonn avec un résultat concret, compte tenu de la période électorale. Nous sommes convenus d'approcher les Anglo-Américains pour faire ensemble une démarche à Moscou, qui ne conduirait à rien, mais qui donnerait un avantage psychologique. » Couve souligne aussi deux points positifs: « Le Chancelier n'a pas plaidé en faveur d'un armement nucléaire allemand. Il a pris ses responsabilités personnelles dans l'affaire du prix des céréales.
    GdG. — Il tenait beaucoup à faire apparaître à son opinion publique que l'entente avec la France persistait et même qu'elle était rétablie. Sa lutte électorale serait plus difficile s'il devait renoncer à une coopération privilégiée avec la France. Nous avons fait ce qu'il fallait pour que l'apparence fût ce qu'il souhaitait qu'elle fût.
    « Cela ne nous a pas coûté grand-chose. Qu'on nomme plan Fouchet ou plan Erhard le projet d'union politique des États, nous n'y voyons pas d'inconvénients.
    « L'unification allemande? Un jour ou l'autre, ça pourra peut-être s'accomplir, si l'Est s'y prête. Il n'y aura pas de réunification si l'Est n'en veut pas. Elle n'est pas possible sans un changement complet entre l'Ouest et l'Est européens. Même sa mise à l'ordre du jour n'est pas possible, si la Force multilatérale est autre chose qu'un fantôme exorcisé.
    « Peut-être qu'un jour, il y aura une Europe totale, où sera possible non seulement la détente et l'entente, mais la coopération, et où l'unité allemande pourra s'insérer. Ce qui suppose des conditions très strictes, au point de vue des frontières et au point de vue de l'armement. La discrétion sur les problèmes de défense est donc opportune; elle préserve le mieux les chances d'une défense européenne à venir, dont le principe est lié à une éventuelle coopération politique européenne, sans laquelle elle ne saurait exister.
    « On ne le lui a pas caché.
    « Moyennant quoi, l'atmosphère était satisfaisante et la personnalité d'Erhard a paru plus dessinée. L'épreuve, l'expérience ont fait qu'il prend peu à peu la dimension d'un chef de parti et même de gouvernement. Il est plus assuré de lui que naguère. Ce à quoi nous ne voyons pas d'inconvénient, bien au contraire. »
    Le Général préfère toujours des partenaires « consistants ».
    Après le Conseil, le Général laisse voir l'origine de sa satisfaction : « Les Allemands sont les plus exposés. Ils veulent savoir ce que les États-Unis vont faire des bombes, en tout cas de celles qu'ils entreposent sur leur sol. C'est la moindre des choses! Ils commencent à ne plus se satisfaire du rôle de valets des Américains. C'est bon signe. »
    Il a perçu un frémissement de l'esprit d'indépendance: il ne veut surtout pas le décourager.

    « La clef de la réunification allemande, nous la détenons »
    Au Conseil du 27 janvier 1965, Couve: « Les Allemands pensent que ni les Anglais ni les Américains ne pourront se dérober, à partir du moment où la France sera favorable à la réunification allemande. »

    Après le Conseil, le Général me dit:
    « Il faut d'abord que la situation évolue — et la France peut beaucoup pour cette évolution — de manière que les Soviets ne s'opposent plus à la réunification. Ensuite, il appartiendra à la France de donner son accord, en posant des conditions légitimes. Ça fera partie d'un ensemble, dans lequel la France joue un rôle essentiel. La clef de la réunification allemande, c'est nous qui la détenons. »
    La même expression lui était venue à propos du Marché commun agricole 2 . Nous détenons un vrai trousseau de clefs.
    Mais pour que la clef ouvre la porte, il aurait fallu que l'Allemagne veuille assez fort sa réunification pour jouer la détente — et l'Europe européenne. En tout cas Erhard, en posant avec insistance son objectif de la réunification, donne une

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