Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
1963.
    GdG : « Sékou Touré revient de loin. Il a voulu faire la grande opération de 58 contre la France et contre la Communauté. Il s'est précipité chez N' Krumah 6 , chez les Anglais, chez les Américains, chez les Soviétiques. (Le Général ne parle pas des Chinois, avec lesquels il caresse l'idée d'établir des relations diplomatiques.) L'expérience n'a pas été inutile, ni pour lui, ni pour ses voisins. Il est revenu vers la France. Il nous demande une " grande coopération". Il n'y a pas de raison de se jeter dans ses bras. Mais nous n'excluons pas un arrangement 7 . Il fait partie d'un ensemble africain qui tient à nous de très près, et dont il ne peut rester longtemps à l'écart. »
    Au Conseil du 29 mai 1963, Habib-Deloncle rend compte de la réunion de la toute nouvelle Organisation de l'Unité africaine à Addis-Abeba : « Trente pays, sauf l'Afrique du Sud, le Togo à cause de l'assassinat d'Olympio, le Maroc à cause de son conflit avec la Mauritanie.
    GdG. — Tous ces Africains sont certainement enchantés de se découvrir les uns les autres. Maintenant qu'ils se sont vus, on va voir comment ils coopéreront.
    « Rien n'empêchera qu'il y ait en Afrique des gens qui sont noirs et d'autres qui ne le sont pas. Des gens qui parlent anglais, et d'autres français. Des gens qui se développent, et d'autres qui n'y arrivent pas. Des ambitieux, qui tâchent d'empiéter sur les autres, et de moins ambitieux, qui veulent qu'on leur fiche la paix. »
    Voici qu'apparaît, en mineur, un souci. L' OUA, porteuse du mythe de l'unité africaine, va-t-elle l'emporter sur l'Union africaine et malgache, fondée sur la réalité des liens anciens entre une partie de l'Afrique et la France ?
    1 Président du Katanga, province congolaise qui avait proclamé son indépendance.
    2 Président de la République du Togo, assassiné début 1963.
    3 Président du Togo.
    4 Président de la République malgache.
    5 Secrétaire d'État au budget.
    6 Président de la République du Ghana.
    7 Cette embellie n'aura pas de suites immédiates. Il faudra attendre encore de longues années de délire anti-français et d'isolement sanglant, avant une complète normalisation, qui n'interviendra qu'en 1975, par l'établissement des relations diplomatiques, à l'initiative du Président Giscard d'Estaing.

Chapitre 9
    « LA DÉMOCRATIE, ILS NE PEUVENT PAS ENCORE LA CONNAÎTRE »
    Au Conseil du 21 août 1963, Habib-Deloncle rend compte de l'éviction de l'abbé Fulbert Youlou, jusque-là Président du Congo : « Se croyant appuyé par l'armée, Youlou avait voulu l'épreuve de force avec les syndicats. D' où grève générale, graves désordres, intervention des troupes françaises, état de siège, couvre-feu. Les manifestants réclament la démission des ministres. Finalement, Youlou démissionne lui-même.
    GdG. — Ces gouvernements sont dépourvus d'assise. C'est un encouragement pour ceux qui veulent la place et pour les intrigues étrangères.
    « Ce pauvre Youlou a été inconsistant. Il a pris des attitudes variables dans toute la crise. À Brazzaville, il y a 100 000 malheureux dont on ne sait de quoi ils vivent. Les syndicats parlent au nom de ces crève-la-faim. Y a-t-il eu intervention des Soviets ? Des Américains ? Ils ont joué, les uns comme les autres. Les premiers, par encouragement à la subversion ; les seconds, pour faire un gouvernement qui ne soit pas le nôtre.

    « Nous ne pouvons pas tirer sur des manifestants ! »
    « Youlou m'a téléphoné deux fois. D'abord, pour me demander le droit de réquisitionner les forces françaises. Le lendemain, les manifestations ont recommencé. Fallait-il tirer ? Youlou m'a retéléphoné à Colombey. La foule était massée sur la place. Si l'armée française ne faisait pas évacuer les abords du palais, tout était perdu. J'ai su, par le chef d'état-major des troupes françaises, que, si on voulait faire évacuer, il fallait tirer. J'ai dit à Youlou : "Nous ne pouvons pas tirer sur des manifestants et faire un massacre ! Ce ne serait ni votre intérêt, ni le nôtre, ni l'esprit de nos accords. Si nous tirons, il n'est plus question que vous puissiez rester. Quant à nous, notre situation serait impossible ! En revanche, nous pouvons assurer votre protection." Il a décliné cette offre. On a laissé entrer des officiers congolais dans le palais jusqu'à la chambre où Youlou discutait. Ils ont emporté de vive force sa démission. L'officier français a demandé

Weitere Kostenlose Bücher