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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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vivres. ») Après un silence, il ajoute, lourd de sous-entendus : « Il ne faut pas laisser le ministre de la Coopération tirer à hue et le ministre des Affaires étrangères tirer à dia. » (Sans que ni l'un ni l'autre se soient exprimés, il est clair que Triboulet est favorable à un arbitrage français et Couve à un arbitrage international.)
    Le Général conclut par la formule de Maurras : « Politique d'abord ! » Leçon pour Couve, trop soucieux des usages internationaux.

    Au Conseil du mardi 18 février 1964, Habib-Deloncle : « Un coup d'État militaire a éclaté au Gabon. Les lieutenants ont écarté leurs supérieurs français.
    GdG. — On n'en est même plus aux capitaines.

    « Nous ne pouvions pas laisser zigouiller Léon M'Ba »
    Habib-Deloncle. — Il n'y en a pas ! Aucun Gabonais n' a dépassé le grade de lieutenant. Les lieutenants se sont emparés de la radio, dont la possession commande tout le reste. Le Président Léon M'Ba a été arrêté et transféré dans un camp par des mutins. Les ministres sont dans l'expectative. Vous avez prescrit d'intervenir pour délivrer Léon M'Ba. Les premières forces seront sur place à midi. L'opération doit se dérouler en ce moment même.
    GdG. — Dans ces pays-là, il n'y a aucun loyalisme pour qui que ce soit, qui garantisse la sécurité des chefs d'État. Nous avons là-bas beaucoup trop de monde qui ne sert à rien. La coloniale 1 se maintient, malgré les directives que nous avons prises. Nos officiers n'ont pas à se mêler de la vie politique locale. Mais ils veulent garder leur villa et leurs boys. Ils veulent reprendre de l'existence et du pouvoir. Il faut se concentrer dans les endroits utiles pour des opérations de guerre : Dakar, Fort-Lamy, Diego-Suarez.
    « Ça suffit comme ça ! L'important, c'est de ne pas être engagé dans des affaires obscures où on ne peut attraper que des coups et de ne pas nous mettre dans le cas de délivrer un Président coffré par des adjudants.
    Pompidou. — Le Gabon n'a pas d'existence économique propre — ce qui existe, c'est le bois, qui est français, le pétrole, qui est français, le fer, qui est français.
    GdG (comme s'il trouvait que Pompidou allait vraiment trop loin, le prend à contre-pied).— Nous sommes responsables ! Nous ne pouvons pas laisser zigouiller Léon M'Ba, alors que nous avons dix fois trop de troupes. Il est ridicule et incompréhensible que nous ayons là-bas des généraux, des états-majors, et que nos troupes n'assurent pas la sécurité du Président. La première chose à faire, c'est la sécurité. »

    « C'est trop commode de trouver quelques étudiants qui déclarent qu'ils sont le peuple »
    Au Conseil du 26 février 1964. Léon M'Ba a été rétabli par l'intervention de nos forces. Mais le malaise persiste. Léon M'Ba dissout son gouvernement et les anciens ministres ne pourront se présenter aux élections qui auront lieu en avril. L'Union africaine et malgache a approuvé notre intervention, quelquefois avec enthousiasme, sauf le Congo-Brazzaville et le Dahomey, qui nuancent leur approbation.
    GdG : « C'est trop commode, dans un malheureux pays qui n'est pas stabilisé ni même établi, de trouver quelques étudiants qui déclarent qu'ils sont le peuple. Nous ne pouvions laisser faire sans bouger. Nous n'avons pas pu empêcher la disparition de Youlou, parce qu'il s'est dégonflé lui-même. Non plus pour Maga, qui s'est aussitôt effondré et s'est mis sous la coupe des mutins. Au Gabon, c'était différent. Il n'y avait pas de raison de se laisser faire. C'est une agitation dérisoire.
    « Il faudra mettre au point les relations entre Paris, les ambassadeurs et les militaires. Nos ambassadeurs travaillent avec tout le monde, avec l'opposition comme avec la majorité, avec les Anglais et les Américains de l'endroit, qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas et qui, le jour où une intervention brutale est nécessaire, disparaissent. Quand la France entre en ligne, nos ambassadeurs n'ont qu'à se taire et faire ce qu'il faut pour que la France l'emporte. »

    « On peut toujours arriver à s'emparer du palais du Président »
    À l'issue du Conseil, je demande au Général de m'éclairer sur la doctrine française d'intervention en cas de troubles.
    GdG : « Je vais vous donner quelques indications. D'abord, les troupes françaises. Elles ne cessent de diminuer. En 1964, nos effectifs, sur tout l'ensemble de l'Afrique noire, de 40 000 en 1963 sont

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