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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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à Youlou : "Voulez-vous venir avec nous ? " Youlou a répondu : " Je me mets sous la protection de l'armée congolaise." Il n'avait donc plus besoin de nous.
    « Que faire, quand une situation pareille se produit ? Ou bien,intervenir systématiquement : nous le pouvons, la force nous appartient, nous pouvons l'accroître. Mais à quoi ça nous conduira ? À agir partout et, finalement, à rétablir le gouverneur général, comme naguère.
    « Ou bien, procéder d'après les circonstances. C'est ce que nous avons fait. »

    « Garder les mains libres, en laissant ces peuples libres de choisir eux-mêmes leur destin »
    Une discussion inquiète s'instaure. On aimait bien l'abbé : Triboulet : « L'armée nationale congolaise, à la demande de Youlou, est intervenue la première, commandée par huit officiers français. C'est gênant, d'assumer le commandement !
    Messmer. — C'est ma thèse ! Le malheur, c'est que ce n'est pas celle des chefs d'État africains, même le Maroc. Ils trouvent nos officiers plus sûrs que les leurs. Ils sont plus colonialistes que nous.
    GdG. — Il faut agir de manière à être présents et influents, sans être jamais engagés. Pour cela, trois conditions sont nécessaires :
    « 1. Ne nous laisser accrocher ni en Afrique noire, ni en Afrique du Nord, ni ailleurs ; garder les mains libres, en laissant ces peuples libres de choisir eux-mêmes leur destin.
    « 2. Bénéficier d'une situation politique sûre, qui nous permette de suivre une ligne nette. Ces deux conditions sont remplies.
    « 3. Enfin, il faut que la France jouisse d'une stabilité économique, financière et monétaire ; sinon, tout s'en ira. La situation actuelle nous donne beaucoup à penser. »
    Le Général annonce ainsi à mots couverts le plan de stabilisation qu'il imposera au gouvernement le mois suivant. Tout est bon, même l' actualité africaine, pour mettre en condition les ministres.

    « Comment bâtir un État, quand on n'a pas plus de ténacité ? »
    Au Conseil du 4 décembre 1963, Habib-Deloncle rappelle nos sujets de préoccupation en Afrique. «Au Niger, le capitaine N'Dialo a soulevé sa compagnie contre le Président Diori Hamani, qui ne peut compter que sur ses propres gardiens. Au Dahomey, Maga a démissionné et a été incarcéré.
    GdG. — Ces événements soulignent l'infirmité de ces chefs d'État qui renoncent à leur légitimité et finissent en prison. Nous ne pouvons les soutenir que s'ils se comportent en chefs d'État.
    « D'autre part, il ne faut pas se laisser entraîner à alimenter les dépenses de prestige des chefs d'État locaux. Nous avons donnéà Maga de quoi construire un palais scandaleux. Les architectes et les entrepreneurs s'en mettent plein les poches. »

    Après le Conseil, j'interroge le Général sur ce qui vient de se passer au Dahomey et ce qui est en train de se passer au Niger.
    GdG : « Tout ça, c'est la démonstration de l'incroyable faiblesse de ces chefs d'État. Je leur ai toujours conseillé de ne jamais donner leur démission. Ils me l'ont juré. Et pourtant, dès la première difficulté, ils renoncent au peu de légitimité qui existe dans ces pays. Comment bâtir un État, quand on n'a pas plus de ténacité ? Comment peuvent-ils accepter de négocier avec des gens qui veulent s'emparer du pouvoir les armes à la main ? S'ils acceptent, tous les putschs réussiront.
    « Les insurgés accusent les ministres de malversations. Il est certain qu'ils en ont commis. Il est non moins certain que leurs remplaçants en commettront eux aussi. Alors, si les chefs d'État renoncent, il ne reste plus rien du tout.
    AP. — La preuve a contrario, c'est Senghor.
    GdG. — Quand Dia a voulu prendre sa place, Senghor n'a pas trafiqué avec lui. Il l'a foutu en prison. C'est ce qu'il faut faire. »

    « Il faut surtout éviter que la question ne s'internationalise »
    Au Conseil du 2 janvier 1964, Habib-Deloncle rend compte d'une crise survenue entre le Niger et le Dahomey.
    GdG : « Il faut surtout éviter que la question ne s'internationalise et ne soit évoquée à New York. Réglons nos affaires entre nous. C'est à la France d'arbitrer, quand éclate un différend entre deux pays liés à elle par des accords de coopération.
    « Quant à l'arbitrage de la Nigeria, il serait absurde ! Il faut le dire aux deux parties, en leur faisant savoir que c'est notre aide qui est en cause. » (Autrement dit : « Si vous vous en remettez au verdict de Lagos, je vous coupe les

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