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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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avec la France : on aurait fait un pas vers la reconnaissance de la politique des deux Chines. Mais Pékin pense que Formose rompra.
    « Notre initiative est un événement très important sur le plan mondial. Elle manifeste les changements profonds intervenus : la réapparition de la Chine, sa rupture avec la Russie, l'élimination des deux blocs idéologiques qui paraissaient s'être partagé le monde. Mais l'événement le plus important, c'est le retour éclatant de la France, d'une grande importance dans le Sud-Est asiatique.
    GdG. — Les choses sont sur la table. Non de notre fait, mais du fait de ceux que nous avons prévenus et qui se sont hâtés d'en parler. Les réactions suscitées sont passionnelles et même assez hystériques du côté américain. Une fois le fait accompli, il est probable qu'ils jugeront peu à peu qu'il est normal qu'ils en fassentautant. Notre exemple sera suivi. Ça ne changera rien au fait que la Chine communiste est communiste à sa façon. Avant d'être communiste, la Chine est la Chine.
    « Il n'y a pas de chance que le fait d'avoir une ambassade à Pékin déclenche aussitôt des échanges économiques importants. Les Chinois ne peuvent pas payer. Mais il n'y a pas d'inconvénient à être présent dans la Chine plus tôt que plus tard. Ne serait-ce que pour participer à ce qu'elle fera et sera. »

    « Les Européens ne se courbent jamais assez par-devant, tout en faisant des grimaces par-derrière »
    Après le Conseil :
    AP : « Vous souhaitiez le secret pour la Chine, c'est raté.
    GdG. — Fatalement, les journalistes des pays que nous avions informés ont demandé, dès la première fuite, à voir leur ministre des Affaires étrangères. Alors, vingt pays, naturellement, ça fait tout un hourvari. Les journaux ont immédiatement tout balancé. Puis, il y avait aussi les Chinois.
    AP. — Oui. Chou En-lai, à Bamako, a confirmé. Vos ministres ont gardé le secret. Ce n'est pas mal, pour vingt-six personnes. Par la voie diplomatique, tout s'est su aussitôt.
    (Le Général, silencieux, opine à peine : j'enfonce une porte ouverte. C'est la moindre des choses que des ministres se taisent ; et les fuites par les étrangers sont inévitables.)
    « Est-ce que je dis qu'il doit y avoir un communiqué ?
    GdG. — Ne dites rien du tout ! On vous demandera si le Général a l'intention d'en parler dans sa conférence de presse. Vous direz que ça ne vous étonnerait pas. Tant que les gouvernements n'ont pas publié ensemble qu'ils échangeaient des ambassadeurs, on ne peut pas annoncer : "Nous le faisons." Tout ce qu'on peut dire, c'est que nous avons évidemment averti des gouvernements qui nous sont chers, y compris la Russie soviétique. (Rire.)
    AP. — Comment jugez-vous la conduite des Cinq européens ?
    GdG. — À voix basse, ils nous disent : "Bravo, comme vous avez raison, nous allons vous imiter dès que nous pourrons ! " À voix haute, ils proclament : " Quelle erreur ! Ce n'était pas le moment ! C'est un coup de poignard dans le dos des Américains ! " C'est typiquement un comportement de valets, qui tremblent de peur à l'idée de contrarier leur maître, mais par en dessous manifestent leur satisfaction de voir qu'on lui joue un mauvais tour. Des valets ! Ils ne se courbent jamais assez par-devant, tout en faisant des grimaces par-derrière. Et ils se disent Européens ! Je me demande quelquefois si je ne suis pas le seul Européen. (Plainte éternelle.)
    AP. — Mon homologue à Bonn a dit qu'il s'était agi d'une information, et non pas d'une consultation, contrairement au traité.
    GdG. — C'est lamentable. S'il le dit, votre copain von Hase, c'est évidemment parce que le Chancelier Erhard l'en a prié. Il se croit obligé de faire la cour à Washington.
    AP. — Vous avez parlé de la Chine avec Lester Pearson 1 ?
    GdG. — Oui. Il a souhaité que l'Europe, en particulier la France, réapparaisse en Asie. Ça, c'était la politesse. Il a ajouté aussitôt qu'il "fallait prendre des précautions à Washington ". Lui aussi, c'est un larbin. Il m'a quand même dit une chose qui n'est pas sotte. C'est qu'il serait grave que nous reconnaissions la souveraineté de la Chine continentale sur Formose. Je l'ai rassuré en lui précisant bien que nous ne souhaitons pas que les communistes s'installent à Formose et que nous n'accepterions pas que Pékin exige que nous rompions avec Chiang Kaï-shek.
    AP. — Chou En-lai a annoncé qu'il irait en Suisse à la fin de

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