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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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février 1964, Couve : « La révolution de palais qui s'est produite à Saigon 1 a fait mauvais effet partout, notamment aux États-Unis, où elle a provoqué un grand désarroi. »
    Après le Conseil.
    AP : « Qu' avez-vous pensé de la réponse de Johnson à votre conférence de presse, à savoir qu'il accepterait peut-être d'envisager la neutralisation du Vietnam Nord et du Vietnam Sud à la fois, mais jamais celle du seul Vietnam Sud ?

    « Johnson a feint de croire que je lui demandais l'impossible »
    GdG. — Je n'ai jamais parlé de ça ! J'ai parlé de neutraliser le Sud-Est asiatique tout entier, c'est-à-dire aussi bien le Nord que le Sud-Vietnam, le Laos, le Cambodge. Johnson a voulu montrer qu'il ne suivait pas mes conseils. Il a feint de croire que je lui demandais l'impossible. C'est un roublard. En réalité, il ne sait à quel saint se vouer. Il ne cherche qu'à sauver la face. Il veut encore essayer tant bien que mal de constituer un régime proche des États-Unis, mais capable de se défendre par lui-même. C'est une hypothèse très optimiste. À mon avis, la partie est déjà perdue.
    « La seule chose qu'on puisse faire, c'est prêcher la neutralité et puis compter sur le temps pour que le régime communiste du Nord se sépare de Pékin et finisse par s'atténuer. C'est d'ailleurs ce que Chou En-lai a dit avec beaucoup de bon sens : la division du Vietnam avec une autorité de chaque côté, mais une autorité non étrangère, sans immixtion de personne.
    « Dès que les Américains sont venus, ça a commencé à foirer. Peut-être que ça aurait foiré quand même, mais au moins on ne pourrait pas les en accuser.
    AP. _ Mais les Américains ne partiront pas du Sud sans avoir une compensation au Nord.
    GdG. — Il faut que la présence armée chinoise disparaisse du Nord en même temps que la présence armée américaine du Sud. »
    Après le Conseil du 26 février 1964.
    AP : « Que pensez-vous des va-t-en-guerre, dans la presse américaine, qui veulent attaquer le Nord-Vietnam ?
    GdG. — Ou bien ils font la guerre. Ils ont les moyens d'écraser Hanoi, et même Pékin, mais avec toutes les conséquences de la guerre, et elles seront immenses. Ou bien ils ne font pas la guerre, et il faut qu'ils cherchent la paix.
    AP. — Comment arrêteraient-ils l'escalade ?
    GdG. — La seule solution, c'est de neutraliser le Sud-Est asiatique. Et pour cela, évidemment, il faut être en mesure de négocier avec la Chine. »

    Au Conseil du 22 avril 1964, Couve, qui revient de la conférence de l'OTASE 2 à Manille. « La situation au Vietnam est comparable à la nôtre en 1953-1954. Les autorités ne sont plus guère maîtresses des villes, et encore moins des campagnes. La meilleure atmosphère a régné à Manille, c'est-à-dire la plus grande brutalité. (Couve joue parfois avec son propre personnage, mais le mot est dit.)
    GdG. — La guerre du Vietnam, c'est vraiment une "sale guerre ". Dans toutes ces questions, on se préoccupe peu des intéressés. C'est une lutte de puissances. »

    « Nehru était un ajusteur des choses »
    Au Conseil du 3 juin 1964, Joxe revient des funérailles de Nehru à Delhi : « L'homme qui pendant dix-sept ans a gouverné l'Inde après l'avoir libérée était un génie politique ; un aristocrate qui a lutté contre les Anglais et s'est imposé à eux. Il y avait deux ou trois millions d'hommes et beaucoup de nervosité. Le bûcher était hallucinant.
    « La vieille Angleterre était là, avec Mountbatten, l'ami intime de Nehru. Il a parlé, cela a fait une énorme impression. De toute l'Europe occidentale, seule la France était présente.
    « Le gros problème est celui des relations avec la Chine. Les Indiens ont une terreur des initiatives américaines, militaires ou sous forme de pression. Ils souhaitent que la France joue un rôle. Mais la Grande-Bretagne et l'Amérique sont sur place et déploient conjointement une hostilité farouche à la France. J'ai été témoin du boycott qu'elles nous infligent.
    GdG. — Une seule question a été réglée, celle de la succession 3 . Toutes les autres restent à régler. Deux grands hommes sont morts 4 et l'Inde les pleurera longtemps. Nehru était un ajusteur des choses. L'Inde se reconnaissait en lui. »
    Joxe me glisse à la fin du Conseil : « Vous avez compris que mon voyage en Inde, c'était pour embêter les Anglais. »

    Après le Conseil.
    AP : « J'indique que Joxe a eu des conversations avec les dirigeants

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