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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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"Vous nous trahissez, vous êtes des cochons, vous laissez faire les Américains, vous ne faites pas ce que vous devez." Voilà ce que la Chine va dire à la Russie. Et c'est vrai.
    AP. - Seulement, ça empêche les Russes de s'accorder avec les Américains.
    GdG. — Je ne sais pas jusqu'à quel point ça les en empêchera. Enfin, pour le moment, on dirait que les Soviets cherchent un appui de revers en Europe en vue de ce qui arrivera avec les Chinois, et que cet appui de revers, ils croient l'avoir trouvé en nous. »

    « Ça durera longtemps, longtemps, longtemps »
    Salon doré, 18 mars 1965.
    GdG : « On n'aboutira pas. C'est la guerre entre l'Amérique et l'Asie, je vous dis. Alors, ça durera longtemps, longtemps, longtemps, parce que les affaires d'Asie ça dure toujours très longtemps. C'est des grosses masses, ce n'est pas du tout comme une guerre franco-allemande, c'est le contraire de la guerre-éclair. Mais cette guerre s'engage et va continuer des années et des années. En réalité, c'est la guerre entre l'Asie et l'Amérique pour la domination du Pacifique.
    AP. — Les Russes vont peut-être aider le Nord-Vietnam pour éviter de le laisser seul avec les Chinois?
    GdG. — Oui. Ils aideront le Nord-Vietnam, naturellement ; c'est leur politique. Ils donneront des armes au Nord-Vietnam pour abattre des avions américains. Ça ne changera pas grand-chose.
    AP. — Sans se mouiller beaucoup eux-mêmes.
    GdG. — Oui. Ils ne déclareront pas la guerre à l'Amérique. Personne ne déclarera la guerre à personne. »
    Salon doré, 24 mars 1965.
    GdG : « Les Américains sont en train de se casser les reins. Ils se mettent tout le monde à dos, pour commencer. Et puis, ils n'aboutirontpas. Ce n'est pas difficile de jeter des bombes. Alors, il y a Ball qui dit : "Ceux qui donnent des conseils ne pourraient pas prendre des responsabilités." Mais si. Nous avons tout ce qu'il faut pour jeter des bombes sur le Vietnam Nord. C'est pas difficile. C'est pas méritoire.
    AP. — Il n'a pas été aimable, George Ball.
    GdG. — Non. Il faut dire que nous ne les ménageons pas beaucoup. Les malheureux, ils se casseront les reins, comme les autres. Ils caleront. Comme en 45. Ils étaient la plus grande puissance militaire de tous les temps, et ils ont calé devant Staline! Ils lui ont bradé la moitié de l'Europe, sans même demander que les populations votent ! »

    Salon doré, 31 mars 1965.
    AP : « Sur l'escalade en Indochine, nous restons muets?
    GdG. — Nous avons mis les points sur les i. Alors, aujourd'hui, nous passons un tour. »

    Salon doré, 7 avril 1965.
    AP : « Vous serez amené à prendre de nouveau position?
    GdG. — À un moment, on dira : " Ça suffit comme ça ! " Nous avons déjà dit ce qu'il fallait au moment voulu. Les Américains sont quand même partis en guerre. Et il y aura un moment où tout le monde finira par en avoir assez. Alors, on le dira. Ça ne veut pas dire qu'on les arrêtera pour si peu, parce que c'est un engrenage.
    AP. — Johnson déclare qu'il exclut à la fois un conflit généralisé et le retrait pur et simple.
    GdG. — Il dira ce qu'il voudra, mais il est en guerre, il fait la guerre. Il ne dépend pas de lui seul que ça se généralise ou pas. D'ailleurs, la preuve en est que, maintenant, il se bat directement sur le territoire du Vietnam Nord. Alors, après-demain, pourquoi pas sur le territoire de la Chine?
    AP. — Ce jour-là, les Russes seront amenés à réagir ?
    GdG. — Ils finiront par être obligés de faire quelque chose. »
    Il envisage cette hypothèse, qu'il rejetait le 18 mars. Mais « faire quelque chose », ce n'est pas forcément « changer grand-chose ».

    « Ce sera une tache indélébile au front de l'Amérique »
    Au Conseil du 14 avril 1965, Couve : « Un fait nouveau : l'existence du FNL 2 . Les Américains ne veulent pas négocier avec lui. Pour les Chinois, c'est le FNL le vrai interlocuteur.
    GdG. — Si les Américains ne décident pas souverainement de se retirer, la guerre durera dix ans, et elle ne se terminera pas à l'honneur des Etats-Unis face au monde, alors que la guerre d'Algérie s'est terminée, face au monde, à l'honneur de la France. Elle se terminera dans la honte. L'armée américaine aura été battue. Ce sera une tache indélébile au front de l'Amérique. Elle en sera déstabilisée et le monde entier avec elle. »
    En août 1964, il me disait que la guerre durerait cinq ans, et j'avais peine à le croire 3 .

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