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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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faire semblant d'établir un front commun des ouvriers. Il ne faut rien attendre de ces marionnettes.
    AP. —Auriez-vous rangé Herriot parmi elles ? »
    Je croyais provoquer quelque mot féroce :
    « La tentative d'Herriot, me répond-il, pour faire passer le flambeau de la prétendue "légitimité ", quelques jours avant la Libération, de Pétain à lui, avec l'aide des Américains et de Laval, c'était dérisoire. Mais il ne faut pas en tenir compte. Herriot n'a pas été indigne.
    AP. — Vous n'aviez pas été tendre avec lui à l'Assemblée, en janvier 46, pour l'affaire des décorations 3 .
    GdG. — Mais il s'est racheté en prenant position contre l'armée européenne, en 53-54. Il a montré que la France l'emportait quand même en lui sur la politicaillerie... »
    Il rit : « Il a eu la bonne idée de mourir avant que je revienne aux affaires, ça m'a évité d'avoir à décider sur ses funérailles nationales.
    AP. — Vous les lui auriez refusées ?
    GdG. — Je les lui aurais sans doute accordées, parce qu'il a finalement choisi la France. »

    « Il y a une internationale des politiciens »
    Mais à l'inverse de Herriot, qui avait eu l'audace, exceptionnelle pour un vieil « européen », de dire non à la CED, les politiciens lui paraissaient enclins à suivre les impulsions de l'étranger.
    Après le Conseil du 3 mars 1964, le Général me dit : « Il y a une internationale des politiciens. Notamment des politiciens socialistes. On se trouve devant une opération socialiste de grande envergure. En France, c'est encore dérisoire. Mais, en Allemagne, il y a Brandt, il y a le SPD. En Angleterre, il y a les travaillistes. En Italie, il y a Saragat et Nenni 4 . Tous ces types-là sont pour l'Amérique et contre la France. Alors, tout ce qu'il y a de lâcheurs, de trouillards et d'abandonneurs se dresse contre nous.
    « Les socialistes ont horreur de ce qui est consistant, solide, efficace. Je n'ai jamais vu un homme d'Etat qui soit socialiste. Alors, les socialistes français ont des relations avec les socialistes de tous les pays. Ils les montent contre nous. »
    La gauche est sa principale cible ; mais s'il accable un peu moins la droite, c'est qu' « elle n'en vaut pas la peine ».

    « La gauche, c'est bavard, mais ça a des couleurs »
    Salon doré, 22 juillet 1964 :
    GdG : « Il n'y a rien de plus déplorable que la gauche quand il s'agit de la France, en tout cas de la France au-dehors. D'ailleurs, vous n'avez qu'à relire l' Histoire. La gauche n'a pas raté un désastre. Avant 1870, elle a empêché le maréchal Niel de faire une armée qui aurait été à la hauteur de l'armée prussienne 5 . Je me rappelle la gauche d'avant 14 ! Et la gauche du Front popu, qui s'est terminée par la capitulation : l'abdication de la République entre les mains de Pétain, voilà la gauche !
    AP. — La droite n'a pas toujours été plus maligne.
    GdG. — La droite est tout aussi bête. La droite, c'est routinier, ça ne veut rien changer, ça ne comprend rien. Seulement, on l'entend moins. Elle est moins infiltrée dans la presse et dans l'université. Elle est moins éloquente. Elle est plus renfermée. Ça se passe dans des cercles plus restreints. Tandis que la gauche, c'est bavard, ça a des couleurs. Ça fait des partis, ça fait des conférences, ça fait des pétitions, ça fait des sommations, ça se prétend du talent. C'est une chose à quoi la droite ne prétend pas. On a un peu honte d'être à droite, tandis qu'on se pavane d'être à gauche.
    « De toute façon, les politiciens et les partis n'ont plus grand prestige. Ils n'entraînent plus le peuple.
    AP. — Mais ils entraînent les journalistes, les dirigeants syndicaux, les dîners en ville, bref, la classe politique...
    GdG. — Vous voulez dire la classe papoteuse, ragotante et jacassante. »
    Il a retrouvé, vraisemblablement sans la connaître, la formule anglaise « chattering class », pour désigner ces deux ou trois mille personnes qui font la pluie et le beau temps.

    « Qui a pourchassé les sociétés de pensée, les francs-maçons ? C'est moi ? »
    Préfecture de Lyon, 26 septembre 1963.
    Au cours du dîner, je questionne le Général, à côté duquel je suis placé, sur la formule qu'il a utilisée hier à Orange : « L'essentiel, ce n'est pas ce que peuvent penser le comité Gustave, le comité Théodule ou le comité Hippolyte. »
    « Qui visiez-vous, mon général, par cette formule ? » Il se prête volontiers à la

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